Chapitre 8, chirurgie (Noée)

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Noée regardait les instruments qui lévitaient faiblement sur le champ de répulsion magnétique. Elle savait comment utiliser chacun d'entre eux. Un seul coup d'œil avait suffi pour qu'elle sache lesquels elle allait utiliser pour opérer Torval. Maintenant qu'elle y réfléchissait, elle se demandait comment elle avait fait pour ne pas remarquer plutôt qu'elle avait toutes ces connaissances en médecine. Elle jeta un coup d'œil à sa sœur qui avait décidé de l'assister pour l'opération. Elle semblait tout aussi perplexe. Elles avaient toutes les deux agi par réflexe, suivant leur instinct sans réfléchir plus que nécessaire à ce qu'elles étaient en train de faire, quand elles avaient soignées Toraël, ou plus récemment, quand Noée avait analysé la gravité de la blessure de Torval.

Le vieil homme était allongé sur la table opératoire qui s'était modulée pour s'adapter à la morphologie du corps de Torval. Noée ajusta légèrement le masque qui recouvrait le bas de son visage, respira profondément et attrapa la pince. Elle se pencha sur le bras qui était légèrement surélevé et commença à retirer les lambeaux de tissus qui s'étaient pris dans la chair. Il lui fallut quelque temps pour parvenir à nettoyer la blessure et à mettre le bras à nu. Elle avait rarement vu des blessures d'une telle envergure. Noée fronça les sourcils. Elle avait perdu la mémoire, comment pouvait-elle dire qu'elle avait déjà vu d'autre blessure que celle de Torval ou Toraël ?

Elle observa un instant le moniteur qui affichait un scan du membre brûlé du vieil homme à la recherche d'une autre solution que l'amputation, mais son bras avait des brûlures qui s'enfonçaient jusqu'à l'intérieur de l'os. Quelque chose comme ça ne pouvait pas être récupéré. Il y avait de trop grands risques de nécrose.

Elle attrapa la scie laser et la positionna au-dessus du bras tandis que Noël configurait l'appareil. Il ne fallut pas longtemps pour définir les paramètre et Noée activa la scie. Le laser trancha alors la chaire proprement, amputant le membre brûlé juste au-dessous du coude. La main fut automatiquement récupérée dans un bac automatisé de la table et les deux sœurs enchaînèrent directement la mise en place de la prothèse. Elles installèrent les ramifications nerveuses avec expertise puis implantèrent les ancres bioniques dans la chaire et les os avant de finalement achever en scellant la chaire avec un socle récepteur. Une fois ce dernier installé, Noée vérifia le résulta de leur travail en observant à l'aide du moniteur chaque millimètre cube sur lesquels elles avaient travaillé à la recherche de la moindre petite erreur. Mais elle ne trouva rien. L'amputation s'était parfaitement déroulée grâce au matériel médical qu'elles avaient à disposition.

Les deux sœurs s'échangèrent un regard et Noée sourit. L'opération était un succès. Noël commença à nettoyer tranquillement les instruments tandis que sa sœur entamait la procédure de réveil de Torval. Le vieil homme se réveilla tranquillement et Noée l'accueillit avec un sourire.

− Bon retour parmi nous. Comment te sens-tu ?

Torval fit aller les doigts engourdis par l'anesthésie de sa main droite et regarda le moignon bordé de métal de son autre bras.

− Pas trop mal pour un manchot.

− Comment évalues-tu tes douleurs, sur une échelle de 0 à 10 ?

− Je dirais quatre. Les anti-douleurs sont plutôt efficaces.

− Bien. On va t'installer dans une chambre pour te reposer. Tu m'aides, Noël ?

Sa sœur installa un lit mobile à côté de la table d'opération, et d'une légère poussée, Torval glissa de l'une à l'autre. Noée poussa alors le lit vers le couloir où presque tout le monde avait décidé d'attendre de longues heures en attendant que l'opération soit terminée. Aussi, le vieil homme eut droit a plein d'encouragement quand il passa dans le couloir pour rejoindre l'un des lits. Noée demanda de l'aide à Joan pour le transférer sur le grand matelas.

− Bon, repose-toi ici, et si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à me le dire, je viendrais immédiatement. Toraël, je peux te demander de rester dans le coin au cas où il aurait besoin de quoi que ce soit ?

− Pas de soucis. De toute façon, on a presque fini de ranger ce qu'il y avait ici, mais il reste encore toutes les chambres de l'étage à ranger.

− C'est vraiment très aimable d'avoir continué le rangement ici pendant qu'on s'occupait de Torval, remercia Noël.

− Bah, on avait rien de mieux à faire, et puis on n'est pas du genre à rester sans rien faire, nous deux, répondit Toraël en désignant du pouce Sif.

Noël le gratifia d'un sourire et demanda :

− Bon, je suis désolé de casser l'ambiance ainsi, mais puisque tout le monde est rassuré quant au sort de notre ami, je vous propose de nous concentrer à nouveau sur la recherche de la raison de notre présence ici. Où sont Typhaine et Annabelle ?

− Elles sont parties essayer de récupérer de nouvelles informations dans les archives de Melfas.

− Parfais. Karène, Alvas, Joan, est ce que vous avez découvert quoi que ce soit sur les recherches que vous meniez ici ?

− Pas la moindre, mais je dois admettre que c'est fascinant, indiqua Alvas tandis que les deux autres se contentèrent de secouer la tête.

− Bon, vous pensez pouvoir en tirer quelque-chose ?

− Avec du temps, oui, confirma Karène.

− Assurément, répondit également Alvas. La particularité de ce que j'étudiais ici est incroyable.

− Je pense pouvoir en tirer quelque-chose, mais je doute que ça nous soit très utile pour savoir ce que l'on faisait ici, compléta Joan. Je suis arrivé à la conclusion que je faisais des recherches sur une optimisation de la production d'énergie par réduction des pertes.

− Dans ce cas, vous pouvez continuer vos recherche. Ce que vous pouvez découvrir pourrez peut-être nous sauver la vie. Quant à vous, Joan, si vous ne souhaiter pas continuer vos recherches pour le moment, j'aimerais bien que vous nous accompagnez pour voir ce que contient la zone en quarantaine.

− Ça me va. Je continuerai mes recherches plus tard.

− De même, Sif, si tu veux bien nous accompagner ?

− Avec plaisir, même si je doute que ce soit mon élément.

− Bien, dans ce cas, rendons-nous aux labos.

Noée reprit le lit d'hôpital et prit le chemin des laboratoires, rapidement rejointe par tous ceux qui y retournèrent. Karène et Alvas se séparèrent pour retourner à leurs recherches tandis que Joan, Sif et les deux sœurs rentrèrent dans la salle où était installé le bloc chirurgical. Noée alla ranger le lit à côté de la table opératoire et rejoignit rapidement les trois autres qui se tenaient juste devant une double porte dont seule l'une des deux s'était ouverte. Et ils scrutaient l'obscurité avec méfiance.

− Qu'est-ce qu'il se passe ?

Sif lui dit de se taire d'un signe de la main et se concentra sur les ténèbres. Il resta ainsi pendant une petite minute avant de se retourner et de dire :

− Non, c'est rien, j'avais juste crus voir quelque-chose bouger dans l'ombre. Je crois bien que restait enfermé dans un vaisseau comme ça ne me réussit pas trop.

Et le bruit d'un objet métallique heurtant le sol résonna soudainement dans la salle plongée dans les ténèbres.

Prisonniers de l'inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant