Chapitre 14, retrouvaille (Karène)

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C'était flippant. La torche n'éclairait pas à plus de trois mètres de distance et ils n'arrêtaient pas d'entendre des bruits furtif autour d'eux. Et pour ne rien arranger, Annabelle avait disparu. Quand ils avaient entendu le grand fracas métallique, ils s'étaient précipités en pensant pouvoir prendre le monstre de vitesse, mais tout ce qu'ils avaient trouvé, c'était des barres métalliques qui étaient tombées au sol. Et pas la moindre trace des monstres. C'était à ce moment là qu'ils s'étaient rendus compte que quelqu'un manquait.

Par la suite, ils avaient voulu essayer de retrouver Annabelle, mais ils avaient à peine le temps de faire une dizaine de mètres que quelque-chose les distrayait. Un mouvement furtif du coin de l'œil, un léger bruit de frottement ou même, en de rare occasion, un tintement métallique qui résonnait dans les ténèbres. C'était comme si la créature jouait avec eux. Et là, ils se tenaient dans un carrefour depuis quelques minutes, n'osant pas bouger, attendant le moindre signe de la présence du monstre. Mais étrangement, il n'y en avait plus.

Karène tremblait légèrement tandis que la flamme s'affaiblissait petit à petit. Elle redoutait le moment où il n'y aurait plus de combustible et qu'ils seraient plongés dans le noir. Soudain, les deux hommes à ses côtés braquèrent en même temps leur fusil sur l'une des allées. Il y avait des bruits de pas. Étrange, depuis quand les monstres avaient-ils des jambes ?

Karène plissa les yeux pour sonder les ténèbres tandis qu'Alvas visait avec son arme. Et soudain, elle la discerna. Une petite silhouette menue qui courrait vers eux. Karène posa aussitôt la main sur le canon du fusil que tenait Alvas pour l'empêcher de tirer. Les bruits de pas s'approchèrent et la silhouette grandit peu à peu, et enfin, elle entra dans le cercle de lumière. Oui, c'était bien Annabelle ! Karène se précipita à sa rencontre pour la serrer dans ses bras, trop heureuse de la savoir saine et sauve.

− Oh, Annabelle ! Je suis tellement contente que tu sois là !

− Euh, oui, moi aussi... Tu peux me lâcher ? Tu me serres un peu fort, là.

− Oh, pardon.

Karène libéra la jeune femme de son étreinte et l'observa. Elle était complètement rouge et lancer des regards furtifs vers les ténèbres. Elle devait être totalement paniquée, elle aussi. C'était une excellente chose qu'elle les ait retrouvés avant qu'il ne soit trop tard.

− Tu aurais pu nous dire que c'était toi, souffla Alvas. Si Karène avait pas été là, je t'aurais tirée dessus !

− Et sinon, t'as trouvé des traces des monstres ? Demanda Joan, qui continuait de sonder les alentours.

− Euh, oui, alors, à propos de ça...

− Quoi ? Cracha Joan sous l'influence de trop de stress. T'es tombée sur leurs cadavres ? Ils sont morts tout seul ?

− Euh, non, pas du tout, mais... Bon, je sais que ce que je vais vous dire va vous paraître dingue, mais j'ai vraiment besoin que vous me croyez.

Karène plissa les yeux. Pas à cause de ce que venait de dire Annabelle, mais parce qu'elle avait vu quelque-chose dans l'obscurité. Comme une énorme patte qui s'était posée. Elle hésita une petite seconde, considéra le peu de combustible qu'il leur restait et se décida. Elle lança la torche dans les ténèbres, droit vers ce qu'elle avait vu. La torche s'écrasa au sol et les flammes faiblissantes éclairèrent une abomination. Une sorte d'araignée géante qui avait dû suivre Annabelle jusque-là. Instantanément, Alvas releva son fusil pour tirer, mais la jeune femme se jeta devant lui :

− Non !

Plusieurs coups partirent, perçant l'obscurité d'éclair blanc qui partirent s'écraser sur les machine ou se perdre dans les ténèbres, mais aucun ne toucha leur cible. Joan jura tandis que Karène regarda Annabelle sans comprendre.

− Mais qu'est-ce que tu as fait, c'était une occasion unique d'éliminer un de ses monstres !

− Mais ce ne sont pas des monstres ! Répliqua la jeune femme avec des larmes coulant le long de ses joues.

− Quoi ?

Annabelle se tourna vers Alvas et expliqua :

− Ils ne nous ont jamais fait de mal ! Ils essayaient juste de comprendre ce qu'il se passait, comme nous !

− Ah oui, et comment t'explique...

Joan fut interrompu au milieu de sa phrase par un hurlement de terreur venant au loin. Torval, sans l'ombre d'un doute.

− Merde ! Cracha Joan. Ils ne nous veulent pas de mal, hein ?

− C'est compliqué !

− Ouais, ben on verra plus tard. Karène, récupère ta torche, en se dépêchant, on peut peut-être rejoindre Torval et dégommer ce truc.

− Ce truc c'est Noée ! Lâcha soudainement Annabelle.

Un silence plana un moment, ponctuant sa déclaration, tandis que Joan, Alvas et Karène se tournaient vers la jeune femme.

− Oui, ces monstres, comme vous dites, c'est Noée et Noël ! Mais y a aussi Sif et Toraël ! Et puis Typhaine...

Elle avait ajouté ces derniers mots plus faiblement, en rougissant légèrement. Karène s'approcha doucement d'elle. Elle ne semblait pas mentir. Elle semblait plutôt... embarassée.

− Mais il y avait bien un monstre qui était là, au début ! Celui qui a attaqué Noël ? Remarqua Alvas qui était perdu.

− Oui, mais... Ah, c'est compliqué. Vous voulez bien me faire confiance, s'il vous plaît ?

Intriguée, Karène acquiesça en ramassant sa torche. Joan et Alvas s'échangèrent un regard puis ce dernier demanda :

− Bon, très bien. Tu nous expliques ?

− Euh, ce serait plus simple de vous montrer. Ne tirez pas, ok ?

Les deux hommes eurent un moment d'hésitation, mais ils finirent par décider de faire confiance à la jeune femme et baissèrent leurs armes. Annabelle soupira de soulagement et appela :

− Typhaine ?

Il y eut un court moment sans que rien ne se passe, puis à la terreur de tout le monde une patte velue entra dans le cercle de lumière, bientôt suivit par le reste du corps d'une gigantesque araignée. Karène étouffa un cri de terreur, Alvas resta un instant tétanisé tandis que Joan réagit au quart de tour. En relevant son arme. Mais il n'eut pas le temps de viser, car surgissant des ombres, une main jaillit et dévia le canon.

Les tirs s'écrasèrent contre des tuyaux qui se mirent à rougeoyer légèrement. Annabelle eut un mouvement de recul en se retournant pour voir ce qu'il s'était passé et Karène s'arracha à l'horreur qu'il y avait devant ses yeux et qui restait parfaitement immobile pour regarder ce qu'il s'était passé. Et elle vit l'une des deux sœurs Valérane, penchée en avant, la main sur le canon de l'arme de Joan, en train de respirer profondément. Et le bas de son corps se terminait en une queue lisse couverte d'écaille rouge.

− Euh, tout va bien ? Fit une voix qui venait d'au-dessus d'eux.

Karène leva alors les yeux, comme les autres pour découvrir une sorte d'oiseau géant perché sur des tuyaux. Non, pas un oiseau. Enfin, pas totalement. C'était complètement dingue. De la même manière que Noël, ou Noée, Karène ne savait pas trop, c'était Sif, mais avec des serres à la place des pieds et des ailes à la place des bras. Karène cligna plusieurs fois des yeux, puis elle se retourna à nouveau vers l'araignée et pris le temps de mieux la regarder. Et elle vit que là où il aurait du y avoir la tête de l'araignée, il y avait le buste de Typhaine. Karène cligna plusieurs fois des yeux et eut une dernière pensée en se disant que son laboratoire lui manquait. Et elle s'évanouit.

Prisonniers de l'inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant