Chapitre 11, vide (Valérane)

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La jeune femme ouvrit brusquement les yeux. Elle revoyait, encore et encore sa sœur disparaître sous ses yeux. Happée par l'étrange créature tentaculaire. Ce monstre qui était tapi dans l'ombre qui avait bondi au moment où ils ne s'y attendaient pas. Cette horreur qui manifestait chez elle une drôle de sensation. Non pas une sensation de danger, mais davantage une sensation de... sécurité. Elle était partagée entre l'image du sang éclaboussant le sol et cette sensation qui lui semblait familière. Elle ne savait pas trop quoi penser.

Elle se releva et se plia en deux sous la douleur qui lui transperça le ventre. Elle souleva sa combinaison pour découvrir l'hématome qui bleuissait son ventre. Sif ne l'avait pas ménagée en l'attrapant. Et pourtant, malgré sa vitesse de réaction, sa sœur... La jeune femme se plia en deux et vomit. Non. Sa sœur ne pouvait pas être morte. Pas comme ça. Elle porta la main à sa tempe, là où elle avait mal. Quelque-chose avait dû la cogner méchamment pour qu'elle ait encore mal comme ça.

Elle fit passer les jambes par-dessus le bord du lit, évitant soigneusement la flaque de vomi, et se leva lentement. Des étoiles s'agitèrent à la périphérie de son champ de vision. Elle n'était pas en très bon état. Son regard se porta sur l'assiette qui était posée sur sa table de chevet et son ventre gargouilla. Elle avait besoin de nutriments. Elle avala de grand bouché de sa nourriture, prenant à peine le temps de mâcher. Puis son regard se posa sur la viande qui trempait dans de la sauce. Elle revit le sang éclabousser le sol et son estomac se retourna. Elle régurgita tout ce qu'elle venait d'avaler. Elle reposa l'assiette et se détourna, bouleversée. Elle fit quelques pas et prit une décision. Elle allait retrouver sa sœur.

Elle fit quelques pas hors de sa chambre et regarda les alentours comme si c'était la première fois qu'elle découvrait l'endroit. Elle hésita quelques instants puis se dirigea vers la cuisine. Sa gorge était effroyablement sèche et elle avait besoin de boire. C'était amusant comment les premières nécessités de la vie se rappelait à vous, parfois. Elle but goulûment et déposa le verre sur la table avant de se diriger vers les laboratoires d'un pas incertain. Ses jambes tremblaient sous son propre poids.

Elle traversa péniblement le pont et la chambre de stase avant de s'arrêter à la sortie de cette dernière. La porte du laboratoire de droite était entrouverte. Il y avait quelqu'un à l'intérieur. La jeune femme porta mécaniquement la main à sa tempe en tremblant. Ils n'allaient pas la laisser faire si facilement. Elle fit un petit claquement de langue et décida de se diriger vers l'autre laboratoire. Elle n'allait pas les laisser faire ce qu'ils voulaient. Elle devait retrouver sa sœur, et ce n'était pas eux qui allaient l'en empêcher.

Elle se faufila discrètement pas la porte et observa un instant la pièce. Elle localisa rapidement la paillasse que Karène utilisait à cause des nombreux produits dessus. Elle était loin d'avoir les connaissances de la chimiste, mais elle connaissait tout de même de trois trucs. Elle commença à mélanger quelques produits entre eux tout en se couvrant le nez. Elle observa le résultat et apprécia les volutes qui s'élevaient du bécher. Si elle ne s'était pas trompée, ils ne lui poseraient pas de problèmes. Et si elle s'était trompée... Et bien, ils ne lui poseraient pas non plus de problème.

Elle ressortit dans le couloir et regarda par l'ouverture de la porte. Et elle manqua de sursauter. Juste sur la droite, endormi contre la porte se trouvait Alvas. Elle fouilla du regard le reste de la salle, mais elle ne trouva personne. Juste des fils qui étaient tendus çà et là. Elle les suivit pour trouver ce qu'il y avait au bout. Des pièges ! Alors comme ça, ils ne voulaient pas qu'elle retrouve sa sœur ? Elle regarda sa solution et espéra presque s'être trompée dans les dosages. Puis elle déposa le bécher dans l'ouverture et attendit patiemment une dizaine de minutes que le contenu s'évapore. Puis elle prit une grande respiration, dégagea le tissus de son nez et arma son bras, prêt à frapper si la solution n'avait pas fait effet.

Elle poussa la porte soudainement, et bondit sur Alvas. Mais celui-ci se contenta de rouler sur le côté lorsque la porte coulissa. La jeune femme eut un soupir de soulagement. Elle n'avait pas vraiment confiance en ses capacités physiques. Un coup d'œil lui suffit pour voir qu'Alvas n'était qu'endormi. Bon, elle savait toujours faire des dosages corrects. Dommage. Elle referma la porte, replaça le corps endormi d'Alvas et entreprit de se diriger vers la seconde porte en évitant les pièges.

Arrivée devant la porte, elle constata qu'elle devait désamorcer l'un des pièges. Elle saisit le fil avec précaution et tacha de le détacher du système d'ouverture de la porte. Un seul mouvement brusque et elle risquait de finir brûler mortellement. Le souvenir des éclaboussures de sang lui revinrent en mémoire et elle réprima tant bien que mal un haut le cœur. Ce n'était vraiment pas le moment pour ça. Elle finit de détacher le fil, et pour la seconde fois, elle poussa un soupir de soulagement. Elle activa alors la commande de la porte et attendit. Mais rien ne se passa. Elle paniqua alors à l'idée qu'ils aient aussi piégé le mécanisme de la porte avant de remarquer la lumière au-dessus d'elle. La porte n'était pas alimentée. Ils avaient vraiment décidé de lui rendre la vie difficile.

Elle attrapa la porte à deux mains et poussa de toutes ses forces. Et la porte s'ouvrit un peu. Pas assez, cependant. Elle dut s'y reprendre à trois fois pour ouvrir un espace assez grand pour qu'elle puisse passer. Une fois derrière, elle hésita un instant, puis elle se retourna. Autant ne pas leur faciliter la tache s'ils essayaient de venir la chercher. Et puis de toute façon elle n'avait pas prévu de repartir d'ici. Elle referma avec difficulté la porte avant d'enfin se retourner vers les escaliers, couverte de sueur.

Seul le léger sifflement des machines se faisait entendre. La jeune femme fit quelque pas dans l'escalier et revit la scène se jouer devant ses yeux. Cette fois, elle n'eut pas de haut le cœur. La réalité était bien trop présente pour. Elle secoua la tête pour chasser ces images de ses pensées. Ce n'était pas réel. Elle descendit les marches et alla directement à l'endroit où il y avait les éclaboussures de sang. Non, pas de sang. Ce n'était pas du sang. Ça y ressemblait, mais ça n'en était pas. C'était plus gluant et plus clair. Elle regarda dans l'allée que formaient les machines, là où les traces menaient. Elle s'y dirigea, sûre de trouver sa sœur. Mais arrivée au bout, elle ne trouva qu'une flaque de cet étrange liquide. Elle regarda autour d'elle perdue, et commença à avancer au milieu des étranges installations.

Elle erra un moment dans cette salle plongée dans les ténèbres, ne sachant pas où aller. Soudain, elle entendit un très léger bruit, comme un frottement. Elle se retourna d'un bloc pour apercevoir un léger mouvement juste derrière une sorte de cuve remplie d'un liquide sombre. Sans hésiter une seule seconde, elle se précipita. Elle contourna plusieurs tuyaux qui s'enfonçaient dans le sol, courut dans l'allée et tourna juste après une machine pour découvrir ce qu'elle avait aperçu. Et là, juste devant elle, une grande silhouette sombre se dressa lentement devant elle jusqu'à la surplomber.

− Noée ?

Prisonniers de l'inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant