Prisonniers de l'inconnu

Chapitre 20, épilogue

Tout s'était passé en un instant. Lors du premier choc, quand Sif avait esquivé de justesse la première attaque de la créature, tout le monde à l'intérieur avaient tourné leur regard vers le plafond. Sauf Joan qui était concentré sur le fusil que Toraël gardait en main. Il était persuadé que les hybrides leur mentaient et qu'ils voulaient en réalité les tuer. Il avait profité de cette première occasion pour se rapprocher furtivement, se préparant à bondir sur l'arme dès qu'une occasion se présenterait. Occasion qui se présenta bien assez rapidement. Lorsque Sif tira, Joan bondit sur Toraël, trop surpris pour répliquer. Il lui envoya son poing dans le visage et attrapa l'arme avant de reculer d'un bond. Des cris de surprises et de terreurs s'élevèrent alors, aucun d'entre eux ne comprenant vraiment ce qu'il venait de se passer.

Puis, sans attendre, Joan leva son arme pour tirer sur l'hybride le plus proche. Noël. Cette dernière écarquilla les yeux en voyant Joan la mettre en joue tandis que la mémoire leur revenait à tous, mais au moment où Joan appuyait sur la gâchette, Noée bondit sur lui, déviant le fusil. Le tir partit et s'écrasa contre le métal, deux centimètres à côté de la tête de Noël. Ils se regardèrent tous dans un silence pesant, accusant le choc de ce qu'il venait de se passer.

Ce fut Noée qui brisa le silence. En giflant violemment Joan qui blanchissait affreusement. Le claquement résonna dans le vaisseau et Noée hurla :

− Ne songe même plus à m'adresser la parole ! Et on n'est plus fiancés !

Noël contempla un instant l'accès de colère de sa sœur, puis elle la prit dans ses bras pour la rassurer tout en l'entraînant loin de Joan qui avait laissé tomber le fusil à terre. Sif, qui n'avait pas assisté à la scène, entra brusquement dans le vaisseau en jaillissant par la brèche, s'arrachant quelques plumes sur le passage. Toraël l'accueillit en lui faisant signe que tout aller bien tandis que les autres partirent, penauds, pour laisser Joan seul. C'était un sacré coup qu'il venait de prendre. Déjà que ses relations avec la sœur de son ancienne fiancée n'étaient pas très bonne, voilà que maintenant, il avait tout gâcher.

Joan resta sur place à se morfondre tandis que les autres retournèrent s'occuper pour faire le tri dans leurs pensées. Le retour de leurs mémoires, provoqué par la mort de la créature qui était à l'origine de tout ça, était assez éprouvant. Karène et Alvas étaient retourné dans les laboratoires, trop excité à l'idée de croiser les recherches qu'ils avaient faites avant leurs amnésies et ce qu'ils avaient pu découvrir après. Au cours du temps passé sur le vaisseau, ils s'étaient tout les deux beaucoup rapprochés. D'abord pour leurs recherches, puis, se découvrant de nombreux point commun, ils étaient devenus de plus en plus proche jusqu'à devenir meilleurs amis.

De leurs côtés, les deux sœurs jumelles discutaient tranquillement, Noée fulminant contre Joan et Noël essayant de la calmer. Ce qui était l'inverse de la situation habituelle. Noël n'avait jamais apprécié Joan et s'en méfiait, avertissant sa sœur quand elle le pouvait alors que cette dernière le défendait. Elles n'étaient pas aussi proche, alors, mais avec ce qu'il s'était passé pendant qu'elles étaient amnésiques, elles ne se voyaient plus être séparées par quelque chose d'aussi trivial que l'amour.

De leurs côtés, Torval, Toraël et Sif s'étaient installées dans la cuisine et discutaient assez sereinement. Avec les récents événements, Toraël était légèrement penaud. Il aimait bien les deux sœurs jumelles et avait même dragué un peu l'aînée, Noël. Mais là, il préférait les laisser seuls avec ce qu'il venait de se passer. En prenant un peu de recul, il comprenait que les sentiments qu'il avait éprouvés à son égard était un mélange d'admiration et d'envie. Elle avait parfaitement réussi dans sa vie et se fichait bien de ce que les gens disaient d'elle. Cette femme était une leader née.

Sif et Torval, bien conscient de son état d'esprit, le premier parce qu'ils avaient fait l'armé ensemble, le second parce que c'était ni plus ni moins que son oncle. C'était d'ailleurs lui qui l'avait recommandé pour l'expédition. Et fort heureusement, ces trois là avaient beaucoup d'humour, si bien que la tension qu'il restait dans la cuisine disparut bien rapidement. Quant à Typhaine et Annabelle, elles s'étaient retirées vers le centre de commande et Annabelle avait énormément de mal à regarder la femme araignée. Cette femme qui avait toujours était là pour elle. Cette femme qui savait parfaitement quels mots utiliser pour la faire réagir.

− Alors, comme ça, tu as peur de me tromper avec moi-même ?

Annabelle rougit de plus belles en repensant à tout ce qu'il s'était passé alors qu'ils étaient amnésiques tandis que sa main jouait nerveusement avec l'anneau dans sa poche. Cette femme qu'elle aimait de tout son cœur et avec qui elle était mariée.