Chapitre 4 : laboratoire (Karène)

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Le manque de luminosité ne rendait pas l'endroit très agréable. Karène se sentait obligée de regarder où elle marchait de peur de se prendre les pieds dans quelque-chose. Elles s'arrêtèrent au milieu du couloir, devant deux portes. Celle à leur droite était marqué d'un gros symbole rouge que Karène identifia immédiatement. La zone derrière cette porte était en quarantaine, et elle craignit un instant que Noël allait l'emmener dedans. Mais à son grand soulagement, elle déclencha l'ouverture de la porte sur la gauche. La porte s'ouvrit lentement, mais sans protestation, et les lumières s'allumèrent à l'intérieur. Elles clignotèrent un moment, ce qui ne rassurait pas beaucoup la chimiste, avant de se stabiliser. La luminosité était faible et Karène craignait que la salle ne replonge dans l'obscurité d'un moment à l'autre. Le vaisseau manquait d'énergie et elle n'aimait pas ça du tout.

Elle s'intéressa au contenu de la salle et découvrit avec plaisir plusieurs paillasses. Au moins, là, elle était dans son élément. Elle s'étonna d'avoir pensé cela, alors que même pas cinq minutes plus tôt, elle doutait encore du fait qu'elle était une chimiste comme l'avait déclaré Melfas. Comme quoi c'était impressionnant comment la réalité pouvez-vous sauter au visage. L'instant d'avant, elle doutait de savoir ne serait-ce que reconnaître l'endroit où elle travaillait, et le moment d'après, elle était sûre de savoir comment créer une thermite simplement avec ce qu'elle voyait sur les paillasses.

Sans attendre, elle passa devant Noël, attrapa un crayon qui traînait à côté d'un bloc-note encore vierge et se pencha sur les divers flacons et éprouvettes qu'il y avait sur les tables. Elle reconnaissait la plupart des solutions, mais pour savoir ce qui trempait dedans, c'était une tout autre histoire. Dans bon nombre d'éprouvettes, il y avait une matière organique qu'elle ne savait pas identifier. C'était assez étrange la façon dont elle se décomposait d'une solution à l'autre, mais aucun souvenir ne lui remontait en mémoire en les voyants.

Elle passa à une autre paillasse où plusieurs échantillons étaient étiquetés selon des codes qu'elle ne comprenait pas. Ça, c'était clairement en dehors de son domaine. Elle inspecta les autres bureaux patiemment, mais elle retourna bien assez rapidement vers la première paillasse vers laquelle elle s'était dirigée. C'était définitivement là qu'elle avait travaillé, et ce serait donc aussi là qu'elle pourrait peut-être trouver quelque-chose sur le travail qu'ils faisaient ici.

− Alors ?

Karène sursauta et le crayon qu'elle faisait tourner entre ses doigts tomba au sol. Elle était tellement absorbée par ses observations qu'elle en avait oublié la présence de Noël.

− Hein ? Euh, ben... À vrai dire, je ne sais pas trop ce qu'on faisait ici. Je n'arrive pas à identifier ce que c'est là-dedans, et visiblement... je ne dois pas porter beaucoup d'importance à l'étiquetage de mes travaux, avoua-t-elle, légèrement gênée.

− Et bien, on ne peut pas y faire grand-chose.

− J'aurais probablement plus de chance si on pouvait aller voir ce qu'il y a dans la zone en quarantaine.

− De l'autre côté, c'est en quarantaine ? Demanda Noël en désignant la porte de l'autre côté du couloir.

− Oui, pourquoi ?

− Et bien, c'est une chance que la porte ait refusé de s'ouvrir. Je songeais à demander à Torval de la déverouiller, plus tard.

− Il faudrait d'abord voir si c'est réellement dangereux de l'autre côté.

− Tu veux dire que ce n'est pas forcément dangereux ? S'étonna Noël.

− Non, ça peut être une procédure automatisée qui s'est déclenchée en réaction à autre chose, comme le crash, par exemple.

− Oh, je vois.

− Il faudra d'abord faire quelques tests, juste au cas où.

Noël acquiesça en silence, pensive, puis elle se redressa et dit :

− Bon, avec du temps, tu penses pouvoir identifier ce que sont ces matières organiques ?

− Euh, je l'ai probablement déjà fait, donc ça ne doit pas être impossible.

− Parfait. J'aimerais que tu travailles là-dessus pour le moment.

− Euh, toute seule ? S'inquiéta Karène qui n'aimait pas l'idée de se retrouver seule dans ces labos.

− Non, tu n'étais pas la seule à travailler ici. Je vais demander aux autre, le groupe de ma sœur, de passer par ici pour voir si ça réveille quelque-chose en eux.

− Ah, fit la chimiste, soulagée.

− Bon, je reviens vite avec eux.

Karène acquiesça et Noël quitta la salle, la laissant seule. L'anxiété revint extrêmement rapidement, et il lui sembla se passer une éternité avant de la voir revenir en compagnie de Sif et Alvas, à son grand soulagement. Les deux hommes entrèrent dans le laboratoire et Sif fut le premier à déambuler à l'intérieur. Il jetait des coups d'œil rapide à ce qu'il y avait sur les paillasse, mais il était clair qu'il ne comprenait absolument pas ce dont il s'agissait. Quant à Alvas il plissa les yeux en remarquant ce qu'il y avait sur certaine paillasse. Il s'en approcha, curieux, et après s'être penché quelques secondes sur ce qui était dessus, il se redressa et déclara :

− Bon, et bien je pense pouvoir dire avec certitude que je suis un microbiologiste.

Noël esquissa un sourire et dit :

− Parfait. Du coup, si vous le voulez bien, j'aimerais que vous travaillez ensemble ici pour déterminer ce que vous faisiez ici.

− Pas de problème, ce sera avec plaisir.

Noël eut un autre sourire et annonça :

− Parfait. Je vous laisse à vos tache. Pour ma part, je vais rejoindre Noée et Toraël pour réaménager les quartiers. Je vous souhaite bonne chance. Sif, tu veux bien m'accompagner ?

− Assurément.

Ils quittèrent tout les deux les labos pour rejoindre les quartiers, laissant seuls Karène et Alvas. Ces derniers se regardèrent et dirent :

− Bon, et bien on a un sacré boulot à faire devant nous.

Prisonniers de l'inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant