21. Aveux

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Alec

J'inspirai profondément et essayai de calmer la colère en moi, cette sensation qui me tordait les tripes. Cette discussion avec Steve me remuait trop. Le fait d'entendre qu'il y avait quelque chose de spécial entre eux, que Steve l'aimait, me révulsait. Je l'aimais. J'aimais Killian comme je n'avais jamais aimé personne, il était comme une extension de moi et savoir que quelqu'un d'autre - Steve - pourrait prendre ma place dans sa vie me fit voir rouge et me dévastait en même temps.

Si je partais, non - lorsque je serais parti, Steve deviendrait-il mon substitut ? L'était-il déjà en quelque sorte ? Prendrait-il la place du meilleur ami mais qui en plus avait un passe-droit pour son corps ? Encore une fois, le fait que je sois jaloux me fit peur. Voulais-je être plus que l'ami de Killian ?

Je n'entendais pas la conversation autour de moi, seul le bruit de la musique, le boum-boum assourdissant résonnait dans mes oreilles et me coupait des autres. Je fixai mon verre sans vraiment le voir et ma vision devint floue. Mon rythme cardiaque s'emballa et la sueur perlait sur mon front. Je faisais une crise de panique.

Une main se posa sur mon bras, avec violence ou peut-être avec douceur, je n'en savais rien, je ne pus faire la différence avec cette angoisse en moi et je réagis par instinct. Tout se passa très vite. Je me levai et attrapai cette main pour faire une clé de bras. Une fois l'homme immobilisé, l'angoisse se stabilisa. 

J'entendis crier mon nom puis quelqu'un essaya de me dégager pour me faire lâcher prise, ce que je fis tout en reprenant conscience de mon environnement. L'homme se retourna et je vis les yeux bleus de Killian, écarquillés. Il tentait de reprendre son souffle et se maintenait le bras contre la poitrine. Je l'observai articuler quelque chose puis on me lâcha. Le bruit ambiant se résumait toujours à un bourdonnement. Cependant, je vis clairement Killian se rapprocher de moi avec une expression à la fois effrayée et inquiète. Ses lèvres bougèrent à nouveau, mais je n'arrivais pas à me focaliser dessus. Il se rapprocha encore de moi au point d'envahir mon espace personnel.

— Alec ?

Sa voix me parvint enfin et cela me ramena à la réalité avec efficacité. J'inspirai à fond et fermai les yeux pour me reprendre.

— Alec, tu m'entends ?

Je hochai la tête, incapable de parler. Ma respiration était toujours aussi rapide, et mes muscles étaient tendus à l'extrême, prêts à l'attaque.

— Regarde-moi...

L'air remplit mes poumons, stabilisant quelque peu mon rythme cardiaque.

— Regarde-moi, s'il te plaît, répéta-t-il.

J'ouvris alors les yeux, certain d'être à nouveau pleinement connecté avec mon environnement. Je plongeai dans l'océan des yeux de Killian.

— Nous allons sortir d'ici, d'accord ?

Sans attendre ma réponse, il me prit la main et m'entraîna à travers le club. Certaines personnes nous fixaient du regard avec insistance comme si j'étais une bête de foire. Je n'y fis pas attention, la situation était en train de me rattraper et lorsque je franchis les portes du club et que l'air frais me balaya le visage, je m'arrêtai net. Killian dut s'arrêter également et se tourna vers moi. Le vent me brûla les joues et assécha mes yeux. Je pris une grande bouffée d'air, remplissant mes poumons au maximum avant de relâcher mon souffle en comptant jusqu'à cinq. Je refis l'exercice de respiration plusieurs fois.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il, inquiet.

— Je suis désolé, je suis désolé, Killian... m'étranglai-je.

Alter EgoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant