22. Embrasse-moi

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Alec

Les mots s'échappaient d'entre mes lèvres sans plus aucune retenue. Je déversais tout ce que j'éprouvais, tout ce que je pensais, tous mes doutes.

— J'essaie d'imaginer vivre ce désir que j'ai pour toi mais... je n'y arrive pas. Je ne crois pas pouvoir être avec un homme de cette manière.

Le dire à voix haute me tiraillait la gorge. C'était comme si les mots étaient des lames de rasoirs. Les extraire de ma bouche me faisait souffrir. Rencontrer son âme sœur et se rendre compte qu'on ne peut pas être avec parce qu'il vous manque quelque chose était une douleur épouvantable. J'avais peur de découvrir que je n'en étais pas capable.

Killian avait avoué être attiré par moi. Killian était amoureux de moi. Je n'imaginais pas lui faire croire que je pouvais considérer notre relation sous un autre angle alors que j'avais autant de doutes. Ce serait si cruel.

— Je ne... comprends pas, articula Killian.

Je relevai les yeux vers lui et mon cœur s'emballa à toute vitesse. Je me sentais mal à l'aise alors je me levai à mon tour pour lui faire face à sa hauteur, comme si être dans la même position pouvait m'aider avec la situation. 

— Je n'aime pas les hommes, Killian, crus-je bon de lui rappeler.

— Non mais tu m'aimes moi et tu es attiré par moi. N'est-ce pas ?

Mes paupières se fermèrent avec force. Je sentais son odeur, son souffle sur ma peau, il était si proche. Et j'aimais tant ça...

— Je ne crois pas que ce soit si simple, murmurai-je.

— Embrasse-moi.

Killian resta imperturbable en disant cela, il avait repris une contenance, le dos droit, la détermination au fond des yeux. J'étais choqué de sa demande.

— Je... quoi ?

Tout mon corps prouvait à quel point j'avais peur, ce n'était pas une émotion que je ressentais souvent, j'avais l'habitude de la dompter, je ne la laissais jamais me contrôler. Certains disent que c'est du courage de pouvoir faire front en oubliant sa peur et peut-être ont-ils raison, mais à ce moment-là je ne me sentais absolument pas courageux. Et cette peur m'habitait depuis plusieurs jours. C'était infernal, je voulais qu'elle disparaisse, qu'elle quitte mon corps. Je n'arrivais pas à faire abstraction de cette peur qui me faisait trembler tout entier.

— Essaie. S'il te plaît, m'implora-t-il.

La voix de Killian était suppliante. Il me regardait dans les yeux, m'affrontait et me confirmait qu'à la différence de moi, il se montrait courageux.

— Arrête de réfléchir. Tu ne fais que ça ; réfléchir et calculer, essaye simplement de ressentir. Sois spontané, fais ce dont tu as vraiment envie, m'incita-t-il en posant sa main sur mon bras.

Mon cœur était en arythmie, ma gorge me faisait mal à force de garder cette boule d'angoisse, mon ventre se tordait dans tous les sens et pour finir je suais comme si j'avais fait un marathon. Killian me supplia du regard, son corps était tendu vers moi et une envie soudaine de le toucher me grillait les derniers neurones que je tentais de sauvegarder. Et sans y réfléchir à deux fois, je me laissais guider par les mots de Killian.

Je tendis la main vers lui et effleurai du bout des doigts sa nuque. Je le vis frissonner et fermer les yeux. Un bien-être m'envahit en touchant sa peau, et je ne résistais pas à explorer plus. J'insérai ma main dans ses doux cheveux blonds puis descendis pour caresser sa joue. Mon regard fixait sa bouche et ses lèvres si parfaites. J'attrapai sa nuque pour le rapprocher de moi et j'écrasai violemment ma bouche sur la sienne.

Alter EgoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant