Alec
La sonnerie de mon téléphone brisa mes songes et m'obligea à ouvrir un oeil. Cette nuit, pas de cauchemars, bien que ce ne soit pas bien parti avec la soirée que j'avais passée dans un club animé la veille. Finalement, plus de peur que de mal, j'avais compris que je pouvais gérer. Et heureusement, parce que selon ma petite sœur, tous les soirs étaient bons pour faire la fête dans cette ville.
Le bruit insistant de l'appel me convainquit de répondre. En attrapant le téléphone sur la table de chevet, je vis qu'il était huit heures du matin et que c'était mon kinésithérapeute qui m'appelait. Merde, j'avais rééducation aujourd'hui.
— Oui ?
— Bonjour, Mr Kerovski, c'est le Docteur Olligan. Je vous appelle pour savoir si vous pouviez venir plus tôt aujourd'hui. J'ai un empêchement plus tard dans la journée et j'aimerais que l'on fixe notre rendez-vous vers onze heures si ça vous va, bien sûr.
Dès mon arrivée, j'avais pris contact avec ce Mr Olligan, le médecin spécialiste travaillant avec le corps militaire et s'occupant de ma rééducation ici. Un groupe de médecins, kinésithérapeutes et psychométriciens, un ensemble parfait pour convenir d'un programme de remise en forme. Ainsi, j'avais déjà eu une séance le premier jour où l'on s'était vu et j'allais devoir y aller toutes les semaines, conformément aux directives.
— Eh bien je... oui d'accord. Onze heures.
— Très bien, je vous remercie. À tout à l'heure.
Il raccrocha aussitôt. Je me rallongeai dans mon lit et soufflai bruyamment. J'allais devoir trouver quelqu'un pour m'amener et me ramener parce que je n'avais pas d'équivalence pour conduire ici. Je craignais de m'y rendre en taxi étant donné le prix exorbitant, mais Mira devait encore dormir ou être en vadrouille.
Étant donné l'heure assez avancée de la matinée, je m'activai. Je pris une douche, m'habillai en survêtement de l'armée pour la rééducation, ce qui me permettait de me mettre dans les conditions militaires et de supporter la douleur. Une fois prêt, je descendis à la cuisine pour un petit-déjeuner copieux.
Quelques minutes plus tard, je m'étais préparé une omelette et du café bien fort. Je m'adaptais assez bien à cette maison et à cette ville. Comment ne pas aimer un lieu ensoleillé, près de l'océan et où la vie semblait être des vacances en permanence ? Même si je ne correspondais pas à la population locale avec leur joie de vivre et leur sourire gravé sur le visage, j'espérais le devenir au cours de mon séjour ici. Après tout, j'étais là en partie pour cela, pour ne plus être l'homme sombre, sinistre, vide et blasé.
J'entendis du bruit à l'étage et mon coeur s'affola aussi simplement que cela. Mon petit organe devenait très sensible depuis ces quelques jours où il était en contact avec Killian. Ce n'était pas souvent, pas prolongé mais cela suffisait à me rendre dingue. Une réaction vraiment vive qui me surprenait.
J'étais très heureux de le revoir mais je n'avais pas imaginé réagir aussi intensément, mon coeur allait finir par lâcher à force. Je me demandais si c'était pareil pour Killian, je m'inquiétais de découvrir qu'il n'avait pas les mêmes attentes que moi, qu'il ne souhaitait pas renouer comme avant. La veille, au club, nous avions parlé, rigolé, pourtant, j'avais le sentiment qu'il n'était pas très ouvert ou qu'il se maintenait à distance. Et l'alcool n'aidait pas, il avait enfilé les verres comme des bonbons, ce qui ne me paraissait pas... bien. Il s'amuse, c'est tout.
Les pas se reprochèrent et je sus instinctivement qu'ils appartenaient à Killian. La puissance du bruit, l'impact au sol, la cadence... tout le trahissait. Déformation professionnelle.
VOUS LISEZ
Alter Ego
RomanceAlec et Killian. Ils grandissent côte à côte dans une complicité unique, jusqu'à ce que la vie les sépare. L'un a fui en s'engageant dans l'armée pour échapper à un avenir qu'il ne voulait pas ; et l'autre a déménagé à l'étranger pour embrasser un...