« Le pardon ne change pas le passé, mais il élargit l'avenir. » - Paul Boese
Alec
Ça y est. Je pensais avoir atteint ma limite. Rester éloigné de Killian devenait insupportable, invivable, impossible. Mon corps avait besoin de lui, tout comme mon esprit et mon cœur.
Mais même si je le désirais, à chaque fois que je m'imaginais son corps nu contre le mien, des pensées indésirables s'invitaient et déclenchaient une avalanche de colère et de chagrin.
Et peut-être était-ce la raison de ma lutte pour ne pas l'inviter dans ma chambre ? C'est une foutue excuse.
Si j'étais parfaitement honnête avec moi-même, j'en étais arrivé à un stade où j'avais besoin de lui et j'étais prêt à pardonner. Ce qui me retenait n'était plus son erreur, mais plutôt mon propre problème psychique.
Mes propres séances avec le psy spécialisé dans le SSPT faisaient des miracles. Les astuces pour éviter la panique fonctionnaient et malgré quelques cauchemars, je ne me sentais plus aussi anxieux et sur le qui-vive. La présence de Killian chez moi m'aidait la plupart du temps, exactement comme lorsque j'étais chez lui, mais il arrivait qu'il fasse du bruit en pleine nuit pour aller aux toilettes et alors je faisais un bond dans mon lit, en proie à la panique.
J'avais peur de réagir trop violemment si un jour j'étais perdu dans un cauchemar ou un flash-back et que je faisais du mal à Killian.
C'était déjà arrivé à Malibu et cela pouvait recommencer. Je ne comprenais pas le mécanisme psychique qui faisait que je pouvais passer des jours voire des semaines sans avoir de flash ou de crises de panique puis d'un coup, je basculais dans l'anxiété, les cauchemars et les flash-back. Les déclencheurs n'étaient jamais les mêmes et n'étaient pas toujours systématiques, ce qui rendait le SSPT dangereux au quotidien. Malgré le fait que mon séjour à Malibu se soit bien passé pour la majorité, cela ne signifiait pas que j'allais bien. Même avec Killian à mes côtés.
Le psychothérapeute avait été clair là-dessus. Je devais faire attention et prévenir mon entourage. Ce qui me stressait le plus était les nuits. Pendant un temps, j'avais dormi avec Killian, pourtant je n'avais pas expérimenté la situation assez longtemps pour être certain de pouvoir dormir avec lui sans lui faire du mal par accident. Encore une excuse.
Ouais, cela suffisait.
Ses pensées me nuisaient au quotidien parce que j'aurais tant aimé pouvoir retrouver Killian dans des bonnes conditions, le prendre dans mes bras, l'embrasser à en perdre haleine et peut-être même expérimenter plus avec lui dans un lit. Expérimenter ce qui me hantait depuis des jours. À ma grande honte, j'avais osé regarder quelques vidéos sur internet, histoire de me documenter sur le sexe entre hommes. Non pas que je ne sache pas déjà, mais j'avais besoin d'être sûr sur la partie « pénétration ». Ce que j'imaginais s'approchait assez de ce que j'avais vu, bien que l'éventail des pratiques que j'avais visionné me laissait perplexe et inquiet. Étant donné que le porno exagère absolument tout dans la sexualité, je n'avais pas vraiment peur sur le déroulement, en revanche j'avais des craintes.
Je savais ce que je voulais et ce qui ne m'attirait pas particulièrement. En parler avec Killian m'aurait aidé, mais la distance que j'imposais jusqu'ici m'empêchait de me confier et j'en souffrais. Plus que de raison. La distance était même plus difficile que les images qui tournaient en boucle dans ma tête de Killian et d'autres mecs.
Mon cœur s'accéléra alors que j'étais toujours immobile dans mon lit à fixer le plafond. Killian dormait toujours, l'appartement étant totalement silencieux. Je réfléchissais ainsi tous les matins lorsque j'ouvrais les yeux, attendant le jour où j'aurais envie de dépasser ma colère pour pardonner. C'est aujourd'hui.
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Alter Ego
RomantikAlec et Killian. Ils grandissent côte à côte dans une complicité unique, jusqu'à ce que la vie les sépare. L'un a fui en s'engageant dans l'armée pour échapper à un avenir qu'il ne voulait pas ; et l'autre a déménagé à l'étranger pour embrasser un...