Killian.
Il était vrai que je n'avais jamais pris le temps de me mettre à la place d'Alec. Il me connaissait par cœur mais seulement la version plus jeune de moi, pas l'homme que j'étais aujourd'hui. Et il avait raison, peut-être devrais-je lui raconter toute mon histoire pour qu'il soit à l'aise avec ça.
— Tu as dit que ton attirance était venue à l'université. Mais avant ? Tu ne savais pas ? me demanda-t-il.
— Oui et non. J'ai découvert ma sexualité en même temps que toi, avec les filles. On en parlait tout le temps et je me focalisais trop sur elles pour me rendre compte des mecs. Mais ici, j'ai rencontré des gens qui étaient ouverts et qui assumaient leur homosexualité. En vivant dans cette atmosphère, j'ai compris que lorsque je remarquais la beauté chez un mec ce n'était pas innocent, avouai-je en haussant les épaules.
La conversation s'approfondissait et je me sentis nerveux à l'idée de tout dévoiler. Je pris de grandes inspirations, chassant la boule de stress dans mon ventre, et décidais de répondre simplement avec le plus de vérité et de transparence possible. Alec me questionna sur la façon dont j'avais vécu cette découverte de moi et j'expliquais avec mes mots le chemin que j'avais parcouru pour accepter cette nouvelle facette de moi. Peut-être avais-je toujours été dans le plus profond déni mais je n'avais pas eu l'impression d'être malheureux en étant jeune, je n'avais simplement pas ouvert les yeux sur d'autres possibilités que l'hétérosexualité.
Se rendre compte à l'âge de vingt ans que vous êtes différents de celui que vous aviez toujours cru est difficile, éprouvant même. Je confiais à Alec mes doutes, mes remises en question et mes phases plus sombres de révolte contre moi-même. En évoquant mon comportement quelque peu autodestructeur, j'eus honte que cela fasse partie de moi. Je ne comprenais pas pourquoi j'adoptais ce schéma, un psy pourrait peut-être me le dire, mais je n'aimais pas beaucoup parler de moi à des inconnus.
Alec garda le silence longtemps, tellement que je finis par me tourner vers lui pour voir son expression et je le surpris à me fixer. Ses prunelles vertes étaient constellées de petites taches plus foncées. Son regard était si intense que j'en fus mal à l'aise, on aurait dit qu'il voulait lire en moi, s'immiscer dans mes pensées.
— Donc... tu ne réalisais vraiment pas ta bisexualité plus jeune ?
Il insistait comme s'il avait des doutes et la bile me monta dans la gorge. L'honnêteté avait des limites, il me paraissait inconcevable que je puisse lui avouer que j'avais eu le déclic en le matant, lui, lors de notre expérience à trois. J'optais pour une demi-vérité.
— Je n'ai réellement jamais pensé à un garçon de cette manière jusqu'à mes dix-huit ans. Un jour... un garçon a simplement allumé une étincelle en moi et je me suis alors posé des questions. Que j'ai refoulé longtemps en faisant n'importe quoi comme d'habitude... jusqu'à ce que je me sente suffisamment à l'aise pour l'accepter.
Alec me fixait toujours aussi intensément. Sa beauté ciselée me coupait le souffle. Mon attirance pour lui me brûlait de l'intérieur et je ne parvenais pas à l'étouffer.
Parler me permettait d'oblitérer ce désir donc j'entrepris de mentionner mes premières expériences avec les hommes, c'est-à-dire en expliquant que Steve avait été le premier mec qui m'avait fait réellement prendre conscience de ma bisexualité de manière très... physique.
— Il m'a dragué, je l'ai laissé faire et une chose en entraînant une autre, il m'a embrassé et j'ai trouvé ça agréable.
Je me détournai pour ne plus avoir l'expression d'Alec sous les yeux.
— Oh.
Sans réagir, le regard toujours rivé sur l'eau turquoise de ma piscine, j'attendais la suite mais elle ne vint jamais. Juste « Oh ». Je ne voulais pas créer plus de conflits alors je continuais simplement mon récit. Steve avait rapidement compris que c'était nouveau pour moi et il avait été compréhensif. Tellement que notre relation avait duré, nous étions devenus amis et il me soutenait face à cette découverte de ma sexualité qui me chamboulait. J'avouais que Steve avait été un confident et qu'il m'avait aidé à m'accepter, à prendre confiance en moi et que même si je devais me cacher auprès de mes parents et pour le boulot, j'avais réussi à admettre et comprendre ma bisexualité grâce à lui.
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Alter Ego
RomansaAlec et Killian. Ils grandissent côte à côte dans une complicité unique, jusqu'à ce que la vie les sépare. L'un a fui en s'engageant dans l'armée pour échapper à un avenir qu'il ne voulait pas ; et l'autre a déménagé à l'étranger pour embrasser un...