Alec
Adossé au bar, j'attendais impatiemment que le barman arrive avec mes boissons. Cela faisait dix minutes que je poireautais pour être servi. Le club était bondé comme tous les week-ends mais probablement comme en semaine également. J'avais rapidement compris qu'ici, les gens sortaient absolument tout le temps. Adrien, Mira et leurs amis suivaient cette politique. Killian et ses amis aussi et il en allait de même pour Elena, Devon et leur groupe. C'était comme une religion et je m'y conformais plus ou moins bien. Les fêtes, ça fatiguait.
Ce bar était un endroit nouveau, je n'étais jamais venu et je fus donc étonné de découvrir les lieux. Dans ce club, les gens étaient habillés en tenues de soirée, c'était très chic et très bruyant. La musique était si forte que le sol vibrait sous mes pieds et il y avait tellement de monde que je ne pouvais même pas écarter les bras !
Je contrôlais la panique et l'angoisse liées à la foule et au bruit assourdissant, mais je devrais faire des pauses de temps en temps si je voulais profiter de la soirée. Malgré le fait que j'allais bien, ma situation avec ma blessure et le retour prochain en France me chamboulait pas mal, et je faisais régulièrement des cauchemars, ce qui accentuait ma fatigue et par la même occasion aggravait mon anxiété.
Après toutes nos confidences avec Killian ces derniers temps, j'avais fini par parler un peu plus de l'armée et de mes missions. Curieux mais prudent, ces discussions se basaient sur beaucoup de ses questions, tout en évitant certains sujets - ce qui était plutôt bienvenu. Sa prévenance attisait ma confiance alors ce fut avec naturel que j'avais évoqué mes crises de panique.
Killian était donc au fait de mes petits problèmes de gestion des stimuli, il m'avait demandé plusieurs fois si ça allait depuis qu'on était arrivé dans ce bar. J'avais acquiescé, pensant que tout irait bien, mais depuis que j'étais pressé avec des inconnus pour commander un verre, je me demandais si je ne m'étais pas surestimé.
Killian avait tout de suite décelé le malaise et peut-être aurais-je dû l'écouter. La pensée qu'il soit autant à l'écoute de mes sentiments et de mon bien-être me fit sourire. Puis cela me remplit la poitrine d'une chaleur intense. Une sensation qui revenait toujours plus fréquemment lorsque j'étais avec mon meilleur ami ou que je pensais à lui. Je me doutais de ce que cela signifiait mais comment pourrais-je ressentir de tels sentiments pour lui ? Mon frère de coeur, mon ami. Un homme. Cela me paraissait impossible.
Pourtant, c'était bien là et je me demandais si j'allais faire quelque chose à ce propos. Plus tôt dans la journée, au centre de rééducation, une vague d'espoir m'avait assailli, me poussant à vouloir avouer mes sentiments, même si je ne les comprenais pas. Mon temps était compté à ses côtés, pourquoi continuer à nier ?
Killian avait parfois cette lueur dans le regard, la même que lorsqu'il m'avait embrassé. Un désir, une concupiscence qui s'estompait assez vite ensuite. Une lueur éphémère mais que je captais. Ses étreintes de réconfort, ses bourrades taquines, tout était prétexte pour me toucher et je l'avais compris. J'en étais même avide. Malheur, c'est dingue !
— Voilà pour vous, mon beau.
Je relevai les yeux vers le barman et regardai autour de moi pour confirmer que ce type me parlait bien à moi et non à quelqu'un d'autre. Non, c'était bien à moi qu'il s'était adressé. Je récupérai les verres et il me fit un clin d'œil. Je restais choqué tandis qu'il souriait et partait pour servir d'autres personnes.
À la table où nous étions tous, je tendis son verre à Devon, toujours abasourdi, et il inclina la tête, me regardant bizarrement.
— Ça va, mon pote ?
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Alter Ego
RomanceAlec et Killian. Ils grandissent côte à côte dans une complicité unique, jusqu'à ce que la vie les sépare. L'un a fui en s'engageant dans l'armée pour échapper à un avenir qu'il ne voulait pas ; et l'autre a déménagé à l'étranger pour embrasser un...