« Lorsqu'il tend la main pour les attraper, l'ombre se rapproche brusquement, s'étalant, lugubre, sur le mur. Soudain, l'homme est saisi d'une douleur atroce au crâne. Il réalise avec effroi ce qui lui arrive lorsque le monde devient noir et qu'il c...
La Française ne cesse d'arborer la même perplexité, extrême, profonde, saisissante, presque égale à la mienne, devant le symbole sanguinaire dessiné au sol, à même les lames de mon parquet de bois ciré vieux de plusieurs siècles. Serait-ce mon propre sang ?
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– Je n'y crois pas, bon sang... Ce symbole m'est familier et étranger à la fois. Je ne saurais dire où je l'ai vu. Vous connaissez sa signification ?
Je tourne autour du hiéroglyphe ensanglanté, intrigué.
– Vous voyez l'oiseau à tête humaine, ici ? Ce hiéroglyphe représente l'âme qui quitte le corps d'un mort.
– Mais, sur son aile... Je reconnais ce symbole...
– Effectivement, c'est un ankh, une croix égyptienne symbole de vie. Certainement le hiéroglyphe le plus célèbre de l'antique écriture égyptienne. C'est complètement contradictoire. Comment ce qui est censé être mort peut être vivant ?
La femme ramène une mèche derrière son oreille, pensive.
– Vous pensez qu'il y aurait un lien avec vos manuscrits ?
– Je ne sais absolument pas, je commençais tout juste à les décoder, comme je vous l'ai déjà dit. Mais pourquoi des hiéroglyphes... avec un manuscrit mycénien ? L'apogée de la civilisation mycénienne correspond aux dynasties du Nouvel empire en Égypte, mais à ma connaissance, les civilisations n'étaient pas liées.
– Cette scène me chiffonne vraiment. Tout réside dans la contradiction et l'opposition. Hiéroglyphes de sang, encre mycénienne, manuscrits volés, meubles renversés...
Un homme arrive dans mon dos. Je sursaute à l'entente de sa voix martiale.
– Profesor Velázquez. Inspectrice Rossignol.
Le gaillard policier espagnol qui parlait français, entraperçu quelques heures auparavant, affiche un visage sérieux à la fatigue palpable au simple ton de ses paroles embrumées. L'inspectrice s'empresse vivement de lui poser une multitude de questions :
– Les rapports de la police scientifique sont achevés ? A-t-on retrouvé des empreintes génétiques ? Quel est le rapport des précédents enquêteurs ? Des similitudes avec d'autres affaires ?
– ¡Calma, calma, por favor! Les analyses sont en cours, ils sont en train de boucler leur rapport, mais a priori ils auraient quelques pistes. Quant à savoir lesquelles, je n'en sais strictement rien !... Et pour les autres affaires, figurez-vous qu'une affaire classée, faute d'éléments pour poursuivre l'enquête, avec le même symbole de sang, a été vue à Rome trois ans auparavant. Aucune piste, une scientifique disparue, l'appartement sens dessus-dessous, et apparemment aucun vol. Nous avons contacté les enquêteurs italiens de l'époque, il n'existe aucun élément supplémentaire et aucun autre indice susceptible de nous aider.
