Chapitre IV

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Un visage sévère apparut sur l'écran géant, éclairant la pièce obscure. Une femme s'avança dans ce halo blafard. D'un signe de tête, chacun salua l'autre, puis, sans plus de formalité, la voix masculine emplit la pièce.

– Agent Novak, nos services de renseignements confirment la nouvelle : un Originel s'est réveillé il y a quelques heures. Le pic d'énergie ne permet pas le moindre doute.

– Un Originel, rien que ça, répondit sa subalterne. Connaissez-vous déjà son identité ?

– Par chance, oui. La morgue de Seattle a été plutôt exhaustive en rédigeant son dossier.

– Seattle, répéta la jeune femme, ça aurait pu être pire. Au moins, il n'est pas perdu dans le désert.

– Pire, je n'en suis pas certain, agent Novak... Seattle concentre une très forte population. Au moindre incident... Dans le désert, ce garçon n'aurait représenté un danger que pour lui-même. Mais là, il suffit qu'il n'accepte pas bien sa transition, et il pourrait causer des dégâts considérables.

– Alors qu'attendez-vous de moi ? Que je le neutralise ? Si vous m'en donnez les moyens, je peux toujours essayer.

Un sourire discret fendit l'immense visage. Le ton direct, le besoin d'action, voilà ce qu'il aimait chez l'agent Novak. Elle ne perdait jamais de temps.

– Commencez par le retrouver, ça sera un premier pas. Ensuite... Eh bien, c'est un cas inédit, je suppose. Un Originel, tout de même... C'est une occasion en or, on ne doit pas la gâcher, il pourrait s'avérer utile. Amenez-le-moi, agent Novak. Dans notre intérêt, mieux vaut que nous le trouvions les premiers.

Indifférente aux réflexions complexes de son supérieur, la femme se contenta d'acquiescer.

– Très bien, monsieur le directeur. Envoyez-moi toutes les informations dont vous disposez, et je le retrouverai au plus vite. Seattle est certes une grande ville, mais ça ne devrait pas être si compliqué. Un immortel à peine réveillé, encore en transition, il ne va sans doute pas tarder à se faire remarquer. Espérons seulement que vos craintes ne se réalisent pas, et qu'il demeure inoffensif jusqu'à ce que je mette la main dessus.

Alors que l'agent Novak reculait déjà dans l'obscurité, le directeur la rappela.

– Soyez prudente. N'oubliez pas qu'il s'agit d'un Originel, il est aussi précieux que dangereux. Les caméras de la morgue ne l'ont pas filmé, ce qui signifie qu'il passe naturellement inaperçu. D'autre part, j'ai bien peur que vous ne soyez pas la seule sur ses traces ; à trop agiter ce cocktail détonant, l'esclandre risque de conduire au désastre. Restez discrète, ne laissez pas l'ennemi vous percer à jour.

– Pas d'inquiétude, directeur, vous me connaissez, répondit l'interlocutrice. La discrétion est une deuxième nature chez moi.

L'homme sourit franchement, cette fois. Après un instant d'hésitation, il ajouta :

– Bonne chance, agent Novak.

Un bref signe de la main et la communication fut interrompue. L'écran s'éteignit, faisant place à une obscurité pesante.

* * *

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