Bonne lecture !
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Quatre mois plus tard, Riley Jenkins meurt et tout se brouille.
Riley ne vient plus le chercher après l'école pendant trois jours d'affilées, et Spencer regarde la porte pendant près d'une heure tous les soirs. Sa mère s'inquiète, arrête de prendre ses médicaments. Son père retourne de plus en plus au travail.
Un soir il rentre, après un entraînement avec l'équipe de baseball, il vient s'asseoir avec lui. D'abord il s'assoit, puis il prend une grande inspiration et se relève : il s'agenouille à la place, force Spencer à refermer son livre, et dit :
— Écoute moi, bonhomme. C'est très important, d'accord ?
Il utilise des mots, des mots qui n'ont pas de sens comme « paradis » comme « n'est plus là » comme « ça arrive parfois » comme « je suis sûr qu'il te regardera, là où il est » comme « il est heureux ne n'inquiète pas ».
Spencer ne dit rien. Il attend que son père se taise. Devant son silence, c'est ce qui finit par arriver : son père ferme la bouche et souffle « Spencer ? », incertain.
— Il est mort, c'est ça ?
Spencer est trop jeune pour comprendre ça parfaitement. Il est censé l'être. Son père le regarde avec une expression qu'encore une fois il ne comprend pas, avec des traits froissés et les lèvres serrées. Il le prend par les épaules, puis soupire :
— Oui, mon grand. Il est mort.
— Comment ?
— On ne sait pas. Je ne sais pas. Pas encore.
La suite est plus floue : Spencer termine l'année, remplace ses sorties avec Riley par une routine absolue. Il reprend ses mercredis après-midi dans le métro, fait le même chemin dans les parcs, les jeux, et devant la maison de Riley. Le mercredi se fond un peu en mardi ou en jeudi et Spencer a l'impression d'y voir flou.
Un jour il croise le père de Riley. En le voyant, l'homme fond en larmes.
Spencer joue aux échecs au parc. Il y joue, puis tout à coup il n'y joue plus : sa mère s'enfonce brutalement, son père le prend fort dans ses bras, il n'a plus le droit de sortir seul. Sa mémoire se brouille, s'efface, le noir se fait. Il se souvient de quelqu'un qui attrape son bras, puis plus rien.
Il garde la marque pendant une semaine. Puis quand elle disparaît, elle aussi il l'oublie.
Finalement, un beau jour, il ouvre les yeux dans une nouvelle maison. Le salon n'est plus pareil, ils ont moins de livres, moins de place, un plus grand jardin. Sa mère a perdu du poids, et ne supporte pas de le voir partir trop longtemps ; elle lui lit de la poésie pendant des heures, jusqu'à ce qu'il s'endorme sur elle. Elle lui caresse les cheveux. Elle ne dort pas. Elle le regarde.
La chambre de Spencer est aussi plus petite. Son placard est bien mieux, en revanche, et dans les moments où il veut juste être serré et étroit et dans le noir et oublié, alors il prend une couverture et un oreiller et il s'y met. Il referme la porte. Le monde disparaît.
Un beau jour, alors qu'il vient de passer trois mois, deux semaines et un jour dans son nouveau lycée (où personne ne l'a encore attaché au poteau de but, où personne n'a craché sur la capuche de son manteau, où personne ne lui a bandé les yeux pour l'abandonner dans les vestiaires) il rentre chez lui. Son père n'est pas là. Sa mère fait la sieste dans son fauteuil, et la TV est allumée.
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La mort entre tes bras || Spencer Reid
Fanfic| Spencer Reid | Fiction terminée | Spencer voit des fantômes : voilà l'étrange vérité dont il prend conscience pendant son enfance. Des peaux un peu brillantes, des sourires éloignés, et une incidence plus qu'importante sur le reste de sa vie. Mai...