𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝

93 9 0
                                    

Bonne lecture !

___________________________

En se levant, Spencer a ouvert son frigo vide avec une tasse fumante de café dans sa main libre. Il a fixé les étagères froides avec un regard absent, a tourné la tête vers la corbeille sans aucun fruit, vers les placards poussiéreux, puis vers son évier parfaitement propre qui n'a pas vu l'ombre d'une vaisselle sale depuis des semaines.

Sa poubelle est pleine de plats vides, de sacs en papier, et tout l'appartement sent vaguement la nourriture asiatique.

Spencer a soupiré. Il s'est relevé, a bu tranquillement son café en relisant Guerre et Paix, puis s'est habillé pour descendre à l'épicerie du coin : la caissière lui a souri comme habituellement avant de poser quelques questions intéressées. Scanner ses quelques articles, écouter ses divagations enflammées à propos d'un livre qu'il a lu la semaine passée, puis finalement le regarder partir avec un soupir et un sourire déçu.

À présent, Spencer pèse l'exact quantité de farine nécessaire à la fabrication de son gâteau. La pâtisserie c'est un peu comme la chimie et parfois il se retrouve à s'y intéresser à nouveau pendant des semaines jusqu'à se lasser. Faire des gâteaux, encore et encore, jusqu'à trouver ses œuvres parfaites et enfin pouvoir passer à autre chose.

Une fois la farine pesée au milligramme près, il sort un autre récipient pour casser des carrés de chocolat. L'envie d'y croquer un morceau le fait hésiter, mais il décide que ce n'est pas le moment alors repousse l'odeur au fond de son esprit tout en découpant précisément des morceaux de beurre.

Le regard un peu lointain, il répète à voix haute :

— Trois œufs... de bons œufs fermiers qu'on trouve à la sortie de la ville vers le nord... puis 200 g de chocolat noir, celui spécialement pour les desserts, et à ça... tu rajoutes 50 g de farine et 80 g de sucre, mais je n'en mets que 40 c'est bien suffisant.

Ses doigts cassent des œufs mais comme il tremble légèrement, il disperse quelques morceaux de coquille à l'intérieur. Spencer met sans aucun doute quelques minutes de trop à les retirer, les yeux plissés et les lèvres serrées.

Quand ses œufs paraissent enfin nickels, il murmure :

— Tu termines le tout avec 80 g de beurre fondu, puis 3 cuillères à soupe de lait...

C'est au moment où il fouille son frigo à la recherche d'une bouteille de lait encore hermétiquement fermée que des coups résonnent à sa porte. Spencer se fige, cligne des yeux, puis referme lentement le réfrigérateur en jetant un coup d'œil à la porte d'entrée qu'il peut apercevoir au-dessus du bar en bois.

Il écoute. Les voix ne se taisent pas, alors il sait qui ne se trouve pas de l'autre côté. Personne ne toque à sa porte, à part peut-être ses voisins de temps en temps (celui d'à côté est même plutôt sympa : un été Spencer a décidé de construire lui-même les étagères de sa bibliothèque et quand le gars est venu sonner pour lui dire de ne pas faire ça à trois heures du matin comme un insomniaque névrosé, il a perdu sa voix en voyant le travail immonde et ridicule derrière son épaule. Il a fini par revenir le lendemain pour l'aider, juste pour pouvoir le critiquer en enfonçant des visses et des clous dans des planches et un mur. Spencer a décidé que Matthew est depuis plus ou moins son ami).

Spencer attend que le son recommence, ce qui ne met pas longtemps à arriver : il abandonne ses ingrédients, sort de sa cuisine, et marche rapidement en direction de la porte sans se soucier de son pull plein de farine. Ses mains sont encore humides et sentent le savon.

La mort entre tes bras || Spencer ReidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant