𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚑𝚞𝚒𝚝

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Bonne lecture !

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— T'as pas besoin de faire ça, soupire Spencer en s'appuyant contre le plan de travail de sa cuisine.

Une tasse fumante de café à la main, il resserre brièvement le peignoir épais qu'il a passé en se levant autour du sweat-shirt qui se trouve en dessous, et prend une goulée brûlante qui lui libère les bronches.

Il a sûrement attrapé un rhume en rentrant en pleine nuit du métro la veille, car il s'est réveillé au matin avec la tête lourde et le nez bouché. Tous les médicaments et traitements aux plantes qu'il a avalés ne font pour le moment pas beaucoup effet, alors il espère faire passer le tout avec une boisson chaude et un peu de marche dans son appartement.

Enfin, surtout la boisson chaude. Car la marche s'est arrêtée au moment même où il a une nouvelle fois trouvé Gideon dans son salon. Ils ont joué aux échecs en silence pendant quelques minutes, jusqu'à ce que l'estomac vide de Spencer gronde étrangement et presque douloureusement.

À présent, son ancien mentor bat des œufs dans un saladier afin de lui préparer une immense omelette qu'il ne pourra très certainement pas manger entièrement.

— Je le fais quand même, répond Gideon. Comment tu peux aller sur le terrain avec un corps comme ça ? J'ai l'impression.... j'ai l'impression que tu pourrais te casser un bras rien qu'en me prenant l'une de mes pièces sur le plateau.

Spencer lève les yeux au ciel dans un soupir.

— Bien sûr, et je m'envole avec un coup de vent, aussi.

— Spencer, ne plaisante pas avec ça.

Le ton dur le force à rentrer les épaules, sans même s'en rendre compte. Il a l'impression de se faire gronder, pourtant il a mangé un sandwich entier la veille pendant une enquête, et sans aucun problème.

Il commence à reprendre le contrôle. Il peut le faire.

— Tu n'as vraiment rien de mieux à faire de ton samedi ? Allez voir des oiseaux en forêt, par exemple ?

— Je pourrais t'emmener.

— Non merci.

La première année, Spencer a dévoré une bonne trentaine d'ouvrages sur les oiseaux rien que pour faire plaisir à Gideon. Ça a marché, pendant un temps. À présent, il ne ressent aucune joie à l'idée de marcher en forêt pendant des heures en transpirant de froid sous ses trois couches de vêtements.

Tout ce qu'il veut, c'est s'installer dans son canapé et relire les œuvres d'Aristote. Peut-être même essayer d'appeler sa maman. En ce moment, il meurt d'envie de prendre un billet pour Vegas et de voler directement la voir, mais elle serait folle de le voir comme ça. On ne berne pas Diana Reid avec un pull trop large et un leggings épais sous son pantalon.

Il inspire la fumée parfumée de son café et en boit une nouvelle gorgée.

— Si tu m'avales ça entièrement, je te laisse tranquille pour le reste de la journée.

— Tu es chez moi, je te signale. Et ça, c'est une portion pour trois personnes.

Il pointe du doigt le saladier, et Gideon hausse les épaules.

— Bon, disons jusqu'à ce que je sois satisfait, alors.

Spencer s'apprête à rétorquer quelque chose lorsque des coups à sa porte le font sursauter. Il fronce les sourcils, repose sa tasse sur le comptoir, et lance un regard à l'homme qui cuisine dans son dos. Gideon n'est pas vraiment un secret, pas tout à fait, mais pour une raison étrange il n'a pas envie que quelqu'un d'autre le voit.

La mort entre tes bras || Spencer ReidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant