Bonne lecture !
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Il ne sait plus vraiment à quel moment il s'est retrouvé sur le sol de sa salle de bain.
Spencer se souvient de la sensation de froid, de la sensation d'être sale, puis tout à coup il se traîne jusqu'à sa douche sans pouvoir l'atteindre : il retire ses pulls, son t-shirt, et la dernière chose dont il se souvient c'est la vision de ses côtes saillantes et de son corps squelettique.
À présent, il essaye simplement d'ignorer la sensation de froid dans son dos, appuyé contre le mur. Le plafond est familier. Il peut presque sentir la piqûre dans le creux de son bras, et l'euphorie calme qui suit. Le silence, lui, ne vient pas.
Riley a disparu.
Spencer garde la tête contre la paroi de douche, la bouche entrouverte.
— Tu fais peine à voir.
La voix ne le fait même pas sursauter. Il l'a senti arriver, cette fois : comme tous les autres. Son regard ne se tourne même pas vers Gideon.
— Pars, souffle-t-il.
— Depuis quand t'as pas mangé ?
Spencer se souvient du saladier plein de coquilles d'œuf. Qu'aurait-il fait, après ? Qu'a-t-il fait, avant ?
— Je sais pas.
— Tu devrais boire, au moins.
Ça serait presque simple de lever le bras, de le tendre vers le mitigeur de la douche, et de laisser un peu d'eau lui couler dessus. Lécher sa peau moite, calmer sa bouche pâteuse, sa gorge sèche.
— Tais-toi.
Chaque mot sort légèrement éraillé, mais il s'en fiche pas mal. Personne n'est vraiment là pour l'entendre.
— Je ne pouvais pas te le dire.
— Je sais.
— Tu ne voulais pas le voir.
— Je sais.
Spencer tourne lentement la tête. Il aurait sûrement dû le voir venir : Gideon a exactement le même visage que dans son souvenir. Pas une ride en plus, mais une expression en moins. Trois semaines plus tôt, Spencer a gagné aux échecs.
Il sourit d'un air absent.
— Tu aurais dû appeler quelqu'un d'autre, avec le téléphone.
— Qui ?
— À ton avis ?
— Non.
Gideon fait la moue. Assis sur les toilettes, les jambes croisées : la salle de bain lui paraît plus grande, tout à coup. Spencer relève la tête vers le plafond, et elle retombe mollement contre le mur.
— Pourquoi ? Pourquoi tu ne l'as pas fait ?
— Il mérite pas ça.
— Mais toi, si ?
Ses lèvres se serrent. Il n'a pas envie de répondre à ça. Il n'a pas envie d'ouvrir la bouche et de simplement vomir tout le dégoût de soi qu'il ressent en permanence. Ses doigts, posés sur la peau froide de son ventre, appuient légèrement.
Ça ne fait même pas mal.
— Je peux me débrouiller seul.
— Oui, ça se voit.
— Je l'ai toujours fait.
— Ta mère aussi, l'a toujours fait. Et à dix-huit ans, tu l'as...
Spencer se crispe et gémit bruyamment pour le faire taire. Il n'a pas la force de crier, pas la force de se relever : il se contente de fermer très fort les paupières et d'ignorer les nouvelles voix qui viennent vers lui.
— Je veux juste du silence, souffle-t-il tout bas. Je veux juste que ça.... que ça s'arrête.
— Spencer ?
Il ignore le ton inquiet. Il ignore les autres voix. Il ignore le froid et la faim, la douleur de ses propres os trop fragiles qui appuient contre sa peau.
Il ignore tout, et se laisse partir.
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Des bisous !
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La mort entre tes bras || Spencer Reid
Fanfic| Spencer Reid | Fiction terminée | Spencer voit des fantômes : voilà l'étrange vérité dont il prend conscience pendant son enfance. Des peaux un peu brillantes, des sourires éloignés, et une incidence plus qu'importante sur le reste de sa vie. Mai...