— Monsieur Cooper !
Je sursautai, retenant le livre que j'avais en main et qui était prêt à tomber de son étagère. Cette voix m'avait fichu une de ces frousses. Monsieur Clark avait toujours été quelqu'un de discret malgré sa carrure un peu imposante et le fait qu'il marchait parfois en boitant à cause de son âge – soixante-sept ans. Il n'était pas quelqu'un de méchant, mais quand il voyait un relâchement il vous le faisait vite savoir. Et là, il avait dû le sentir. C'était son rôle de patron, mais avec le temps j'avais l'impression que nous avions noué des liens beaucoup plus importants. Je posai mon bouquin sur la table devant moi puis le regardai d'un air désolé, mais je n'y arrivais pas aujourd'hui parce que j'avais la tête ailleurs en raison des soucis personnels que j'avais en dehors du travail. La journée finalement était passée trop vite à mon goût...
— Oui Monsieur Clark ?
Il se rapprocha de moi, un livre à la main avec une mine un peu sévère. Il réajusta ses lunettes sur son nez, ce qui me fit avoir le même réflexe et je l'observais, attendant de voir ce qu'il allait me dire. J'imaginais récolter une réprimande sur le moment.
— Je ne te sens pas parmi nous aujourd'hui. Tu as un souci, mon garçon ? me demanda-t-il en changeant d'expression, dévoilant un visage inquiet.
Aïe, cela se remarquait tant que ça que j'étais tracassé depuis une bonne semaine ? La date où je devais régler mes dettes arrivait à expiration ce soir à minuit et je n'avais malheureusement pas l'argent nécessaire malgré mes efforts... Mais mon patron n'avait pas besoin d'être au courant, ce n'était pas son problème. Seulement le mien, même Ethan ne l'était pas de toute façon. Puis je ne voulais pas lui procurer plus de cheveux blancs qu'il n'en possédait déjà.
— Tout va très bien, Monsieur. Je suis juste un peu fatigué, c'est tout, ajoutai-je en souriant pour donner le change.
— Très bien. Tu sais que tu n'es pas une machine Mattéo et je comprendrais que tu aies besoin de repos. Tu as plus que travaillé ces dernières semaines alors tu as le droit de te reposer un peu.
— Vous me connaissez, j'aime bien être ici, Monsieur. Ça ne me gêne pas. En plus, vos clients vous adore et je ne veux pas qu'ils soient déçus.
— La clientèle vient plus pour toi que pour voir un vieillard de mon genre Mattéo. Je suis un vieil homme et sans famille aux yeux des autres alors que toi tu es encore jeune et virulent donc il faut que tu prennes soin de toi ! Ne fais pas comme moi à te plonger dans le travail tout le temps, me conseilla-t-il en souriant.
— Dites pas ça Monsieur Clark ! Je vous trouve encore bien pour votre âge, répondis-je choqué d'entendre de telles paroles.
— Tu es gentil mon petit Mattéo, je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Tu m'aides bien à la boutique.
Il posa une main sur mon épaule et je lui souris, content de ce compliment. Je m'en voulais de lui mentir alors que j'avais réellement un problème. Mais il était bien âgé et devrait déjà être à la retraite. J'étais ravi de voir qu'il avait accepté un employé tel que moi malgré le fait que j'étais encore novice à la mort de mes parents. Aucun diplôme en poche, j'avais dû très vite me trouver un travail pour subvenir aux besoins de mon frère avant que les services sociaux ne me le retirent. Au fil du temps, Monsieur Clark était devenu un peu comme un grand-père et j'éprouvais un réel respect pour lui.
— C'est normal Monsieur Clark. Je vous suis reconnaissant de m'avoir engagé.
— Et j'ai bien fait, tu en avais besoin et moi aussi. Les grands diplômés de littérature ne viennent pas dans des petites librairies comme la mienne en général. Enfin, passons. Tu me boucles cet inventaire et ensuite tu pourras partir, me lâcha-t-il d'un seul coup, ce qui me surprit.
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Heart's traffic [Terminée]
RomanceUne simple rencontre peut changer bien des vies.. À L.A, capitale des stars et ville lumière, on pourrait croire que tout y est beau et plein de paillettes, mais ce qui se passe dans l'ombre de la cité des anges est en fait bien tout le contraire. P...