Chapitre 6 " On ne contrôle pas ses sentiments "

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                     Manuela

Je suis assise dans le canapé à côté de Carlos je n'arrête pas de penser à ce que viens de me demander Eliott. Je suis perturbé par sa demande après toutes ces semaines, il revient et me demande d'aider sa petite copine qui est dans le besoin. Non mais il se fout complètement de ma gueule ! Je respire un gros coup avant de me tourner vers Carlos.

– Dis donc, je peux savoir à quoi tu penses ?

– Eliott a débarqué dans mon bureau ce matin.

– Ah bon, qu'est-ce qu'il te voulait ce petit con ?

– Rien d'important, euh..dis-moi tu comptes rester avec nous jusqu'à quand ?

– Pourquoi tu me demandes cela ? T'en a déjà marre de moi là, c'est ça ?

– T'es con ! Bien sûr que non.

– Je suis en vacances jusqu'à nouvel ordre.

Carlos est est pilote d'avion et voyage beaucoup. Il en rêvait depuis le collège. Ce métier, c'est de père en fils son père lui aussi était pilote d'avion.

– Attends on t'a viré ? Je lui questionne perplexe.

– Non, pourquoi tu dis cela ? Me questionne-t-il d'un air bizarre.

– Ça m'étonnerait que tu sois en vacances " jusqu'à nouvel ordre. "

– Si j'ai pris ces vacances, c'est pour passer plus de temps avec toi et Sophie.

– Ah ouais quand même ! Remarque, tu passes plus de temps avec elle qu'avec moi.

– Manu ! Me lance-t-il sur le ton de la réprimande.

– Bon d'accord c'est cool ! T'as prévu de faire quelque chose pour en profiter ou pas ?

– Non, pas encore. Si t'as une idée, je suis preneur.

– Ok, je vais voir.

Je pose ma tête sur son épaule, nous fixons tous deux la télévision regardant son film pourri.

– Franchement on est vraiment obligé de regarder cette merde ?

– Il se passe quoi entre toi et ce Jackson ?

Je relève légèrement ma tête pour le fixer.

Personnellement, je n'en ai aucune idée. C'est juste une histoire sans lendemain.

– Rien, il se passe rien entre nous.

Carlos me regarde comme s'il attendait une autre réponse.

– D'accord, on baise ensemble si c'est que tu veux savoir.

– Tu plaisantes ? Vous ne faites pas que baiser quand même ? Me reprit-il surpris.

– Je t'assure ! On baise tout simplement.

– T'es pas possible.

La porte s'ouvre brusquement en laissant apparaître mon père et Sophie. On se lève subitement pour être face à eux.

– Papa, qu'est-ce tu fais là ? Je lui questionne surprise en m'avançant vers lui.

– Où est passé ton foutu téléphone putain ? Il faut que je te parle, c'est urgent. Me hurle-t-il.

– Baisse d'un ton papa voyons ! Viens avec moi. Je lui prends en l'emmenant dans ma chambre.

– Alors qu'est-ce qu'il y a ? Je pensais avoir été clair.

Il me regarde avec ses yeux paniqués à ce moment précis, j'ai compris que je vais devoir revenir sur mes décisions. Mais ce truc, c'est comme un engrange, une fois qu'on est là-dedans on ne peut plus pour ressortir.

– Non papa, j'ai été pourtant clair là-dessus.

– Non, je ne pense pas ! Parce que tu sais pourquoi ma fille ? Tu arrêteras quand moi, je l'aurais décidé.

– Qu'est-ce que tu veux ? Je lui questionne d'une façon pour en finir avec cette discussion.

– À ton avis ? Je t'attends à la maison ce soir. Me lance-t-il avant de quitter la pièce.

– Putain, ce n'est pas vrai ! Hurlais-je.

Je m'avance vers la porte pour sortir en ouvrant, je tombe nez à nez sur mon frère devant l'entrée. Je me précipite dans ses bras en le serrant fort de mon étreinte.

– Anthony !

– Petite sœur.

Je me serre encore plus dans ses bras. Je lui prends avec moi pour le faire assis sur le lit.

– Qu'est-ce tu fais là ?

Antony prend ma main dans la mienne enroulant mes doigts aux siens.

– Je suis passé te voir, je voulais te dire que j'ai eu Nathan au téléphone et -

– Et quoi Anthony ?

– Il avait postulé à Blaire Decker pour le poste de -

– Attends en quoi est-ce que ça me concerne hein ?

– Il m'a expliqué ce qui s'est passé entre vous...ce n'est vraiment pas de sa faute.

– C'est une blague ? Je lui questionne perplexe.

Je ne comprends pas, Nathan m'a lâché du jour au lendemain sans aucune explication et lorsque j'ai réussi à le voir, il m'a traité comme une merde et maintenant mon frère veut me faire comprendre que ce n'est pas de sa faute.

– T'as peut-être oublié ce qu'il m'a fait...mais pas moi, tu m'entends ?

Je lui crie en me levant du lit et m'avance près de la porte.

– Je n'ai pas oublié petite sœur, je te promets qu'il avait ses raisons. Je savais qu'il avait ses raisons.

– Ah oui ! Il avait ses raisons ? Tu sais quoi, je ne veux rien savoir sur lui.

Je me retourne pour le regarder avec cette rage que je contiens au fond de moi depuis maintenant trois ans. Je n'ai jamais réussi à passer à autre chose et pour l'oublier, je me suis rapproché d'Elliott son ami par colère, je voulais qu'il sache que je suis avec lui et voulais qu'il réagisse, pour le réveiller quoi. Mais je n'ai pas eu le résultat escompté en gros, il n'avait rien à faire de moi.

– D'accord, je comprends...mais j'aurais aimé que tu écoutes ce qu'il a à te dire.

Pour toute réponse, je lui souris. Anthony passe son pouce pour essuyer ces quelques gouttes de larmes qui perlent sur mon visage. Je redresse ma tête pour le fixer.

– Ne pleure pas ma puce ! Me dit-il en ouvrant ses bras pour me prendre dans son étreinte.

Je me défais de le lui tenant par la main.

– J'ai quelqu'un dans ma vie actuellement, je suis désolée.

C'est la seule excuse que j'ai trouvée pour qu'il me laisse tranquille avec Nathan. Il était aussi son meilleur ami quand il est parti, Anthony en a beaucoup souffert et moi encore plus.

C'est clair et net, je ne veux rien savoir sur lui. Il m'a humilié devant tout un public et cela je ne le pardonnerai jamais.

– Je comprends. Je voulais juste que tu saches qu'il travaille à l'hôpital.

Antony est le directeur d'hôpital de " Blaire Decker, mon père a contribué à la construction de l'hôpital en récompense, il porte son nom. Tout ce que mon père touche, il faut qu'il laisse sa trace, ce n'est qu'un égoïste.

– Je suis contente de te voir grand frère.

– Moi aussi petite sœur. Me lance-t-il en m'embrassant sur le front avant de s'en aller.

**

Adossée contre le comptoir face au barman Toby me tend le verre de vin que je lui arrache des mains en pensant à ma discussion avec mon frère à propos de Nathan cet après-midi. J'avale ma dernière grosse gorgée de vin avant de lui redemander un autre verre.

Il me sourit avant de prendre le verre pour me resservir.

– J'aime te voir dans cet état...tu es tellement belle.

– Ta gueule ! Tu te souviens de Nathan mon ex ? Il est revenu.

– Attends où il est ? Je vais le tuer ce salopard.

Il y a trois ans de cela quand Nathan m'a lâché comme une moins que rien, je me suis retrouvée dans une totale dépression et venais souvent ici boire. C'était vraiment difficile pour moi d'admettre qu'il m'avait quitté. Toby était là, pour me réconforter et depuis nous sommes devenus ami.

Je lui souris avant de me retourner et vois arriver Sophie et Carlos bras dessus, bras dessous vers moi.

Je prends mon verre de vin sur la table pour le porter à mes lèvres. Je suis à mon troisième et je ne compte pas m'arrêter.

Sophie se met à côté de moi pendant que Carlos parle avec un de ses amis. Elle attrape mon verre pour boire dans mon vin.

– Oh mon Dieu ! Regarde qui arrive vers nous.

Par curiosité, je tourne ma tête sur le côté et vois Jackson qui marche vers le bar. Pour n'est pas qu'il croise mon regard, je baisse subitement ma tête.

– Je t'ai vu, tu sais ? J'entends sa voix derrière moi ce qui me pousse à me retourner l'air de rien.

– Hé, salut Jackson !

Pour toute réponse, il me sourit avant de m'embrasser sur la joue. Je suis gênée par son geste tendre, je lui souris bêtement.

Nous avons décidé d'aller sur la terrasse admirant le soleil couchant. Appuyée contre la barre, je sursaute en sentant ses deux mains qui m'entourent la taille.

–Wow, Qu'est-ce que tu fais ? Je lui questionne sur la défensive tout en me dégageant de lui.

– Quoi ? J'ai envie de te serrer contre moi, ça te gêne ?

– Bien sûr que oui ! Attends qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi toutes ces affections hein ? On n'était clair là-dessus non, pas d'attachement.

Il me fixe du regard sans pour autant réagir à mes questions. Il met ses mains dans ses poches pour m'observer de ses yeux gris perçant.

– Qu'est-ce que je fais de mes sentiments alors ?

Je le regarde surpris et son aveu me ramène tout de suite à la réalité. On ne peut pas contrôler ses sentiments, nos cœurs ne sont pas des télécommandes, on ne peut pas les contrôler quand on veut.

– Non, c'est impossible ! Tu m'entends, c'est impossible ça ! Je lui hurle.

– Pourquoi ? Mes sentiments, je ne le contrôle pas, tu sais.

– Va t-en ! Non, tu sais quoi ? C'est moi qui m'en vais.

Je lui lance avant de partir et le bouscule au passage.


ManuelaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant