𝐁𝐎𝐑𝐍 𝐓𝐎 𝐃𝐈𝐄

𝟏𝟖.

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Le jour du bal était arrivé et comme prévu, la toilette fut livrée à temps. Pourtant, lorsqu'Elise ouvrit la boîte, en sortit la robe pour ensuite m'en habillait, un profond soupir m'échappa.

Le corsage descendait en un décolleté bien trop plongeant, dévoilant plus que ce que je ne souhaitais montrer. La jupe, quant à elle, s'ouvrait sur le côté, laissant apercevoir un bout de dentelle noir. Le tout, ornait de galons dorés.

Comme si ce n'était pas déjà assez extravagant...

« Althea ? »

Je portai mon attention sur Elise qui me tendait un manteau. Je le pris rapidement avant de m'en vêtir, espérant qu'il cacherait ce décolleté indécent. Mais ce n'était qu'un simple morceau de tissu noir, une cape qui n'arrivait même pas à couvrir mes épaules.

Comment faire ? En plus je risque d'attraper...

« Vous allez attraper froid. »

Mais oui...

Je me dirigeai vers le divan pour en sortir le coffre qui se trouvait en dessous. Je l'ouvris et après quelques instants de fouille, je tombai sur ce que je cherchais : l'écharpe rouge. Je la déroulai et la passai autour de mon cou, masquant la totalité de mon buste grâce à sa dimension disproportionnée pour ma taille.

« D'où vient-elle ? Je ne l'ai jamais vue. »

« Oh... Je... Cela fait une éternité que je l'ai pourtant ! »

« Elle vous va bien. Elle me fait penser à la légende du fil rouge. »

Je haussai un sourcil.

« La légende du fil rouge ? Qu'est-ce donc ? »

« C'est une légende qui dit qu'une personne est liée à son âme sœur par un fil invisible. Peu importe la distance ou le temps, même s'il s'emmêle, il demeure incassable. »

« Le rouge n'est qu'une couleur de malheur, Elise. Elle symbolise la souffrance et la violence. C'est la couleur du sang et des pertes. »

C'était l'écho de tout ce qui avait mal tourné, tout ce qui avait été brisé. Il portait en lui la trace des trahisons et des vies déchirées. Une couleur qui marquait, gravait et détruisait. Elle n'avait rien de romantique.

« Peut-être êtes-vous simplement nerveuse pour ce soir ? Mais vous n'avez pas à vous inquiéter, tout va bien se passer. »

« J'aimerais avoir votre conviction... »

Elle me sourit et m'entoura de ses bras. Je restai figée, surprise par son geste. J'étais là, dans ses bras, mais je ne ressentais rien. Comme si mon corps ne savait plus comment fonctionner. Est-ce qu'on devait ressentir quelque chose dans ces moments-là ? Est-ce que j'étais censée m'abandonner à ce geste amical ? En réalité, depuis que j'avais lu cette lettre, quelque chose en moi s'était éteint. La lassitude s'était insinuée dans mes veines, et avec elle, un vide profond. Peut-être parce que, jusque-là, je m'accrochai encore à un espoir insensé. L'espoir que tout cela ne serait que temporaire, qu'un jour, je pourrais délaisser ce rôle. Mais désormais... Je savais. Je savais que ce qu'il avait fait de moi, resterait jusqu'à mon dernier souffle. Une simple marionnette dont on agitait ses articulations. La voilà l'amer vérité.

Alors, que restait-il à espérer ?

Rien.

Je me détachai lentement d'elle avant de la remercier et de quitter mes appartements. Une fois dehors, je montai dans le carrosse et m'installai avant qu'il ne démarre dans un trajet interminable. Arrivant à destination, un valet ouvrit la portière. Je lui tendis mon invitation d'un geste mécanique et il s'inclina avant de me donner sa main. Mais fidèle à mes habitudes, je descendis seule, posant maladroitement les talons sur le gravier avant que le valet ne me découvre de mon pseudo manteau et de l'étoffe écarlate.