Tout n'est pas perdu...[Formule 1]

Chapitre 35 : Remonter plus haut

Mercredi 23 octobre 2019, Siège de la F.I.A. sur la place de la Concorde à Paris, 9h :

PDV Max :

« Suite à cette série de pourparlers, nous allons prendre la décision finale. Donnez-nous 10 minutes. »

Jean TODT, le président de notre fédération, est maintenant encerclé par les différents jurés de l'audience, et converse avec eux à voix basse.

La tension est à son comble. Chaque partie est située aux opposés de la salle. D'un côté, mon père et son avocat, qui a été mon manager pendant un temps de ma carrière de karting. J'ai d'ailleurs le cœur serré par le fait de me trouver face à cet homme qui m'a grandement aidé, mais aujourd'hui il a fait sa place dans le camp adverse, il s'agit donc de rester stoïque. De mon côté, je reste debout, Christian assis derrière moi avec ma mère et mon entraîneur sportif.

Face à nous, cette grande table où est posée tout le dossier constitué durant ces derniers jours par des captures d'écran de messages, des photographies des petites cicatrices sur mes bras ainsi que des bleus au niveau du cou après l'incident d'il y a deux semaines ...
Il y a également des témoignages écrits, que je ne pensais d'ailleurs pas avoir. Mais ils se sont révélés importants pour renforcer mes dires : après ceux en direct de mes proches présents, ils ont procédé à la lecture de quelqu'uns, et ont même passé des extraits d'interrogatoires de Daniel et Pierre qui se sont également surinvestis pour m'aider. Leurs mots m'ont profondément touché, notamment ceux de mon petit-ami qui en a vu finalement plus que les autres.

À côté de cela, mon père semble être venu bredouille, ne cachant en rien sa culpabilité par rapport à tout ça, et justifiant par le fait que « c'était nécessaire ». Au moins, le sujet de mon orientation sexuelle n'est pas venue sur la table, ce qui nous arrange mutuellement.

Nous ne nous sommes pas adressés la parole, ni même regardés une seule fois. Ça ne me manque pas. Mais voilà que les jurés se rassoient sur leurs chaises respectives, signe qu'ils ont fini. Jean s'avance face à nous, cet homme d'une grande prestance qui, je suis sûr, a tout pris en compte. Il ajuste ses lunettes, soulève une feuille tamponnée de tous les côtés :

« Suite à l'ensemble des éléments et des faits présentés, je rends ma décision au profit de la partie plaignante : Johannes Franscicus, dit "Jos", VERSTAPPEN, pilote de Formule 1 de 1994 à 2003 ; je déclare contre vous la mise en place d'un mandat international d'expulsion définitive, c'est-à-dire à vie, de n'importe quel paddock réglementé par la F.I.A., où se trouvera votre fils Max Emilian VERSTAPPEN, aujourd'hui pilote de Formule 1 depuis 2015. Ce mandat d'expulsion ne pourra être retiré que sur notre décision si une révision nous ait demandé par la partie plaignante. Vous serez donc interdit d'entrer, même si vous avez une raison quelconque. Pour le reste des torts qui vous oppose avec votre fils, cela est plus de l'ordre de la justice. »

Il pose fermement le mandat dans les dossiers F.I.A. avant de me remettre une copie en mains propres pour mon propre dossier. Je reste bouche bée en lisant dans les grandes lignes le constat, alors que mes soutiens autour jubilent en silence.

« Vous ne pouvez pas faire ça ! » rétorque mon père en se redressant.

« Mais pourtant, c'est maintenant à l'ordre du jour. La séance est levée. » répond tout simplement le Français avant de tourner les talons.

Christian me sert la main avant d'aller vers les jurés, tandis que ma mère me prend dans ses bras tout en mettant un message à ma sœur Victoria. Une ambiance chaleureuse face à mon père resté assez sur sa chaise qu'il tient à deux mains, fulminant de rage.

« Pouvez-vous me laisser seul à seul avec mon père dans cette salle s'il vous plaît ? » je m'enquiers envers toute la pièce.

Je sens que tout le monde me fixe, mais personne ne bronche au moment de sortir. Tout en gardant une distance de sécurité, je cherche à croiser son regard bien qu'il ne me le rende pas. Un silence qui se montre pesant, alors je le brise :