Chapitre 18 : L'appel

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10h05 :

PDV Pierre :

Je fixe l'écran de mon téléphone. Il faut que je réponde, oui, je suis obligé ! Mais est-ce que je veux vraiment le faire ... ? J'ai l'impression d'être oppressé, alors j'ouvre la porte-fenêtre et je rentre dans le salon. Esteban me suit à l'intérieur d'un air interrogateur, mais reste adossé contre la fenêtre. J'appuie sans confort sur le bouton pour décrocher, et je colle mon portable à mon oreille :

« Christian, bonjour ... »

« Bonjour Pierre, j'espère que je ne te dérange pas de bon matin. Et encore, Helmut aurait appelé à 8h du matin à ma place ... »

Sa voix se veut calme et sympathique, mais elle sonne fausse ...

Comme beaucoup trop de fois.

« Non, non, vous ne m'embêtez pas ... eh bien, comment allez-vous, je suppose ? » je commence tendu, ne sachant pas à quoi m'attendre ...

Je sais qu'ils appellent leurs pilotes pendant la pause, mais si tôt ...

« Je me porte bien, mais bon, je ne profite pas vraiment des vacances ... avec le temps pourri que j'ai ici ... et toi, Pierre ? Une destination particulière ? »

« Je fais au mieux. » dis-je d'un ton rapide : « Et je suis resté en France dans le Sud, au bord de la mer ... »

La manière de ma parole fait se raidir Esteban, qui intime Anthoine, venant d'arriver dans la pièce, de ne pas faire de bruit, alors qu'il me regarde intrigué. Je lui lance un rapide coup d'œil, avant de me reconcentrer ...

Attends 2 minutes ...

... qu'est-ce que Christian a dit ?

« Christian, vous parlez d'un temps pourri ... si je peux me permettre, vous avez des problèmes de climat sur votre lieu de vacances ... en Espagne, c'est bien ça ? »

« Non, ce n'est pas cela du tout ... je suis resté chez moi en Angleterre pour le mois. »

Drôle d'idée pour passer des vacances ... je me garde bien de lui dire, surtout que ça fait très cliché ! En plus, tout le monde pense aussi qu'il pleut tout le temps en Normandie, alors ...

Entre-temps, Daniel rentre à son tour dans le salon, un verre d'eau à la main. En me voyant, il me questionne du regard, et Esteban répond pour ne pas me déranger. Ses yeux semblent alors moins confiants et plus sombres. Il va poser son verre sur la table et agrippe une chaise, tout en continuant de me suivre du regard. Il connaît tellement bien ... mais voir Dan réagir comme ça ne me détend absolument pas.

Au contraire ...

« Pas d'envie pour cette année ? » je relance poliment, tout en triturant le bas de mon T-Shirt pour rester un minimum stable.

« Malheureusement, il faut bien retravailler certaines choses ... en plus, avec l'obligation de poser des jours de fermeture d'usine pendant les congés, c'est difficile de s'organiser ... donc, il a bien fallu que je gère ce qu'il fallait. » me répond-t-il avec une voix neutre.

Je déglutis, son intonation ne me semble tellement pas ... naturelle. Comme s'il attendait un moment pour annoncer quelque chose. À côté de moi, Anthoine, Daniel et Esteban restent sur leurs gardes.

« Mais bon, on ne va pas s'attarder sur mon mode de vie de ces derniers jours ... complaire auprès de pilotes n'est pas la raison de mon appel ... pourtant très important et décisif. » et je sens qu'il insiste bien sur ces derniers mots.

Tout n'est pas perdu...[Formule 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant