Amour maudit

Curri & Romald : Son cri

« L'absence d'une chose, ce n'est pas que cela, ce n'est pas un simple manque partiel, c'est un bouleversement de tout le reste, c'est un état nouveau qu'on ne peut prévoir dans l'ancien. » -- Proust, cité par Kirsan.

SPOIL : CdE T1 à T5

Lors du tome 5 des Chevaliers d'Emeraude

Un groupe de dix Chevaliers est parti sur l'Île des Lézards pour secourir les femmes enlevées du Royaume de Cristal. Kira et Kevin sont du voyage.

Au Royaume de Zénor, la majorité de l'Ordre attend le retour des dix aventuriers, dont les Ecuyers de Kevin, Curri et Romald, car Wellan a ordonné que les apprentis n'accompagnent pas leurs maîtres.

Sélace, le sorcier-squale d'Amecareth, attaque les Chevaliers postés à Zénor, dans l'intention d'apprendre la position de Kira. Les défenseurs d'Enkidiev refusent de trahir la princesse sans royaume, sauf que Sélace retourne leur loyauté contre eux : il tue le jeune Curri sous leurs yeux.

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Les cœurs battaient si forts, les souffles s'accéléraient à un rythme effréné, les épées résonnaient d'un bruit métallique, les éclairs d'énergie vibraient comme le tonnerre... Pourtant, il n'entendait que le grincement des crocs et le ruissèlement du sang. Soudain, un cri déchira ses tympans. Il brisa ses os et détruit son âme. Il lacérait son corps et son cœur. Il était mort.

Sur la plage de Zénor, deux garçons s'embrassaient. Loin des adultes, les adolescents profitaient de leur liberté nouvelle. Ils étaient enfin seuls, il n'y avait plus qu'eux et l'océan. Ils s'allongèrent sur le sable fin, laissant le remous des vagues apaisait leurs sens. L'eau allait et venait dans une mélodie d'écume. Un regard, un dernier baiser, et ils sautèrent dedans en riant. Ils étaient insouciants, jeunes et amoureux.

Les sanglots s'étaient arrêtés, les souffles s'étaient calmés, plus rien ne résonnait, si ce n'est l'écho des pas d'un homme angoissé. Pourtant, Romald entendait toujours le cri de son ami. A travers les notes dissonantes, il ressentait la souffrance. Elle était si forte, comme cette voix assourdissante, la seule qui lui parvenait. Même ses propres sanglots ne l'atteignaient pas : Curri était le seul qu'il entendait. Il était mort.

Dans la cour du Château, deux Ecuyers riaient. Ils étaient assis côte à côte, leurs mains liées. Ils discutaient sans se préoccuper de rien : ils étaient ensemble et en étaient heureux. Leurs cœurs battaient la chamade, leurs rires résonnaient dans la nuit calme. C'était agréable de se sentir vivre. Puis, tout s'arrêta, le silence envahit la nuit. Plus un bruit, rien qu'un son unique : un cri horrible, son cri.