Chapitre 1

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Diego ! Descend tout de suite !

Et merde. J'ai pas fait la bouffe. Oups, j'ai comme qui dirait ''oublié''.

Je soupire en roulant des yeux et je lève mon cul de mon lit en me donnant enfin une bonne raison de quitter l'application du diable – TikTok – sur laquelle je scrolle depuis plus d'une heure.

Je descends les escaliers avec le pas lourds pour arriver dans le salon. Ma mère me regarde de l'encadrement de la cuisine, avec ses habits civil sur le dos. Les cheveux bruns rassemblés strictement à l'arrière de sa tête, la mine sérieuse et déterminé, ses yeux braqués sur ma personne en me reprochant de ne pas faire assez dans cette maison, on comprend rapidement pourquoi elle est flic. Un charisme naturel qui en ferait taire plus d'un, rien qu'en croisant son regard.

Fidel à moi-même, la seule expression que je suis capable de lui montrer, c'est de sourire comme si tout allait bien, ce qui à tendance à l'agacer.

— T'as pas fait à manger ? me réprimande-t-elle lacement.

— Oups, je réponds sans grande conviction en me rapprochant du « bar » qui sépare la cuisine du salon – à vrai dire, je ne sais pas si c'est un bar ou une murette, mais ce truc est là et il ne sert pas à grand-chose (à part à séparer la cuisine du salon).

Elle souffle en se redressant de la murette sur laquelle elle était accoudé et elle part plus à l'arrière de la cuisine, surement pour préparer le diner.

— Qu'est-ce que je vais faire de toi... Il est 22h et t'as même pas fait à manger, j'vais t'étriper un jour.

— C'est bon, je vais te faire des pâtes mamoun, je souris en allant la rejoindre dans la cuisine pour me préparer à faire des pâtes, repas très simple dont j'ai le don de réussir presque à chaque fois, sans me vanter.

Elle passe à côté de moi en faisant glisser sa main dans mes cheveux, elle sait que je déteste ça. Je recule d'un coup pour qu'elle arrête de me toucher les cheveux en lui lançant un regard désagréable, qu'elle ignore.

— Je vais me changer pendant que tu prépares un délicieux repas.

Elle disparaît de la cuisine pour aller dans la salle de bain – qui est à gauche de la cuisine. J'attrape une casserole dans un placard où j'y mets de l'eau et un peu de gros sel que je pose sur la plaque chauffante.

Ma mother revient plusieurs minutes après, quand les pates sont presque cuites. Elle est habillée d'un affreux pyjama qu'elle a l'accoutume de porter pour dormir. Celui-ci est particulièrement désagréable à regarder : un pantalon à carreaux orange et bleu et un haut blanc avec un gros chat orange provenant d'une bande dessinée nommé Garfield. Mais qui met ça pour dormir sérieusement ?

Elle vient s'accouder sur le bar-murette côté salon pour me regarder. Ses cheveux bruns sont encore mouillés par la douche, donc plus foncé que naturellement. Elle a de beaux yeux vert encore éclatants malgré ses quarante-quatre ans, mais je remarque qu'ils sont légèrement rougis. Son visage fin et claire est marqué par quelques traces rouges et une petite marque bleu sur le haut de la tête.

Comme un fils de sa mère, je n'ai pas beaucoup de point commun avec elle. Je n'ai pas son caractère posé, je n'ai pas sa patience, je n'ai rien qu'elle puisse avoir. Même physiquement, j'ai la tête typique d'un fouteur de merde – et c'est ce que je suis. Brun foncé, les yeux marron-vert, le visage parfait et un sourire à en faire craquer plus d'une. Je ne suis certainement pas le garçon que ma mère aurait voulu avoir.

— Alors ? Ta journée ? demandé-je tout en me foutant de sa réponse, c'est juste pour faire passer le temps et pour faire le lèche cul.

— Journée abominable, se plaint-elle. Il y avait une manifestation à Gestasse, horrible, on s'est fait exploser par les manifestants.

Une ancienne détenue dans ma maisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant