Chapitre 6

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Kendra

J'ai du mal à m'habituer à ce milieu, la maison des Wilson est très agréable et conviviale, et je m'y sens plutôt bien. Comme j'ai pu le faire hier matin, je prends mon petit-déjeuner sur la table de la cuisine. En camps de détention, on le prend dans nos chambre, et je trouve ce changement très déstabilisant mais agréable.

Je regarde un peu partout en admirant pour la deuxième fois depuis plus de trois ans, une cuisine. Elle est moderne, avec ses placards en bois brut et d'autre vernis d'un gris pâle ou de blanc. La table sur laquelle je déjeune est en bois clair, accrochée a l'îlot central avec un poteau en dessous pour la maintenir droite. Elle est entourée de trois chaises noir modernes avec des pieds en bois. L'îlot central a un plant de travail noir clair avec des placards blanc en dessous. Le mur à droite de l'ouverture salon-cuisine, là où a été construit un bar avec une surface en bois de 50 centimètres environ, est complété par une grande cuisine équipée. Derrière-moi, il y a une grande baie vitré qui amène de la lumière dans la pièce et qui mène à la terrasse des Wilson, qui est suivie d'un jardin délimité par une clôture simple avec un bel arbre, un petit potager et une cabane en bois.

En camps de détention tout est pourrie ou moisie et vieux, les portes grinces et même parfois ont du mal à se fermer. Ici j'ai l'impression d'être un peu comme dans un palace.

Je prends une gorgé de mon chocolat chaud délicieux en continuant d'admirer la pièce. Sylvie arrive dans la cuisine d'une tête endormie, elle a sa main qui masse légèrement ses côtes gauches, elle semble crispée.

— Bonjour madame Wilson.

— Bonjour Kendra. Je t'ai déjà dit de m'appeler Sylvie et de me tutoyer.

Je me contente de faire un petit sourire en prenant quelques gorgés de mon chocolat chaud que je me force à ne pas boire d'un coup pour en apprécier son goût chocolaté et sucré.

Elle s'avance vers le placard des bols et elle se fait couler un café avec la machine.

Cette femme est très gentille comparé à son fils. Elle est attentionnée et elle veut que tout aille bien pour moi, elle veut que je me sente le mieux possible ici. Toujours à me demander si j'ai tout ce qu'il me faut. Cette attention qu'elle me porte m'agace un peu. J'ai eu l'habitude de me débrouiller seule, et avoir Sylvie qui est aux petits soins avec moi me donne l'impression d'être vulnérable. Je sais qu'elle le fait de bon cœur, mais j'aime pas quand on me porte de l'attention.

— Tu as bien dormi ? me demande-t-elle poliment.

— Très bien, et vous ?

— Ouais, sans compter Diego qui a encore fait un cauchemar.

Je pose délicatement mon bol sur la table et je le remue avec une cuillère en regardant le carrelage gris pour éviter un contact visuel. Je lance quelques petits regards vers Sylvie pour voir son expression du visage.

— Comment ça ?

Elle souffle en se retournant vers moi pendant que la machine déverse le café dans son bol.

— Il fait des cauchemars à cause de son père. Il a vécu des choses horribles étant jeune avec lui... pas autant que toi, mais c'était quand même hard.

Le jeune Diego aurait peur de son père, si je comprends bien. On peut dire qu'on cache tous nos passés en essayant de l'oublier.

— Il lui a fait quoi ? si ce n'est pas indiscret.

J'ai envie d'en savoir un peu plus, puis si je dois habiter dans cette maison pendant quelques temps, c'est bien de savoir ce qu'il a pu se passer dans cette famille.

Une ancienne détenue dans ma maisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant