Chapitre 2

66 7 8
                                    

Ce matin, je me lève vers midi, ce qui est une heure largement acceptable quand on s'endort à 3h. Quand je descends les escaliers en bois, torse nue, comme à mon habitude, j'entends deux voix féminines parler dans la cuisine. Ah... c'est vrai... j'avais oublié...

Je distingue très correctement la voix de ma mère, toujours à parler de tout et de rien, une vrai pipelette – avec sa voix aigüe, limite stridente quand elle hausse le ton. Et il y a une autre voix, une voix plus douce mais légèrement grave, elle est timide et ne parle que très rarement pour exclamer de courte phrase. C'te meuf n'a certainement pas la trentaine, je ne vois pas du tout quel âge elle peut avoir. Je n'arrive pas à rapprocher cette voix à une tête de prisonnière. Ce qui est sûr, c'est que c'est une jeune fille qui n'a pas plus de la vingtaine. Comment c'est possible ?

En arrivant dans le salon, j'aperçois les deux filles dans la cuisine. Ma mère, naturellement adossé au plan de cuisine, en face d'une fille bien plus jeune et plus petite adossée à l'îlot central, dos à moi. Je beugue complètement sur elle. Je ne vois que ses cheveux lâches châtain clair et ondulées qui descendent de trois centimètres après ses épaules et... ses épaules... qui ont l'air d'être bien trop développées pour une simple meuf.

Quand je rentre dans la cuisine, ma mère me regarde avec un grand sourire. La fille se retourne vers moi en voyant que ma mère ne fait plus attention à elle et qu'elle regarde l'entrée de la cuisine.

Le choc. Attend... c'est possible d'être allé en prison en étant aussi jeune ?! C'est pas possible. J'en suis sûr qu'elle n'est même pas majeure !

Elle a des yeux marron foncé, limite noir, et un visage acnéique, des fines lèvres et un nez bossé. Je peux voir sous son tee-shirt qu'elle a des épaules aussi large qu'un garçon et ses manches courtes dévoilent des bras marqués par des muscles. Son short de sport montre des jambes, elles aussi musclés, qu'on pourrait assimiler à des poteaux. Elle a la peau légèrement mate, enfin bronzé claire, caramel clair. Malgré ses muscles – qui sont désagréable à voir chez une fille –, elle doit avoir un beau corps sous ce tee-shirt, mais malheureusement pour elle, je n'aime pas les filles musclés.

Elle m'observe de ses yeux sombre, sans dévoiler aucun sentiment.

— Alors, Kendra, voici mon fils, Diego, présente ma mère. Et Diego, voici Kendra Owell.

— Mais t'as quel âge ?! m'exclamé-je.

Elle se sent soudainement gêné par mon manque de tact.

— Euh... bonjour Diego, commence-t-elle timidement d'une petite voix en évitant mon regard. Et... euh... j'ai dix-sept ans.

J'ai le droit au regard noir de ma mère, mais j'm'en fiche, je n'y prête pas attention.

— Non mais ça va Diego ? fait ma mère avec un ton plus sec. T'as pas l'impression de déranger en disant ça ?

J'ignore sa remarque, je dis ce que je veux. Puis, de toute façon, j'ai bien le droit de parler avec notre nouvelle arrivante, puisque j'ai l'impression qu'on va devoir cohabiter ensemble.

— Genre ! Et t'es aller en tôle en étant mineur ?!

Son visage se décompose, elle se perd dans sa tête et elle s'en va de la cuisine en m'esquivant.

Wow... ça, pour une surprise, c'est une surprise. Ma mère a osé prendre une meuf mineur qui est aller en tôle ! Mais qu'est-ce qu'elle a fait pour partir en tôle à cette âge-là ? C'est pas possible !

Je connais la prison pour mineur, ça existe, mais quand on voit sa gueule et sa timidité, on a du mal à croire qu'elle ait pu aller en tôle. Elle a pas un gueule d'emmerdeuse ou de fouteuse de merde, elle a plus l'air d'une fille calme et posé qui se fait petite. Qu'est-ce qu'elle a bien pu faire ?

Une ancienne détenue dans ma maisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant