MAIA
Le jour où je revois Hélios, c'est parce que je n'ai pas le choix.
Daphné étant en froid avec sa copine, mon très cher voisin et moi devons jouer les intermédiaires avec plus ou moins de plaisir. Après avoir trouvé sur le pas de ma porte un papier écrit de la main d'Allison sur lequel il était écrit « rends-moi la Switch !!!!!!!!!!!! » – sachez que je vous ai déjà épargné un certain nombre de points d'interrogation –, je n'ai pas eu le choix que de le redéposer près de la maison d'en face avec la réponse de Daphné. Celle-ci était super amicale :
« Non ».
En tout cas, j'ai décidé qu'il était temps que ça s'arrête. J'aime Daphné de tout mon cœur et je n'apprécie pas spécialement sa petite-amie, mais la voir regarder dans le vide à longueur de journée me déprime. Déjà que d'ordinaire je suis légèrement suicidaire, mais alors là j'ai souvent envie de tirer la queue du chat pour qu'il me griffe volontairement le visage.
En bref, j'ai décidé qu'il fallait régler les choses. Le truc c'est que pour ça, il me faut malheureusement l'aide du type d'en face.
— Salut, dis-je lorsqu'il ouvre la porte.
Il a l'air extrêmement surpris de me voir sur le pas de sa porte. Tellement d'ailleurs qu'il me fixe un bon moment avec un air ébahi, ses yeux noirs ronds comme des soucoupes et la bouche entrouverte.
Je ne lui en veux pas, je comprends que ce soit surprenant ; moi qui sonne chez quelqu'un et qui cherche volontairement à avoir un contact social avec un autre humain, on dirait que ça sort tout droit d'une réalité parallèle.
— Salut, finit-il par répliquer. Ça va ?
— Très bien, merci.
Un léger silence inconfortable s'installe et nous nous fixons sans rien dire. Il pince légèrement les lèvres et pour passer le temps, je m'attarde un peu sur sa mâchoire bien dessinée et sur les boucles noires qui dépassent de la casquette vissée à l'envers sur sa tête.
Puis, soudain, je réalise ce qui coince et m'exclame :
— Oh, désolée ! Et toi, ça va ?
Il esquisse un sourire amusé, visiblement content que j'ai enfin compris ce qui manquait – à savoir, moi qui lui retourne la question et fais semblant d'en avoir quelque chose à foutre. Merde, pourquoi est-ce que je ne comprends rien à la sociabilité ?
— Ça va, merci de demander, blague-t-il.
Je détourne le regard en croisant les bras sur ma poitrine, mon pied tapotant nerveusement la marche sur laquelle je suis installée, debout devant la porte.
— Désolée, je suis nulle en relations humaines, avoué-je.
— Oh, et moi qui croyait qu'on avait uniquement l'amour des chats sauvages en commun !
Il me sourit, tellement d'ailleurs que j'ai presque envie de rire. Je me demande s'il est toujours comme ça ou s'il se transforme en boule de joie et d'humour juste quand je suis dans les parages.
— Euh, je venais pour essayer de régler les choses entre Allison et Daphné, finis-je par dire. Ces deux-là ont un égo surdimensionné et elles n'iront jamais l'une vers l'autre, alors je propose qu'on les force à le faire.
Il arque un sourcil.
— « On » ? Je croyais qu'en tant que femme forte et indépendante, tu ne me demanderais jamais d'aide.
Je fixe le bout de mes Converse, un sentiment étrange me prenant à la poitrine. Je ne sais pas si c'est de l'humour ou s'il le pense vraiment mais dans les deux cas, je trouve ce constat assez réaliste.
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GRENADE
Teen FictionAprès cinq ans d'absence, Maia est contrainte de revenir dans le village qu'elle a quitté quand elle avait seize ans. Là-bas règnent les démons de son ancienne vie et surtout, la raison pour laquelle elle est partie... De son côté, Hélios n'a jamais...