19| Le power-point

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MAIA

Maia : Je suis désolée.

Je relis une énième fois mon message, confortablement calée sur les multiples oreillers calés sur le lit de ma tante. Encore une fois, il me paraît trop simple, trop idiot, pas assez percutant et surtout, pas assez convaincant. Il va croire que je me fous complètement de ce que je lui ai fait, ce qui est tout sauf le cas.

Aussi, j'efface tout et fait une nouvelle tentative...

Maia : Pardon d'être partie après notre baiser. Je crois que j'ai besoin de comprendre si je peux enfin réussir à m'aimer avant de me lancer dans quelque chose avec toi.

... que j'efface aussitôt. Sérieusement, je comprends mieux pourquoi j'ai eu sept au bac de français ; je ne sais pas aligner trois mots sans avoir l'air d'une folle beaucoup trop intense.

Je pousse un soupir qui fait voleter quelques mèches brunes devant mon visage. Elles retombent le long de mes pommettes tandis que je m'enfonce plus profondément dans mes coussins, le cœur lourd.

J'ai enfin compris qu'il était temps de changer mon rapport à moi-même et je suis très fière de mes efforts, mais je regrette d'avoir fait de la peine à Hélios au passage. Une voix dans mon cœur me hurle de ne pas le laisser filer mais une autre, celle que je dois justement combattre, me dis que je n'en vaux pas la peine de toute façon.

Au moment où je m'apprête à rédiger un nouveau message, j'aperçois trois petits points apparaître du côté d'Hélios. Mon cœur loupe un battement et je quitte la conversation en deux secondes top chrono avant de balancer mon portable de l'autre côté du lit.

Merde, merde, merde.

C'est un putain de signe subliminal. Pourquoi est-ce qu'il pense à moi en même temps que je pense à lui, d'abord ? Il est brillant, et génial. Il a tellement de choses plus intéressantes que ça à faire.

Je fixe l'écran de mon portable du coin de l'œil en me rongeant les ongles, stressée. Quand celui-ci s'allume enfin, signe qu'il m'a envoyé un message, mon cœur sursaute et je décide de compter jusqu'à dix dans ma tête avant de me jeter dessus pour regarder ce qu'il a écrit.

Hélios : Regarde par la fenêtre.

Je relis le message plusieurs fois, tremblante. Pitié, faites qu'il ne m'attende pas en bas de chez moi. Je ne supporterai pas de devoir m'expliquer avec lui ; je ne suis pas assez courageuse pour lui dire droit dans les yeux que je suis complètement en vrac et que même un type aussi génial que lui ne pourra jamais me réparer. Je ne pourrais jamais oser lui dire qu'il n'y a que moi pour remplir ce rôle mais que ça ne m'empêche pas de ressentir des choses étranges à son égard. Je...

Oh mon dieu non, je n'oserai jamais dire tout ça.

Les mains moites, je me lève lentement de mon lit et quitte la chaleur de ma couette pour m'approcher de la fenêtre. Je m'en approche tout doucement, avec méfiance, presque comme si j'avais peur qu'il ait le nez collé derrière, prêt à me sauter dessus.

Mais une fois devant, je réalise que ce n'est pas le cas. Hélios n'est pas juste derrière ma fenêtre de chambre à m'attendre, et je ne le vois pas non plus planté devant mon portail. Mais alors, où est-il ?

Au même moment, mon portable vibre dans ma main. Le sang bat à mes tempes quand je lis une simple phrase :

Hélios : Lève les yeux.

Je fais ce qu'il me dit et cette fois, je croise enfin son regard. Il est de l'autre côté de la rue, dans sa propre chambre, et me regarde à travers son velux. J'aperçois une silhouette derrière lui mais je n'arrive pas à deviner de qui il s'agit – probablement sa sœur ou Daphné, j'imagine.

GRENADEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant