MAIA
C'est aujourd'hui que je vais récupérer les papiers de la vente de ma maison.
Sans trop savoir pourquoi, je n'ai prévenu personne ; ni quand je les ai signés définitivement la semaine dernière, ni quand j'ai appris que je devais venir les chercher aujourd'hui. Bizarrement, je crois que j'avais envie d'être seule.
Enfin, pas tout à fait seule ; tout au long de ces moments, j'ai senti que ma tante était là, près de moi. Je pensais à ses yeux rieurs, ses mains de bricoleuse et ce menton brusqué et caractériel qu'on se transmet dans la famille de génération en génération. Je pouvais presque l'entendre me souffler à l'oreille qu'elle était fière de moi et rien que pour ça, tout allait bien.
J'étais calme. Paisible. Rassurée.
La vente est finalisée, j'ai accompli ma mission.
Depuis que je suis sortie de chez-moi, j'ai l'impression que mes pieds me guident tous seuls jusqu'à l'agence immobilière. Ils savent où ils doivent aller et ils font tout le travail, mon cerveau étant trop occupé à mémoriser chaque recoin de cette ville. Une partie de moi, celle qui reste encore flippée à l'idée de se concentrer sur le positif et de ne pas imaginer le pire pour éviter d'être déçue, a peur que je parte encore pour longtemps et que cet endroit me manque.
Tandis que je m'approche de l'agence, je remarque au dernier moment que Barbara se tient devant la porte et discute avec une femme. J'étais tellement occupée à regarder les différentes pelouses du quartier que j'ai à peine remarqué que j'étais arrivée.
— Salut, dis-je doucement en me plantant face à elle.
— Salut ! répond Barbara avec un grand sourire.
Ses cheveux sont légèrement plus courts qu'avant, plus bouclés aussi. Leur couleur auburn est un peu plus prononcée et elle a maquillé ses lèvres d'un rouge à lèvres couleur prune assorti à sa robe. Tous ces changements lui vont à merveille.
Je m'apprête à le lui dire quand elle s'exclame joyeusement, les mains tendues vers la personne qui se tient à sa gauche :
— Oh, Maia, je te présente Callisto. Et Callisto, voici Maia. Je viens de vendre sa maison.
Je me tourne enfin vers la jeune femme, qui me lance un immense sourire. Celui-ci étincelle d'une drôle de façon, presque trop. Je ne sais pas si c'est son air bienveillant, ses yeux en amande pétillants de malice ou ses fossettes adorables mais aussitôt, elle me fait penser à ces filles à la fois belles et intelligentes que l'on voit dans les pubs inclusives pour le savon.
— Ravie de te rencontrer, dis-je en serrant sa main.
— Moi aussi. Et félicitations pour ta maison ! ajoute-t-elle précipitamment d'une voix enjouée. Je trouve ça génial d'oser se bouger pour vendre un bien immobilier, surtout que ce n'est pas toujours facile – enfin, je me doute qu'avec Barbara ça doit faciliter les choses parce qu'elle a l'air très sérieuse et impliquée mais tout de même, ça reste un gros investissement auquel on pense toute notre vie, et...
Elle s'interrompt d'elle-même sans prévenir, les yeux écarquillés.
— Chose à ajouter sur la liste des règles entre nous : il ne faut pas hésiter à me le dire quand je parle toute seule, dit-elle ensuite d'un air embarrassé dans la direction de Barbara.
Celle-ci arque un sourcil, amusée.
— Pas de problème, c'est noté.
Les deux femmes échangent un sourire sincère, juste avant que la dénommée Callisto annonce devoir s'en aller pour réussir à avoir à temps son RER pour rentrer chez elle. Dès qu'elle nous dit définitivement au revoir, je la regarde s'éloigner dans la rue en arquant un sourcil avant de demander :
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GRENADE
Fiksi RemajaAprès cinq ans d'absence, Maia est contrainte de revenir dans le village qu'elle a quitté quand elle avait seize ans. Là-bas règnent les démons de son ancienne vie et surtout, la raison pour laquelle elle est partie... De son côté, Hélios n'a jamais...