17| La révélation

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HÉLIOS

Oh. Mon. Dieu.

Dîtes-moi que j'ai mal entendu. Pitié, quelqu'un, dîtes-moi que j'ai mal compris !

Je cligne des yeux plusieurs fois, complètement paralysé. Heureusement, malgré mon état de choc avancé, j'ai tout de même la présence d'esprit de ne pas lui demander si c'est une blague.

Lentement, je me laisse retomber sur le banc des gradins tandis que Maia continue d'applaudir, les yeux humides. Je ne remarque que maintenant la fierté qui en déborde... et surtout l'amour.

Des tonnes et des tonnes d'amour. Un amour que pourtant, je pense être l'un des seuls à connaître.

Je me repasse sa révélation en boucle tout le reste du spectacle, qui dure encore une bonne heure de plus. Les danses s'enchaînent et tous les petits sont adorables, mais j'avoue que j'ai décroché.

Putain, et dire que je comptais lui faire ma grande déclaration ce soir ! Il faut croire qu'on est un peu plus reliés qu'on ne voudrait le croire, tous les deux. Sérieusement, c'est quoi ce timing ? Quelle était la probabilité qu'on décide tous les deux de vider notre sac le même soir ? Probablement très faible, j'en suis sûr. Dans tous les cas, maintenant que son aveu est sorti, je n'ai plus le choix que de taire le mien.

Pas parce que je ne le pense plus, mais parce qu'il y a plus important à gérer.

Quand le final a lieu, Maia se lève de nouveau pour applaudir, les yeux rivés sur la petite fille qu'elle m'a désignée tout à l'heure. Je ne fais que la regarder, moi aussi.

Elle semble minuscule à côté des préados qui ont tenté une danse contemporaine en début de spectacle. Son petit justaucorps et sa jupette transparente la rendent mignonne à croquer et même d'ici, je remarque qu'elle a de vraies joues à bisous. Mais ce que je vois le plus, c'est ce menton brusqué que j'ai vu tant de fois. Sur Félicia d'abord, au long des deux années où elle a été ma voisine, puis sur Maia depuis son arrivée il y a maintenant deux mois.

C'est complètement fou, cette histoire.

Quand les lumières se rallument, les enfants s'éparpillent et courent rejoindre leurs parents dans les gradins. Une effervescence que j'ai rarement vu à Bellevue prend possession de la salle et tout le monde se lève, parle fort et rassemble ses affaires. Maia, elle, est déjà en train de s'éloigner vers les escaliers.

— Viens ! m'appelle-t-elle avec un geste de la main.

Complètement engourdi, je secoue la tête et m'élance à sa poursuite. Nous descendons les escaliers en deux temps trois mouvements et bien vite, nous arrivons en bas. Maia fait un signe de tête à je-ne-sais-qui et quelques secondes plus tard, une femme blonde ainsi qu'un grand type brun nous rejoignent.

— Bonsoir ! s'exclame la blonde avec un grand sourire.

Elle doit avoir à peine plus de trente ans et me fait penser à ce genre de mère formidable clichée qu'on voit dans les films : cheveux blonds et lisses attachés à l'arrière de la tête avec une pince noire, grand sourire aveuglant et odeur apaisante et chaleureuse. Je parie qu'en plus de tout ça, elle aime cuisiner et faire de longues balades en forêt.

— Je me suis installée en hauteur, comme convenu, répond Maia en accompagnant sa phrase d'un hochement de tête entendu.

— Et tu es venue avec un ami... ? demande la femme d'un air curieux en me pointant du menton.

Maia me lance un regard furtif, les joues roses. En ce qui me concerne, je suis encore trop surpris pour être gêné par quoi que ce soit et me contente d'acquiescer tandis qu'elle me présente :

GRENADEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant