11| Les travaux

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MAIA

C'est aujourd'hui qu'Hélios et Barbara viennent faire les travaux chez moi.

Enfin, pas seulement eux : selon Barbara, ils sont censés être une quinzaine à venir. Toujours selon elle, il faut beaucoup de main d'œuvre pour le chantier avance au plus vite. Elle a ponctué son SMS de plusieurs smileys joyeux et m'a répondu avec trois fois plus d'emojis lorsque je lui ai demandé ce qu'il fallait que je prépare avant qu'ils arrivent.

Barbara : Rien, à part la maison ! Mais ça, ça ne devrait pas poser trop de problèmes 🙂🙂🙂🙂🙂🙂🙂🙂🙂

Bref, Barbara est une vraie boule de joie et de gentillesse et ça me fait rager parce que moi, je suis en train de la détester de m'avoir convaincue d'organiser un truc pareil chez moi.

En réalité, quand j'y repense, c'est plutôt Hélios qui m'a convaincue : c'est lorsqu'il s'est mis à défendre le projet que j'ai fini par accepter. Je crois que c'est parce que je souhaite que les choses redeviennent comme avant entre nous : bizarres et maladroites, mais pas tendues – sauf quand je suis odieuse, ce qui arrive malheureusement relativement souvent. Je sais qu'il a été déçu d'apprendre que j'étais une fuyarde, mais j'espère qu'il va réussir à passer au-dessus. Après tout je ne le connaissais même pas à l'époque et quand j'y pense, c'est d'ailleurs une très bonne chose. Avant, quand tout allait bien dans ma vie, j'aurais pu tomber amoureuse d'un type comme lui.

J'étais bête, à seize ans. Très bête.

— Arrête de courir partout, me dit Daphné d'un ton maternel qu'elle emploie avec moi un peu trop souvent à mon goût. La maison est déjà rangée de fond en comble, et tu as déjà installé les bâches et les scotchs de protection alors que personne ne t'a rien demandé. Sérieusement, tu en as déjà fait beaucoup trop.

Je ne le lui dis pas, mais j'ai failli faire les travaux moi-même cette nuit. Au moins, ça m'aurait évité d'avoir à accueillir tout ce monde chez moi aujourd'hui.

— Attends, tu es vraiment stressée ? enchaîne-t-elle en me tapant sur la main pour m'empêcher de me ronger les ongles.

— Oui, réponds-je. Ça m'angoisse de me dire qu'il va y avoir autant de monde chez moi.

— Chez toi ou près de toi, tout simplement ? me taquine-t-elle.

Je me renfrogne.

— Les deux, probablement.

Daphné me lance un sourire adorable qui lui fait froncer le nez.

— J'en étais sûre. Personne ne va te manger, je te le promets, ajoute-t-elle gentiment. Tu n'auras qu'à rester collée à moi toute l'après-midi en te contentant de rire aux blagues des gens et de boire de la bière. Tu vas passer inaperçue.

J'hausse les épaules, ce qui pousse Daph' à m'attirer vers elle. Elle me serre longuement dans ses bras, contact qui me rassure. Même si j'aime être dans mon coin, je remarque que j'ai de plus en plus besoin de contact affectif. Chaque fois que ma main frôle celles de la caissière quand je fais mes courses, je suis à deux doigts de pleurer de joie.

— Tiens, les voilà ! s'exclame soudain Daphné.

Le temps que je me retourne, elle est déjà plantée devant la porte grande ouverte pour accueillir tout le monde. Pour l'occasion, elle a relevé ses longs cheveux blonds en queue de cheval et porte un short de sport sous un immense t-shirt de pyjama. Ce qui est agaçant c'est qu'elle est canon, comme toujours. Seulement, ça, je crois que ça provient surtout de son sourire contagieux qu'elle ne quitte jamais.

GRENADEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant