MAIA
— Oh mon dieu, Maia !
Je fais volte-face, mon cœur ayant loupé un battement. Daphné me lance un regard choqué, une main sur la poitrine.
— Tu as... mis une robe ??! s'exclame-t-elle, visiblement au comble de la surprise.
Je la fixe une seconde en silence... Puis me mets à gémir en retirant une bretelle, puis l'autre. Daphné se précipite sur moi pour m'en empêcher en s'écriant :
— Arrête, qu'est-ce que tu fais ? Tu es sublime, Mai' !
Je secoue la tête.
— On dirait que je me suis déguisée. Ça me ressemble pas, de mettre ce genre de trucs. On dirait... Une madame. Je te jure, je me sens vraiment bête.
— Pourtant, on dirait que tu en as porté toute ta vie, dit-elle en se reculant légèrement pour mieux me regarder. Sérieusement, tu es incroyable. Tu devrais vraiment en porter plus souvent.
Je repositionne ma bretelle, les yeux attirés par mon reflet dans le miroir.
Quand Daphné m'a invitée à ce gala de pré-rentrée, ma première réaction a été d'éclater de rire à l'idée qu'elle ait pu croire une seconde que m'emmener dans son université pour me présenter à des tas de gens de notre âge que je connaissais – pour la plupart – il y a des lustres était un concept génial. Puis, elle m'a énoncé tout un tas d'arguments que j'ai été forcée de prendre en compte... et mon avis a un peu changé.
« — Non seulement il y aura de la bouffe raffinée et du champagne gratuit à volonté mais en plus, c'est un gala relou donc personne ne va danser – et ça, je sais que tu détestes. Et si tu te fais bien voir, tu pourras peut-être même réussir à choper un badge du campus pour pouvoir y accéder quand tu voudras. Étant donné qu'ils ont un local à matériel qu'ils mettent à la disposition des élèves ça pourrait t'être utile pour tes travaux, non ? »
Non seulement ses arguments étaient valables mais en plus, je n'avais pas la force de me battre. Et bien que je sois revenue à Bellevue depuis plus d'un mois, je n'ai pas eu l'occasion de passer tant de temps que ça avec Daphné. Elle a beaucoup de mal à se faire à l'idée que je doive repartir dans moins de deux mois, et je m'en veux déjà en pensant qu'elle va de nouveau se sentir abandonnée et ce par ma faute.
Aussi, je crois que je lui devais bien ça... Alors j'ai accepté de venir. Et de mettre une robe, de surcroît.
— Tu es sûre que ce n'est pas ridicule ? lui redemandé-je en fixant mon reflet d'un air anxieux.
— Maia, je t'en prie ! Je te l'ai dit, tu es parfaite. Et puis, le marron te va super bien. Sérieusement, tout le monde va te regarder tellement tu es jolie.
Je fronce les sourcils, légèrement paniquée.
— Euh non, j'ai rien dit, personne ne va te regarder ! se reprend Daphné. Justement, tu vas passer inaperçue.
J'esquisse un sourire, touchée qu'elle essaie de me rassurer. Je l'ai déjà prévenue que je la suivrais comme un toutou toute la soirée – et elle a accepté, évidemment – mais sentir qu'elle me soutient réellement de A à Z me soulage. J'ai beaucoup de chance de l'avoir.
— Tu es très belle, toi aussi, commenté-je ensuite en balayant sa tenue du regard.
— Alors là, sache que c'est seulement pour matcher ton énergie !
Nous échangeons un sourire complice avant que je n'attrape sa main pour la faire tourner sur elle-même, mimant des bruits de paparazzi. Je n'ai même pas besoin de me forcer : elle est tout simplement sublime, et c'est un fait de notoriété publique. Elle a ondulé ses longs cheveux blonds, maquillé ses yeux d'un fard à paupière couleur vieux rose à paillettes qui fait ressortir ses yeux bleus et a enfilé une robe bouffante blanche à carreaux vert pâle.
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GRENADE
Roman pour AdolescentsAprès cinq ans d'absence, Maia est contrainte de revenir dans le village qu'elle a quitté quand elle avait seize ans. Là-bas règnent les démons de son ancienne vie et surtout, la raison pour laquelle elle est partie... De son côté, Hélios n'a jamais...