23| Les sentiments

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MAIA

— Tu vas te faire défoncer par Daphné.

Hélios est à peine entré chez lui. Il n'est pas surpris de m'y trouver : je l'avais prévenu que je passerai l'après-midi ici avec ma meilleure amie. Ce qui a l'air de plus le surprendre, en revanche, c'est la phrase avec lequel je l'ai accueilli – à juste titre.

— Bonjour à toi aussi, dit-il avec un sourire amusé en déposant sa doudoune sans manches sur le dossier de l'un des tabourets de bar alignés dans la cuisine.

Je souris à mon tour quand il se plante derrière le canapé et se penche pour m'embrasser sur la bouche. Je me contorsionne un peu, mais on y arrive.

— Alors, pourquoi est-ce que Daph' veut me tuer ? demande-t-il ensuite en retirant ses chaussures.

Je ramène mes genoux contre ma poitrine en le regardant s'affairer dans l'entrée. Il a le bout du nez légèrement rouge par-dessus sa peau caramel, signe qu'il doit faire encore plus froid dehors que depuis que je suis arrivée en début d'après-midi. Je l'imagine bien frictionner mes mains pour les réchauffer, avec un temps comme ça.

— Il paraît que tu as séché les cours, hier.

Même du canapé, j'aperçois Hélios se raidir légèrement.

— Comment est-ce qu'elle sait ça ? demande-t-il en plissant le front.

— La fac a appelé sur le fixe pendant que j'étais là. Ils cherchaient à joindre ta sœur, qui est apparemment inscrite comme la personne à appeler en cas d'urgence sur les papiers scolaires.

— Pff, grogne-t-il. Sérieusement, l'administration abuse ; j'ai plus douze ans.

— Ouais, mais tu sèches les cours comme un gosse de douze ans.

Il me tire la langue tandis que je lui réponds d'un sourire taquin. Je me lève pour le rejoindre, nous retrouvant face à l'autre près du plan de travail.

— Elle doit être vraiment furax, dit-il d'un air presque flippé en enroulant ses bras autour de moi pour m'attirer contre lui.

— Elle l'était tellement qu'elle est partie courir pour se calmer. D'après elle, tu es, je cite, « un gamin irresponsable et idiot qui fout en l'air un avenir qui aurait pu être brillant ».

Hélios s'esclaffe dans mon cou. Il a l'air de ne pas me prendre au sérieux.

Mais comme je ne veux pas gâcher sa bonne humeur, je vais éviter de lui dire que Daphné a promis de lui foutre une raclée en rentrant. Je crois qu'elle prend la scolarité d'Hélios très au sérieux.

La bouche du brun se pose soudain sur la mienne, douce comme une plume. Je l'accueille avec plaisir et pose mes mains sur ses joues, qui sont aussi fraîches que je l'imaginais.

Au bout d'un moment, le brun glisse ses bras jusqu'à mes cuisses. Je m'élance légèrement en avant pour qu'il puisse me soulever et me porte jusqu'au plan de travail, s'immisçant entre mes jambes.

— Tu étais où hier ? murmuré-je entre deux baisers.

Il m'embrasse l'épaule tandis que mes mains s'infiltrent sous son t-shirt. Il a le dos gelé, mais je m'en accommode.

— Nulle part, répond-t-il en faisant passer mon pull au-dessus de ma tête. Je ne voulais juste pas aller en astrophysique.

Je retire son propre t-shirt, le laissant désormais torse-nu. Sa peau bronzée est lisse et ses grains de beauté forment des constellations sur son torse.

GRENADEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant