Sombre Faerie

Chapitre 3 : Cayla

Qui est cet homme ? J'essaie vraiment de focaliser mon regard ailleurs, mais pour ce qui me semble être la millième fois, je sens, malgré tous mes efforts, mon attention retombée sur lui. Je le contemple presque avec avidité. Quelque chose chez ce fae capture mon intérêt et je n'arrive pas à en décerner la cause. Serait-ce ce contraste entre ses yeux noirs, sombres comme le charbon, et ses cheveux châtains presque blonds ? Ou, peut-être, suis-je attirée par ses nombreuses cicatrices qui marquent pratiquement l'entièreté de ses avant-bras ? Hm... Ou, alors, il s'agit peut-être de ces tatouages étranges qui ornent une partie de son visage ? Ces derniers se composent de diverses petites formes tribales, couleur bleu nuit. Ils partent de son front et se prolongent sur le haut de la partie droite de sa figure. Alors que je reste subjuguée par tous ces dessins, les yeux du fae sont fixés au mien.

Soudainement, ses lèvres s'étirent et je sens tout mon corps se raidir. Quelque chose cloche. Son sourire sonne faux. Un frisson me traverse le corps et ma curiosité est encore plus forte.

— Il s'appelle Aron.

Je sursaute et me retourne vers ma voisine de table.

— C'est notre grand frère à Winter et moi, me révèle Lyra. Il t'intéresse ?

— P-pardon ?

— Tu es bien célibataire ? demande-t-elle en se penchant vers moi.

Alors, elle, sa curiosité n'a vraiment pas de limite !

— Sans vouloir te vexer, je ne pense pas que ça te regarde, riposté-je, crispée.

La tête posée sur son poing, Lyra m'observe un long moment sans rien dire. Ne l'entendant plus parler, mes yeux partent distraitement sur les contours de la grande pièce dans laquelle nous nous trouvons. Le lierre a envahi tout ce qui était à sa portée et je ne trouve pas un seul mur épargné par cette plante envahissante. Dans certains coins, je retrouve même des roses rouges entourées par leurs épines. Elles grimpent avec acharnement le long de certains murs et donnent un côté enchanteur et mystérieux à la pièce.

Ici, la nature est partout. C'est déstabilisant. Depuis que nous avons débarqués en Faerie, je ne cesse d'être émerveillée. D'abord, cela été la vue de ce gigantesque château en pierre trainant au milieu d'un creux de montagne, et maintenant, ça.

J'ai hâte d'en découvrir encore plus.

— Je peux te le présenter si tu veux, tu sais, lâche-t-elle, indifférente.

Revenant à la discussion, j'essaie de ne pas m'énerver. Je sais qu'à sa manière, elle essaie d'être gentille, mais toutes ses questions qu'elle me pose depuis tout à l'heure ont commencé à me mettre les nerfs à rude épreuve et j'ai maintenant du mal à la supporter.

— C'est gentil, mais non merci.

Silencieuse, Lyra concentre toujours son attention sur moi et penche la tête sur le côté avec un air pensif. Tout à coup, le brouhaha s'éteint et la salle entière parait s'immobiliser. Que se passe-t-il ? Mon regard voyage et finit par tomber sur deux personnes qui sortent du lot. Une femme et un homme aux traits légèrement asiatiques, habillées tous les deux d'un grand manteau en fourrure sans manche qui découvrent leurs avant-bras, s'avancent vers les trônes qui reposent au fond de la salle. Le roi et la reine, je suppose. Lyra m'a expliqué qu'ils nous accueilleraient avec un discours. Avec intérêt, je remarque qu'ils partagent eux aussi des tatouages du même style que l'autre fae. Y a-t-il une signification à ces dessins ?

— Bonjour à tous.

La clarté de la voix de la reine Maëllys résonne à travers toute la pièce, mettant en lumière la sérénité qui s'est installée depuis son arrivée. Les sourcils froncés, j'avance inconsciemment mon buste vers elle. Malgré moi, la reine a capté toute mon attention. Ses longs cheveux noirs ondulent le long de son visage et lui arrivent presque jusqu'au bas du dos.