Chapitre 18 : Cayla

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Je me retourne encore et encore dans mon lit. Malgré l'épaisseur et le confort du matelas, et la douceur des draps, je suis éveillée depuis quelques minutes et je ne parviens pas à retrouver le sommeil. Je suis crevée, et pourtant, impossible de m'endormir. Je grogne, agacée, et enfouis ma tête dans l'oreiller.

Je veux dormir, toutefois...

Malgré moi, mes pensées n'arrêtent pas de revenir à mon interlude avec le fae. C'était grandiose. Un sourire satisfait se dessine sur mes lèvres en sentant l'inconfort entre mes jambes, rappel de cette soirée mémorable. Aron a encore une fois surpassé toutes mes espérances et je ne regrette pas ma décision impulsive. Il a été incroyable.

Mais mes sourcils se froncent en me remémorant la fin de notre soirée. Lorsque nous avons repris des forces pour nous lever, j'ai trouvé le fae étrangement silencieux et... distant.

Quand j'ai émis le souhait de rejoindre les autres, il s'y est opposé fermement. Il a argué vouloir me faire visiter davantage le château avec ses différentes salles de bal, ses ailes... Je trouvais l'idée sympa, alors j'ai accepté. C'était agréable et j'ai passé un chouette moment. Nous avons été jusque dans les cuisines, où il m'a servi un rafraîchissement et où j'ai découvert une nouvelle spécialité de la Faerie.

En revanche, je grimace en tentant de me rappeler la suite.

Je garde en mémoire cette étrange fatigue qui m'a envahie. Face à mes nombreux bâillements, le fae m'a proposé de me raccompagner jusqu'à ma chambre, clamant que je ne manquerais rien d'important à la fête. J'ai acquiescé, épuisée. Le reste est un peu flou. Je me souviens qu'il a tenu sa promesse et m'a accompagnée jusqu'à mes appartements. Une fois arrivés, il me semble qu'il m'a laissée rentrer seule, et je me rappelle m'être dévêtue avec la tête embrumée avant de m'étendre sur le lit et de fermer les yeux brièvement. Puis, plus rien. Mon front se plisse en remarquant l'étrangeté de toute cette situation.

Soudainement aux aguets, je me redresse en position assise. Serait-il possible qu'Aron m'ait droguée à mon insu ?

Mon rythme cardiaque s'accélère, mais je secoue frénétiquement la tête.

— Il n'avait aucune raison de me forcer à dormir, raisonné-je avec moi-même.

Je ne vois vraiment pas quel mobile il aurait pu avoir... Je suis juste paranoïaque et j'étais peut-être simplement plus usée que je ne le pensais au départ.

Je hoche la tête, acquiesçant silencieusement à ma logique. C'est la réponse la plus sensée.

Calmée, je me recouche gentiment sur mon matelas et ferme les paupières, espérant pouvoir retomber dans les bras de morphée. Alors que mon esprit se vide et que je pense enfin avoir retrouvé assez de quiétude pour sombrer, j'entends des instruments entreprendre une musique familière.

C'est la chanson de l'autre jour. Elle recommence !

Mes yeux se réouvrent instantanément. Curieuse et à nouveau étrangement attirée par la mélodie, j'abandonne l'idée de me réendormir, me lève d'une traite, enfile en vitesse des vêtements et quitte ma chambre, bien déterminée à trouver les musiciens.

Sans même m'en rendre compte, mes pieds reprennent rapidement le chemin emprunté quelques nuits plus tôt. Je n'ai pas besoin de réfléchir, mon corps suit instinctivement les notes musicales. Les couloirs s'enchainent, sans que je ne ralentisse. Je tourne à droite, deux fois, puis à gauche, et me retrouve enfin devant la fameuse porte en bois, épaisse et couverte de ronces et d'épines.

Je reste figée un moment devant l'embrasure. Une soudaine froideur m'envahit, et ma peau se couvre de chair de poule. Les sourcils froncés, j'avance tout de même de quelques pas.

Sombre FaerieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant