Chapitre 21 : Aron

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Ma mâchoire se contracte et mes sourcils se froncent. Cette expression sur le visage de Cayla... Elle me perturbe. Je ne m'attendais pas à la voir exulter en découvrant ses origines faes, mais cette colère mêlée de déception et de tristesse ? Inacceptable. Et pourtant, une pression inhabituelle me serre la poitrine.

Bordel, toute cette situation est ridicule.

Je fais glisser une main dans mes cheveux, tâchant de rester impassible face à la détresse de Cayla. Pourquoi est-ce que je ressens... ça ? Ce malaise ? Je ne devrais pas. Je l'ai sauvée. C'est moi qui l'ai tirée d'un destin tragique et morbide. Elle est sous ma protection désormais. Mais malgré ça, je ne peux m'empêcher de sentir un soupçon de culpabilité.

Absurde.

Je secoue la tête, refusant de me laisser troubler.

La demi-fae ne comprend rien. Elle devrait être fière de cette part fae en elle. Il y a quelques jours encore, elle se dégoutait d'être faible, de s'être laissée dominer par des hommes pathétiques. Maintenant, elle découvre qu'elle est bien plus puissante que n'importe lequel d'entre eux. Une fois que je l'aurai aidé à éveiller ce côté fae, plus jamais elle n'aura à craindre qui que ce soit. Je la rendrai invincible.

Et pourtant, au lieu d'accueillir cette vérité, elle me fixe avec un regard lourd de reproches. J'avais anticipé un peu de résistance, mais pas à ce point.

— Tu peux me détester autant que tu veux, mais cela ne changera pas ta nature. Tu es l'une des nôtres.

Ma voix est glaciale. Cayla rit jaune, et un profond sentiment d'agacement me submerge.

— Crois-moi, Aron, je n'ai rien à voir avec vous.

Avant que je ne puisse répliquer, elle se détourne brusquement de moi et s'empresse de s'enfermer dans la salle de bain pour prendre ses distances. La porte claque bien fort derrière elle. Je grimace. De toute évidence, elle refuse encore d'accepter la nouvelle.

Je pourrais la suivre et demander à la Faerie de déverrouiller la porte, mais je pousse un soupir irrité et décide de la laisser se calmer.

Fatigué, je m'écroule sur mon matelas et reste un moment immobile, la tête tournée vers la porte close. En pleine contemplation, mon esprit s'égare. Je m'interroge sur la suite des événements et l'intégration de Cayla parmi les miens. Mon espèce est loin d'être accueillante envers les étrangers et je crains qu'ils ne considèrent son côté humain comme une faiblesse. Elle est encore très fragile et cela pourrait poser un problème.

Malgré moi, Cayla m'évoque une version plus jeune et plus innocente de moi-même. Tout comme le gamin que j'étais, elle est prête à tout pour protéger et retrouver ses proches, quitte à mettre en péril sa propre vie. Je comprends sa position, mais elle ne réalise pas encore que son destin s'est scellé dès qu'elle a franchi les portes de la Faerie.

Personne ne l'a forcée à venir ici. C'était son choix. Certes, elle n'imaginait probablement pas devenir prisonnière de ce monde, mais il est trop tard pour revenir en arrière.

Elle est des nôtres désormais. Sa vie est ici et il est temps qu'elle l'accepte pour pouvoir affronter ce qui l'attend. Son intégration ne sera pas facile, mais si Cayla me ressemble un peu, je sais qu'il serait dangereux de la sous-estimer. Cette femme est bien plus forte qu'elle ne le pense, et lorsqu'elle aura pris conscience de ce pouvoir, rien ni personne ne pourra l'arrêter.

Soudain, le silence persistant commence à peser lourd. En parlant de la sous-estimer... Méfiant, je me lève et me dirige vers la salle de bain, frappant à la porte. Aucune réponse. Mes poings se serrent. Elle n'aurait pas osé.

Sombre FaerieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant