Sombre Faerie

Chapitre 8 : Aron

— Tu es fâchée, constaté-je, indifférent.

Ma petite sœur me lance aussitôt un regard mauvais.

— Je suis furieuse, rétorque-t-elle, les bras croisés.

Je ne réponds rien et me contente de l'observer avec un rictus moqueur. Je ne vais pas mentir : voir ma sœur en colère me fait toujours autant plaisir. Elle s'énerve tellement facilement. Comment ne pas apprécier ça ?

Ma réaction semble ajouter de l'essence sur les flammes.

— Merde, Aron ! s'écrie-t-elle, en colère. Si tu as envie de la baiser, baise-la. Je n'en ai rien à foutre, mais tu n'as pas le droit de t'impliquer dans mon jeu et de changer mes plans ! J'ai une responsabilité et je compte la mener à bien !

Mon rictus s'agrandit.

— C'est mon tour, Aron ! Tu as déjà eu l'occasion de jouer ce rôle, mais désormais, c'est mon tour !

— Pas d'inquiétude, petite sœur. Je ne compte pas te mettre des bâtons dans les roues, déclaré-je plus sérieusement.

— Alors, à quoi tu joues ? m'interroge-t-elle avec une grimace.

— Je m'amuse, c'est tout.

La colère de ma sœur retombe aussitôt. Perplexe, elle m'observe curieusement.

— Tu t'amuses ? répète-t-elle, éberluée. Mais je croyais que ces jeux ne t'intéressaient plus ?

— C'était le cas, répondis-je simplement.

La tête penchée sur le côté, ma petite sœur parait maintenant bien intriguée.

— C'est à cause de ce qu'elle a dit hier sur ton sourire ?

Mes lèvres s'étirent. Je n'ai pas besoin de miroir pour savoir que mon sourire est tout sauf angélique à cet instant.

— Je comprends mieux maintenant, lâche-t-elle distraitement.

Toujours avec un air pensif, je la vois lentement rebrousser chemin pour rejoindre notre invitée. Sa tête se tourne toutefois dans ma direction.

— Mais ne t'avise plus de changer mes plans, s'écrie-t-elle une dernière fois en me pointant méchamment du doigt.

— On verra.

Les yeux verts de ma sœur s'assombrissent subitement.

— Aron, gronde-t-elle.

— Lyra, grondé-je sur le même ton, moqueur.

Poussant un soupir agacé, ma sœur opère un brusque demi-tour et me quitte sans un mot. Je ricane en la voyant faire.

La journée commence bien.

***

Quelques minutes plus tard, nous sommes en route vers la salle de séjour de nos amis à poils. Cayla et Lyra parlent ensemble tout le long du trajet. Je décide de les laisser faire et de ne pas empiéter encore davantage sur le terrain de ma sœur.

Je les écoute d'une oreille et note que l'humaine ne sait pas cacher son excitation à l'idée de rencontrer nos bêtes. Cela me fait doucement sourire. Je dois, malgré moi, avouer que Cayla n'est pas la seule à se réjouir. J'aime passer du temps avec nos amis canins et particulièrement avec Gravax. Mon loup.

Nous ne sommes peut-être pas de la même espèce, mais lui et moi sommes pareils. On se comprend sans un mot. Je sens mes lèvres s'étirer en pensant à notre dernière entrevue et jette un œil à la petite cicatrice qui en a résulté sur mon bras.