Chapitre 7 : Cayla

66 10 5
                                    

Ce matin, je me réveille avec une sensation de bien-être rare. J'ai l'impression que l'air de la Faerie me fait un bien fou.

Energisée, j'ai presque réussi à oublier l'étrange aventure de la veille et cette mystérieuse musique que je semble la seule à entendre. Mais inutile de ressasser cet événement, mieux vaut ne pas se torturer l'esprit avec ça. Rien ne peut gâcher cette journée radieuse.

Depuis que je suis debout, je suis l'incarnation même du positivisme. Même la voix de Lyra, habituellement si agaçante, ne suffit pas à effacer mon sourire.

La pauvre, si elle savait ce que je pensais d'elle...

— Bien reposée ? me demande justement celle-ci en observant mon air ravi.

J'acquiesce avec enthousiasme et enfile en vitesse une petite veste en cuir avant de la rejoindre hors de ma chambre.

— Je n'avais plus dormi comme ça depuis une éternité ! m'exclamé-je, joyeusement, dansant presque sur place.

— A ce point-là ? rigole-t-elle doucement.

Je hoche la tête et me tourne vers elle.

— Tu n'imagines même pas, commenté-je, heureuse. Et toi, comment vas-tu ?

— Bien, bien. Hum... J'ai croisé mon frère en te rejoignant. Il m'a dit t'avoir croisée hier soir ?

Rougissante, je sens la gêne monter en moi. Moi qui espérais oublier cette histoire... Je redoute désormais d'avoir enfreint l'hospitalité de mes hôtes en écoutant mon instinct et ma curiosité.

— Oui, je me suis un peu aventurée dans le château, confirmé-je en baissant les yeux. J'ai entendu... Enfin, j'ai cru entendre... Mais ça n'a pas d'importance ! En bref, je suis tombée sur Aron par hasard. J'espère que je ne t'ai pas attiré de problème avec ma petite escapade, ajouté-je maladroitement.

— Non, ne te tracasse pas. C'est juste dangereux de se promener comme ça la nuit. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose et puis...

— Et puis quoi ?

Les yeux de la jeune fille deviennent conspirateurs.

— Je voulais savoir... Que s'est-il passé exactement hier soir avec mon frère ?

Le ton inquisiteur de Lyra me hérisse le poil. Je reconnais qu'Aron est séduisant et qu'à chaque fois qu'on se rencontre, je suis bien tentée de parcourir mes mains sur son torse et avouons-le aussi un peu plus bas, mais je suis déterminée à garder ce voyage professionnel et à résister à la tentation des tablettes de chocolat et à l'odeur délicieusement boisé du fae.

S'il avait été humain, en revanche, il n'y aurait eu aucune hésitation. Je lui aurais sauté dessus, comme une affamée.

— On a juste discuté, rétorqué-je vivement, secouant la tête pour chasser les images irrésistiblement tentantes de mon esprit.

— Tu l'aimes bien, avoue, insiste-t-elle, amusée. Je comprends, c'est un bel homme.

Argh... Je veux mourir.

— Lyra, je t'en supplie, allons manger et oublions ton frère. Il est sûrement très gentil et charmant, mais il ne m'intéresse pas.

Je suis une pitoyable menteuse mais je préfère mettre fin aux idées d'entremetteuse de la fae. Mieux vaut éviter qu'elle... Son éclat de rire soudain m'interrompt dans mes réflexions et me fait sursauter. Les yeux écarquillés, je la vois poser brusquement ses mains sur sa bouche, choquée. Etonnée par sa réaction, ma tête se penche sur le côté. Je me demande ce qui a pu la faire glousser ainsi.

Sombre FaerieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant