Chapitre 22 : Cayla

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Les regards hostiles et curieux de la foule qui m'entoure me donne la nausée. J'essaie de ne pas y prêter attention et me force à avaler quelques bouchées de la nourriture devant moi, mais c'est loin d'être une mince affaire. La fae aux cheveux corbeaux, qui est venue m'injurier directement à notre table, ne me lâche toujours pas des yeux. Je tente de l'ignorer, toutefois la tâche est ardue.

Cette femme a l'air d'une peste...

Mon estomac se tord sous le poids de tant d'attention, et le méchilka – que j'adorais il y a encore quelques jours de cela – a du mal à passer tant ma gorge est sèche et nouée. Je n'apprécie pas non plus de voir les autres humains le long des murs de la pièce attendre patiemment que leurs « maitres » terminent de manger pour se restaurer à leur tour. Je me sens atrocement coupable de manger alors qu'ils nous observent et restent debout.

Grimaçant, je me pose des questions. Est-ce qu'Aron s'attend également à ce que je rejoigne un jour mes semblables le long des limites de la salle ? Ou suis-je censée m'intégrer parmi les faes ? Moi, une soi-disant demi-fae ?

Dieu, comme je regrette d'être venue dans ce monde ! Je savais que mon voyage pouvait s'avérer périlleux, mais si j'en avais connu les tenants et aboutissants, je ne serais jamais partie. Mes yeux chauffent sous la pression des larmes qui ne demandent qu'à tomber. Ma famille et mes amis me manquent terriblement. Je m'en veux de toutes les choses que j'aurais aimé leur dire et que je n'ai jamais dites. Blessée dans mon orgueil par mon chef, je suis partie vite et sans vraiment réfléchir. Je voulais tellement faire décoller ma carrière que j'ai mis toute ma vie en péril.

Maintenant, me voilà isolée et abandonnée dans ce monde qui n'est pas le mien. Dans mon passé, j'ai toujours eu droit au soutien de mes proches lorsque je devais faire face à un problème. Mais désormais, je suis seule contre tous.

Mes poings serrent fort mes couverts. La bataille n'est toutefois pas perdue, car je n'ai pas l'intention de rester ici. Je retournerai sur Terre, quoiqu'Aron en pense. De toute façon, il ne peut pas me surveiller 24 heures sur 24 et je n'abandonnerai jamais.

Je partage peut-être une partie de mon ADN avec son espèce, mais je ne suis en rien comme ces monstres. Un jour, une opportunité se présentera à moi, et je quitterai ce monde plus vite que la lumière. Je dévoilerai alors la vérité sur les faes à mes congénères humains.

Et la guerre sera officiellement déclarée.

En attendant, je dois jouer le jeu. Faire semblant d'accepter ma situation tout en préparant ma fuite. Chaque moment de calme sera consacré à l'observation, à la recherche de failles dans leur surveillance. Il doit y avoir des alliés potentiels parmi les humains, des personnes partageant mon désir de retourner sur Terre.

— Alors mon ami, à quel jeu joues-tu ? intervient soudainement une voix familière, me sortant de mes pensées. Ton nom est sur les lèvres de tout le monde en ce moment.

Mon regard se tourne vers le nouvel arrivé et ma lèvre se retrousse avec dégoût. Crys. Le parrain-fée de Axel. Enfin, avant que ce dernier ne soit brutalement offert en sacrifice. Mes muscles se tendent en me remémorant les images atroces de cette soirée.

La colère gronde en moi en voyant l'homme paraitre si gai devant moi. Sans l'ombre d'une gêne, le fae s'installe aux côtés de Aron.

Où est passé ta répulsion pour la nature humaine ? Je pensais que ces gens te répugnaient, poursuit-il en me jetant un coup d'œil, avec un rictus, en posant son bras autour des épaules de l'autre fae.

Poussant un soupir ennuyé, Aron retire le bras étranger.

— Cesseras-tu un jour de m'emmerder ? Et pour répondre à ta question, j'exècre toujours autant ces gens, mais Cayla est différente.

Sombre FaerieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant