Chapitre 5 : Cayla

74 10 3
                                    

Lyra parle, mais ses mots glissent sur moi. Le ton de sa voix, que je trouvais mélodieux plus tôt dans la journée, commence vraiment à me taper sur le système. Je suis à deux doigts de lui hurler de se taire, mais une petite voix dans ma tête me rappelle que Lyra n'est qu'une adolescente.

C'est à moi, l'adulte, de faire preuve de patience.

Je tente d'ailleurs de me ressaisir en l'ignorant et en laissant mes pensées dériver ailleurs. Heureusement, mon esprit s'occupe pour moi de me trouver un nouveau sujet d'occupation : Aron.

J'en ignore la raison, mais ce fae m'intrigue de plus en plus. Au début, je pensais que c'était son aura, un peu sombre, et ses tatouages qui m'attiraient. J'ai toujours été attirée par les mauvais garçons, au grand dam de mon père. Mais maintenant, je me demande si j'ai mal jugé cet homme.

Sa maladresse et son air timide lorsqu'il s'est excusé m'ont déconcertée. Il semble presque...gentil. Ce qui m'étonne, car je n'ai jamais été autant captivée par un gars sympa. Peut-être que mon stupide cœur commence enfin à comprendre que les mauvaises graines n'amènent jamais rien de bon.

J'espère que ça durera.

Parce que même si Aron me plait, je ne compte rien entreprendre avec lui. Mon objectif est de rester professionnelle pendant ce voyage et les aventures d'un soir ne m'intéressent plus depuis très longtemps. J'ai déjà testé, et elles ont toujours laissé mon cœur fragile brisé. Je m'attache trop vite et avec un fae, ce serait encore plus insensé.

Je ne resterai, après tout, qu'une semaine ici...

A cette pensée, mon cœur se serre étrangement. Je fronce aussitôt les sourcils. Pourquoi cette idée de partir me serre-t-elle autant le cœur ? La Faerie exerce une étonnante emprise sur moi.

Cela ne fait même pas une journée, et pourtant quelque chose me retient déjà ici.

L'esprit embrouillé, je me secoue la tête pour me changer les idées et me reconcentrer sur les paroles de Lyra, juste à temps pour capter sa dernière phrase.

— Et donc, je viendrai te chercher, termine-t-elle, le coin de ses lèvres légèrement étiré.

Je hoche la tête et lui rends du mieux que je peux son sourire, mais je ne dois pas être très convaincante, car les commissures de ses lèvres retombent un peu.

Me sentant un peu coupable, je m'excuse, prétextant la fatigue du voyage, et Lyra, compréhensive, me propose de continuer notre discussion demain.

— Oui, bien entendu ! s'écrie-t-elle. Je comprends tout à fait. Je vais te laisser et on se retrouve demain pour le déjeuner ?

J'acquiesce doucement, et quelques instants plus tard, savoure le silence. Mes muscles se détendent et je m'allonge, épuisée. Dieu merci, la journée est finie.

Je ne me rendais pas compte que j'étais tendue, mais la soudaine quiétude me fait énormément de bien et je m'endors presque instantanément

***

« Cayla... Cayla... Cayla ! »

Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre et le souffle coupé. Je cherche à trouver l'origine de mon réveil brutal et mes yeux se posent partout dans la pièce, mais il y fait sombre et je ne discerne quasiment rien. Aucune lumière n'éclaire ma chambre, et même en restant aux aguets, je ne détecte aucun bruit non plus.

Au fil des secondes, ma respiration s'apaise et, reposant ma tête sur l'oreiller, je tente de me rendormir. Mes paupières se ferment doucement lorsqu'une mélodie se fait soudainement entendre. Elle semble étrangement familière, comme celle du dîner. Intriguée, je tends l'oreille. La chanson n'est presqu'un murmure, mais j'arrive à capter quelques sons et souris en écoutant sa teneur si douce et joyeuse. Elle me touche en plein cœur et je suis curieuse de savoir qui joue à cette heure-ci une si délicieuse mélodie.

Sombre FaerieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant