Réflexion

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- Saitama ?

Me voilà, honteuse, faible et à la merci de mon interlocuteur.
Ma gorge se nouait au point de former une boule désagréable.
Je redoutais le moment où je devrais ouvrir la bouche afin de demander pardon.

Le chauve est de dos, et semble ignorer ma présence. La communication est donc plus compliquée.

Néanmoins, cela ne me décourage pas. Je sais que malgré tout, il m'entend et m'écoute d'une oreille.

Alors je me lance. Je me lance dans un flot de parole sans aucun sens. Mon récit ne se montre aucunement structuré, je veux juste m'excuser.

Lorsque je finis, le chauve lâche ses sacs de courses et se tourne enfin vers moi.

Son visage reste toujours aussi fermé ce qui ne me permet pas de deviner ce qu'il pense. Je n'aime pas cela.

Quelques secondes s'écoulent ensuite, avant qu'il ne rebrousse chemin. Je ne comprend pas, je me retrouve comme bloquée par la fatalité.

Bizarrement, cette situation me soulage d'un poids, je ne saurais pas l'expliquer mais, j'ai l'impression d'avoir achevé le chapitre final d'une histoire qui m'aurait déçue.

Alors que l'ombre de l'autre disparaît peu à peu dans les recoins des ruelles, à la vue de mon évidente solitude. Je me mets à chialer.

Chialer sans chichi, chialer durement, chialer de désespoir.

Je me retrouve sans rien, sans réussir ce que j'entreprenais et sans proches.

Je ne peux plus rien faire de plus que rentrer chez moi. J'angoisse déjà de croiser quelqu'un que je connais.

Pour résoudre ce problème je me traîne de force au supermarché le plus proche, n'étant même plus sûre d'avoir assez d'argent pour m'acheter un sweat à capuche.

Au passage, sans m'arrêter pour autant, j'emporte une bouteille de whisky.

Sans même vérifier, cela sonne pour moi comme une évidence : je n'ai pas d'argent ! Je le sais puisque je n'en ai pas pris la veille.

Cependant, j'ai vraiment besoin de ce que je prends.

Comme au restaurant avec l'autre con, je me mets à exécuter un de mes talents cachés, celui de voleuse.

Je passe directement le portique sans attendre, avant de percuter un vigil qui me retient.

Finalement, je ne possède plus de talent pour voler.

Ni de job car, si l'association l'apprend, ce qui va arriver, ils me vireront.

Ils n'aiment pas les voleuses je crois.

Je fous un coup dans les couilles de celui qui me retient et me barre en courant.

J'halète, transpire et pue sûrement... J'ai peur pour ma peau ! Ma place n'est pas en prison !

Soudain je suis tirée dans une petite ruelle. Mon sauveur me fait signe de ne pas faire de bruit. À la vitesse de l'éclair, ou plutôt du son, nous sommes de retour chez moi.

- J'en ai pas perdu une miette !

- La ferme Sonic...

Cet énergumène se mit à ricaner face à mon pitoyable état.

- Avoue que sans moi, chérie, tu serais dans un pétrin pas possible !

- J'y suis déjà, conclus-je.

Je me dépêche d'ouvrir ma nouvelle trouvaille pour m'abreuver à m'en trouer la gorge.

Je bois goulument, si étrangement que Sonic s'en rend compte.

- Kassy, tu ne devrais pas boire autant.

- Ne m'appelle pas comme ça.

- Je suis sérieux Kazana. On ne se connaît pas depuis longtemps mais, je me souviens des fois où je t'ai croisé avec ton chauve tu paraissais forte et fière. Maintenant, tu as l'air malade, à deux doigts de te jeter d'un pont.

Son air inhabituellement grave me fit exploser de sanglots. Oui, j'avais un problème, plusieurs même ! Je suis probablement alcoolique et particulièrement instable dans mes relations ! Je le sais, je le sais, je le sais.

Je sais aussi que j'ai besoin d'aide !

Mais, qui pourrait m'aider ?

- Tu sais quoi Kassy ? Je reste chez toi. Je vais te sevrer ma belle !

Je restai bloquée pendant un moment avant de sauter dans ses bras pour l'éteindre.

Je sais que j'encourais un risque en me montrant si faible mais, désormais, il était mon seul réconfort.

De plus belle, les larmes ressortirent de mes yeux.

Le ninja profita de ce temps pour vider ma bouteille dans les toilettes ainsi que tout qu'il pouvait trouver de mauvais pour moi.

Il y a une semaine, je n'aurais pas penser que ça serait lui, qui s'occuperait de moi.

-... Merci Sonic.

- C'est rien. T'inquiète pas.

Pourquoi semblait-il si gentil avec moi ? Malgré son métier et ce qu'il lui est associé, ça reste la personne la plus bienveillante envers moi.

- Dis voir Sonic ?

Il tourna la tête vers moi, intéressé.

- Pourquoi avec moi, continuai-je, tu te montre si gentil ? Les assassins ne le sont pas, en temps normal.

- Et bien, tu es chouette, on ne s'ennuie pas avec toi dans les basques ! Ton énorme poisse et bien, ça te rend attachante.

À ce dernier mot, je devins officiellement une pivoine.

Je passai le reste de la journée à faire de la pole, parfois, Sonic m'observait sans dire un mot.

Cette routine s'arrêta lorsque le bruit de ma sonnette rettentit.

Sans attendre, je bondis de ma barre pour arriver le plus vite possible devant ma porte d'entrée. Je savais déjà ce que contenait le courrier, mais faisait mine d'être surprise.

Le facteur me salua d'un bonjour sobre sans fioritures, suite à quoi je dis de même.

Lui arrachant la lettre de mes mains, je m'isolai dans un coin de la cuisine pour pouvoir la lire.

Comme je le pensais, il s'agissait bien de l'ADH.

Bizarrement, je rigolais de l'intérieur, toute cette situation était si prévisible !

Ces héros ne se résument qu'à des êtres inutiles, hypocrites ! Finalement, ils ne valent pas mieux que moi.

Si l'on ne me viré pas, je démissionnerai. La justice ne me réussit pas.

Le papier de l'enveloppe se crispe dans mes mains, j'en sors la fameuse lettre et attends au moins trois secondes avant de lire. Malgré ce que peux dire, j'ai tout de même peur de son contenu.

Que vais je faire, après ? Sûrement retravailler dans un cabaret. Du moins, je l'aimerais bien.

Et puis tant pis, je me lance, je retourne le papier et y vois inscrit ceci :

Kazana Rani,

Suite à quelques déconvenues venant de votre part, l'Association Des Héros est dans l'obligation de vous suspendre définitivement de votre place dans la classe A.

Nous vous remercions de votre coopération et de votre compréhension.

La Direction


One Punch In Your HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant