Fissure

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"Réveille toi sale petite garce !" hurlait une voix enfantine.

Lorsque Kazana ouvrit malgré elle les yeux, elle songea à une arrivée en enfer ou au paradis mais, les personnes agglutinés autour d'elles ne semblaient pas être assez charismatique pour venir de là-bas.

Elle n'eut pas le temps de respirer correctement et de mieux observer la gosse aux cheveux verts qui l'insultait qu'une force suprême la prit par le col du vêtement inconnu qu'elle portait en lui beuglant dessus d'une voix craquelante.

Cette voix appartenait, tout comme les pleurs, à l'homme en face d'elle : sa pilosité inexistante lui faisait étrangement penser à quelqu'un.

Son ebriété l'empêchait de se rendre compte de l'ampleur des mots de cette personne qui lui déclarait tout ce qu'elle ressentait.

Elle ne comprit pas non plus que l'homme qui lui parlait n'était autre que Saitama et commença à parler de lui à son insu.

"Tu sais, commença-t-elle, comme pour se vendre, je coûte pas très cher et reste fun au lit! Je te le fait à prix d'amis. Je l'aurais bien fait à un autre chauve mais, il ne m'aimera jamais. Tu comprends, je ne suis pas son type de filles, si il a un type du moins parce que, je n'en suis même pas sûre. Crois pas que je suis fétichiste des chauves hein, ça m'est tombé dessus comme ça. En plus je le trouvais moche au début mais, il s'avèrait être terriblement sexy quand il le voulais..."

Choqué de tout ce que la rousse débitait malgré son état plus proche de la mort que de la vie il ne peut la retenir et la laissa s'écrouler lourdement sur le sol froid de la chambre d'hôpital.

Il la trouvait minable, pitoyable, sans aucun amour propre mais, tristement, elle le touchait.

Saitama ne supportait pas de la voir comme ça, sans aucune fierté, alors qu'il l'avait connu étincelante.

Si elle l'avait voulu, elle aurait pu gravir les échelons de l'association des héros et devenir une personne respectée de tous .

Il ne comprenait pas comment elle pouvait autant s'autodétruire.

Elle avait même une chance de se lancer dans une carrière de danse !

Sonic l'avait prévenu que la rousse soignait son alcoolisme avec lui, et qu'elle allait de mieux en mieux alors, que faisait-elle ici ?

Il la recoucha dans son lit et attendit qu'elle reprenne du poil de la bête pour lui poser ses questions.

Il l'aimait et elle, le savait. Mais, sa santé mentale restait beaucoup plus importante que tout le reste. Kazana se faisait du mal à elle même, il le voyait.

Elle devait prendre du recul sur tout ça pour être enfin heureuse, il le savait.

Il se doutait aussi que cette fois-ci, elle aurait besoin du soutien de tous.

En sortant de la chambre, Sonic, furibond, se tenait déjà devant lui.

- Comment oses-tu, hurla-t-il, avoir le culot de t'improviser sauveur, alors que tout est de ta faute !

Le ninja avait raison. Deux jours plus tôt, il aurait acquiecé en soupirant mais, il savait que justement, son implication dans la santé de Cassie était trop importante pour décider de baisser les bras.

La distance l'avait fait se rendre compte de la grande valeur de cette femme et elle lui manquait.

- J'ai merdé, mais je ne te dois aucune explication, dit le chauve. Kazana ne va pas bien en ce moment, et même si je me doute que tu prenais bien soin d'elle, c'est avec moi qu'elle veut être en ce moment...

Sonic le dévisagea d'un regard électrique, il était d'un calme assassin puis ascenna une violente giffle à son rival. Ce fut la première que Saitama eu, honnêtement mal, depuis longtemps, il ne savait pas s'il s'agissait réellement de la douleur physique de ce coup, ou si c'était le poids de la culpabilité et de la déception qui l'affectait.

Il inspira lentement et regagna le regard du ninja. D'une voix grave et rauque il demanda :

-Que veux-tu qu'on fasse ?

D'un rire vide et faux, pour cacher sa nervosité, Sonic lui répondit qu'il resterait auprès de la rousse, peu importe où elle se trouve et tant qu'elle n'ira pas bien. Et qu'il séjournerait chez le chauve s'il le faut.

Tout le monde se crispa suite à cette nouvelle indiscutable et seule Tatsumaki allait répliquer par des jets de pierre avant d'être stoppée par une main sur son épaule : Odile.

- Ne t'énerve pas, c'est inutile petite jade.

Tatsumaki fut étonnée de ce surnom, qu'elle trouvait malgré elle mignon. Pour se détendre elle chercha la main d'Odile et la serra de toutes ses forces.

Cette scène c'est probablement ce qu'il est en train de se passer sous mes yeux, alors que je redeviens peu à peu maîtresse de mon corps. Deux hommes se battent pour moi. Alors qu'habituellement je n'éprouve que du détachement face à ce genre de situation, mon cœur ici se fracture et n'arrive pas à se décider.

Au fond de moi, je sais qui mon cœur choisirait, ce choix destructeur de ma santé, qui n'est pas facile et qui me fait mal. Mais l'autre m'apporte tant de bien que je ne peux pas m'en détacher sans que ça brise quelque chose en moi.

One Punch In Your HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant