— Ma chérie ! s'exclame ma mère. Tu es parfaite !
Moins fort maman, s'il te plaît !
Sachez que Miranda Davis n'est en rien connue pour sa discrétion. Elle est l'une de ces étoiles brillantes de la haute société new-yorkaise. De celles qui ne font jamais de faux pas, ni de faute de goût. Le genre qui organise des soirées – des galas ou ce que vous voulez – à la perfection. Vous savez, qui ne sont ni trop peu, ni pas assez. Le juste milieu. L'excellence attendue, n'ayons pas peur de le dire. C'est d'ailleurs bien pour ça que j'ai grandi avec cette pression constante d'avoir la pleine maitrise de mon image, de mon comportement, de ma carrière, de tout. Ne vous méprenez point, je ne suis aucunement en train de me plaindre. S'il y a bien quelque chose dont je suis consciente, c'est de cela. Du cocon de privilégiée dans lequel je baigne depuis toujours. Le confort ainsi que la latitude qu'offre l'argent à qui en possède suffisamment. Mais non la liberté à proprement parlé, par contre. Je suis plutôt contrainte à une certaine forme de soumission, et ce n'est pas si simple. C'est ainsi que j'ai commencé à fréquenter Frédéric Wilson il y a trois ans, par ailleurs. Il était un jeune et brillant avocat plein d'avenir ayant su séduire mon père au fil des soirées du cercle des riches et puissants new-yorkais. Il était beau et c'était ce qui était attendu de moi, alors je l'ai fait. Sans me poser de questions, je suis tombée amoureuse de cet arrogant brun aux dents qui rayaient le parquet. Ai-je été heureuse ? Oui. Exactement comme j'ai appris à l'être. Au rythme de voyages, sorties au restaurant, vernissages d'expositions et cadeaux somptueux. De clinquant. De façade. Mais m'a-t-il fait rire rien qu'un instant comme Evan a réussi avec tout son charme spontané ? Non. Ai-je une seule fois vibré de la même manière qu'hier soir, lorsque ses doigts m'ont agrippé pour me retenir puis que ses lèvres se sont imposées sur les miennes ?
Putain de bordel de dieu de merde !
Son baiser – aussi bref fut-il – m'a dit « Je te veux. » en tout transparence. Sa paume pressée sur ma nuque m'aurait fait abandonner toute résistance si son attaque avait eu lieu dans d'autres circonstances. Mais nous avions passé une porte ensemble alors que j'étais en proie à la panique. Et il a vu le soleil éclairer cette rue animée de passants aux yeux bridés...
Tokyo.
Alors une seconde plus tard, ma bouche contre la sienne avait l'arrière-goût de ma relation passée. Celle où j'agissais pour obtenir ce que je voulais. Autrefois c'était l'approbation de mes parents, et maintenant afin de préserver ma liberté. J'ai claqué cette putain de porte comme celle de l'enfer sur terre, cherchant désespérément à refermer le couvercle de ma boîte de Pandore tout en laissant ma langue explorer la sienne... Pour mieux le manipuler. Lorsque je me suis écartée, que mes doigts ont lentement glissé le long de son torse dans un geste que j'avais rêvé un millier de fois, j'étais mortifiée, mais prête. Résolue. Capable de jouer mon rôle. De lui mentir. Peut importe la réaction qu'il aurait, je saurais faire face. Ses sourcils froncés n'étaient pas le contrecoup de mon attitude mais de notre voyage, c'était limpide. Alors j'ai retenu mon souffle pendant que sa main rejoignait la poignée pour aller vérifier l'autre côté et découvrir les marches.
— Tu as vu ça ?! m'a-t-il nerveusement demandé.
Oh que oui.
— Vu quoi, Evan ? l'ai-je raillé avec cynisme en me penchant pour observer les lieux. Ce sont des escaliers ! Et même pas beaux, si tu veux mon avis !
Il a secoué la tête comme pour se remettre les idées en place tandis que je repoussai à nouveau cette fichue planche de contreplaqué.
— Il y avait une ville, là ! a-t-il insisté en ouvrant à nouveau.
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L'autre côté de la porte
Siêu nhiên« En réalité, nous ne sommes jamais sûrs de ce que nous allons trouver de l'autre côté de la porte, n'est-ce pas ? » Pour Taylor, architecte new-yorkaise, il s'agit d'une affirmation et non d'une question. C'est une certitude aussi évidente que deux...