17 | Toute la mauvaise foi.

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— Comment oses-tu m'inviter, grondé-je d'une voix furieuse qui s'oppose à la mine enjouée que j'affiche pour les apparences.

Quelle audace ! Quel irrespect vis-à-vis d'elle !

— Tu ne voudrais pas que des rumeurs circulent sur ta réconciliation avec ton ex en ne dansant qu'avec lui, me raille-t-il en appuyant avec talent juste là où ça fait mal.

Putain d'enfoiré !

Je prends une brève inspiration et le laisse attraper mes doigts sans protester davantage, parce que c'est effectivement un excellent moyen d'empêcher cette fausse nouvelle de circuler dans toute la ville dès demain matin. Que dis-je ?! Cette nuit ! J'imagine que des messages ont déjà commencé à sortir d'ici.

Est-ce vraiment pour cette raison que tu acceptes, Taylor ?

Quoi d'autre ?!

— Je t'en prie, je te connais mieux que ce que tu crois, affirme-t-il en m'attirant dans ses bras sous les yeux de tous, mais l'air nullement impressionné.

Merde. Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Un commérage ne serait pas si grave, au fond. Vous savez déjà comment cela fonctionne, après tout. Le murmure finira par s'essouffler tout seul pourvu que j'évite de l'alimenter. Évidemment, ce n'est en rien dans mes projets de le nourrir. Il peut crever de faim – le cancan, pas l'homme – je ne veux plus avoir de lien avec le séduisant avocat. Alors pourquoi suis-je en train de nouer mes poignets derrière la nuque d'Evan alors qu'il aurait été si simple de décliner, vous demandez-vous ? Je l'ignore. En réalité, Meg Myers commence à chanter « Parade » et je me laisse emporter, c'est tout. Par l'intensité de ses yeux verts qui me scrutent comme pour chercher à me comprendre. Lui tout entier. Son toucher que mon corps juge insuffisant, me suppliant désespérément d'en obtenir davantage. Nous. Parce que malgré toute la mauvaise foi dont je peux faire preuve et qu'importe à quel point je joue la comédie, je sais. Nous avons ce truc. Cette complicité que j'ai arrêté de chercher à nier. Une facilité à partager des rires sincères pour un millier de petites choses anodines. Peut-être ai-je cédé parce que les paroles emplissant la salle collent beaucoup trop pour que je puisse ne serait-ce que songer à résister. Fera-t-il le lien ? Comprendra-t-il que le hasard lui offre le message que je ne peux dire à voix haute ? Ce n'est probablement pas une bonne idée, mais de toute façon, il semble avoir plutôt envie de profiter de cet instant pour discuter.

Non !

« Il me regarde, mais je détourne le regard. »

— Qu'est-ce que ça peut bien te faire, de toute façon ?! l'attaqué-je avec véhémence pour éviter de laisser mes émotions transparaître, tentant de prendre le contrôle de la conversation qui va fatalement suivre.

« Parce que je t'aime vraiment, bébé. »

Pour seule réaction, sa paume rejoint le creux de mes reins dans un contact électrique qui brise instinctivement mon souffle, puis il me tire contre lui. Près. Très. Près. Mais pas encore assez, d'après ma peau.

Bordel. De. Dieu.

Ses lèvres effleurent le lobe de mon oreille, et mon esprit vacille une fois de trop.

— Puisque tu abordes le sujet, il faut que tu saches que ce n'est en rien ce que tu crois, chuchote-t-il discrètement.

Arrête !

L'autre côté de la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant