41 | Sous surveillance.

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Si Ariana ne s'était pas assise à mes côtés à cet instant où les deux hommes se sont jaugés... Qu'elle n'avait pas attrapé ma main dans un geste imperceptible afin de la serrer brièvement... J'aurais brutalement volé en éclats sous le coup de la stupeur, impuissante à me raisonner davantage. Laissant tomber mon masque, il ne m'aurait fallu que quelques secondes pour dévoiler mon secret moi-même, incapable de faire semblant plus longtemps. Oui, j'aurais avoué. Mais inexplicablement elle a eu ce geste avant de s'appliquer à vérifier que les électrodes toujours collées à mon crâne étaient bien en place et se faisant, j'ai tenu bon. Non. J'ai fait mieux que ça.

— Mais allez-vous enfin m'expliquer de quelle expérience il s'agit ? ai-je soufflé en feignant la plus pure des innocences. Je ne comprends pas ce que vous me voulez !

***

Oui. Je joue la carte de l'ignorance avec un talent digne des plus grands. L'instinct de préservation est la meilleure des motivations, vous ne trouvez pas ? Je me suis incrustée dans la conversation, m'accrochant désespérément aux paroles d'Evan raisonnants encore dans mon crâne. Mon cœur ne veut plus lâcher l'espérance, figurez-vous. Il l'a trop fait, prétend-t-il. En réalité, je suppose surtout qu'il ne nous reste que ça pour tenir. Et moi, je ne veux rien de plus que croire en celui qui me dévisage avec...

Bordel. De. Dieu.

Cette expression honnête sur le visage.

— C'est normal que tu n'aies rien remarqué, m'explique-t-il en esquissant un sourire enveloppant donnant raison à mon pouls. Mon collègue ici présent a échafaudé une théorie tellement ridicule à ton sujet qu'elle est simple à réfuter.

Putain. Par quel miracle ?

Néanmoins, cette bouffée d'espoir, la sentez-vous aussi ? Parce qu'elle vient littéralement de m'envahir, balayant les doutes qui tentaient insidieusement de s'infiltrer dans mon esprit. J'ai envie de croire en lui, même si les apparences jouent encore en sa défaveur. Non. Je dis n'importe quoi. C'est plus que ça. J'en suis la première étonnée je vous l'avoue, mais je pense réellement qu'il va me sortir de cet endroit, bien que l'idée paraît impossible vu d'ici.

Accroche-toi, Taylor.

Je ne fais rien d'autre !

L'agent Allen semble au-delà de l'agacement. Croisant ses bras sur son torse dans une posture dominante, il m'examine de la tête aux pieds – je porte des vêtements d'Evan, ce qui rend ce passage en revue plus confortable que lorsque j'étais vêtue de cette fichue blouse d'hôpital –, les sourcils froncés et les lèvres pincées.

— Tu n'as pas de motif valable pour la retenir, siffle l'homme dont je suis amoureuse. Ce sont des élucubrations sans fondement, donc je vais la ramener maintenant.

Il fait un pas dans ma direction, mais Thimoty lui barre immédiatement le chemin.

— Je vérifierai par moi-même, Northwood, gronde-t-il. Et j'ai les accusations d'espionnage industriel pour la garder.

Foutaises !

— Foutaises ! s'emporte Evan en me faisant écho.

— Tu n'as rien pour le prouver, le raille l'agent Allen en laissant ses lèvres former un rictus suffisant.

Je suis toujours figée, cernée par les éclats de leurs voix trop fortes et mes inexplicables vertiges. Enfin, non. J'ai bien compris pourquoi ils étaient là. Même si la raison de leur intensité m'est totalement étrangère, par contre. Un soupir douloureux m'échappe, immobilisant les deux hommes.

— Je te déconseille de continuer sur cette voie là, argue Evan en s'asseyant à mes côtés avant de poser une paume réconfortante dans le bas de mon dos.

L'autre côté de la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant