L'autre côté de la porte

38 | Fugitive.

Il savait parfaitement ce qu'il faisait tandis que moi, je vrillais littéralement. Perdue. Désespérée. Au milieu de Central Park – alors que j'étais devenue une fugitive sans comprendre comment cela était arrivé – c'était bien lui, présent dans mon dos. J'ai d'abord cru mourir de peur, me détendant immédiatement lorsqu'il a murmuré des paroles réconfortantes, m'attirant dans ses bras. Je ne savais même pas comment il avait été informé de mon arrestation, mais il s'avère que c'était l'œuvre d'Ariana. La belle blonde est-elle parfaite à ce point ? Putain de merde. Qui pourrait rivaliser avec elle ?

Toi à priori, Taylor ?

Dites-vous bien que je l'ai cru, puisqu'il se démenait pour me garder loin de l'expérience que l'agent Allen voulait effectuer avec moi. Celle qui ferait éclater mon secret. C'est plus tard, que j'ai douté. Étant donné que j'avais quitté les circuits d'aération en un temps record – merci papa –, Evan m'a recouvert d'une de ses vestes avant de me guider jusqu'à sa voiture, puis son appartement. C'est là-bas, que j'ai pris peur. Oui. Il y avait un homme à la peau mate et au regard sombre nous attendant dans son salon. J'ai eu un mouvement de recul lorsque j'ai compris que l'agent fédéral Northwood avait révélé la vérité après s'être engagé à la protéger, suffoquant une nouvelle fois à cause de l'horrible odeur de la trahison. Le grand brun s'est contenté de m'observer avec attention pendant que je débitais des injures, essayant de m'extraire – vainement – du contact me retenant, avant de déclarer avec nonchalance qu'il allait falloir me cadrer très vite car je n'allais pas rester en sûreté ici bien longtemps. Son propos m'a immédiatement interpellée. Cet inconnu se souciait-il de ma sécurité ? Alors que je me figeais, Evan a desserré son étreinte avant d'attraper mon visage entre ses doigts pour s'expliquer. Il s'avère que c'était tout simplement Liam Black – c'est donc ainsi que s'appelle mon geôlier de l'archipel des Kornati – et qu'il représente pour lui ce que Carly est à mes yeux. Autant vous dire que cette révélation a fini de me calmer. J'avais entendu parler de cet ancien camarde vivant à Philadelphie à plusieurs reprises. Après que nous soyons réellement devenus un couple, Evan avait d'ailleurs parlé de me le présenter mais nous n'en avions pas encore eu l'opportunité. Jamais je n'aurais pensé qu'elle aurait cette allure, en tout cas. Je parle de l'occasion. Quoi qu'il en soit, c'est à partir de là que j'ai pu écouter le plan et faire le test qui – s'il réussissait – me garderait à l'abri le temps de trouver mieux. Vous aurez compris que cela a fonctionné. Grâce à la jolie scientifique, nous possédions déjà une poignée d'informations et il s'avère que je peux en partie décider de ma destination par les portes. Il m'a été demandé de me concentrer, pensant à l'endroit où je me sens toujours en sécurité, et c'est ainsi que je suis arrivée dans mon refuge croate en franchissant simplement le seuil de la chambre.

***

— Je te passe le relai, annonce le grand brun, me frôlant pour rentrer avec un air blasé. Mais sache qu'elle n'a rien mangé et a voulu sortir à la seconde où j'ai fait semblant de dormir.

Mais ta gueule !

Je plisse le nez sous le coup de la contrariété, toisant sévèrement le meilleur ami de l'homme que j'aime.

— Peut-être que c'est ton arme que je voulais attraper, sifflé-je entre mes dents serrées.

— Mais bien sûr, ricane-t-il.

Hum. Tu veux la jouer ainsi ? Ok !

— Même si je trouve le Taurus Raging Bull un peu trop tape-à-l'œil, ajouté-je pour lui passer l'envie d'être arrogant en l'étant la première.