Le temps peut-il réellement s'arrêter ? J'ai l'impression que oui. Peut-on survivre sans oxygène ? À priori, c'est le cas aussi. Quelque chose bourdonne dans mon crâne, et je suis dans cet état insensé de catalepsie contre lequel je devrais pourtant lutter. Mais à quoi bon ? Cependant, dites-vous que je suis quand même en train d'en sortir.
Espèce d'enfoiré.
Oui. Je parle de lui. Encore. Inutile de faire l'inventaire de l'état de mes sentiments pour l'instant, car je pense qu'il n'y a plus rien à en tirer. Pourquoi, vous demandez-vous ? Oh. Pitié. Suis-je vraiment obligée de vous le raconter ? De le revivre une deuxième fois pour vous l'expliquer ? Vous méritez de le savoir, je le sais. Mais c'est si dur ! Tellement douloureux ! Au delà de tout ce que j'ai pu expérimenter. S'il vous plaît, lorsque vous saurez... Aidez-moi à tenir debout, je n'y arriverais plus seule.
Comment as-tu pu ?
Vous savez déjà qu'Evan a franchi le seuil de ma morne salle d'interrogatoire sans un regard pour moi. Ensuite, il a foncé droit vers les agents Allen et Torres, qui se sont instinctivement crispés avant de se ressaisir. Ariana est entrée à son tour, a fermé la porte derrière elle, puis a posé une paume sur mon avant-bras dans un geste qui était probablement rassurant, mais possiblement autoritaire. Cela étant dit, je n'étais pas en capacité d'y réfléchir. Mon cœur était à l'arrêt, alors ne parlons pas de mon étrange cerveau.
— Qu'est-ce que c'est que ce bordel, Thimoty ?! a grondé le séduisant jeune homme aux cheveux auburn dans un ton qui m'était inconnu.
— Ah, te voilà Northwood, a ricané son homologue en costume sombre. Comme tu as disparu de son entourage il y a plusieurs jours, je me demandais si oui ou non tu allais te pointer.
Quoi ?!
Les poings serrés, Evan a pris une lente inspiration, me donnant l'impression qu'il était submergé par une intense vague de fureur.
— Je n'apprécie pas que tu t'immisces dans l'une de mes enquêtes, a-t-il froidement articulé.
Moi, c'est à cette seconde que j'ai pris ma dernière inspiration, avant de cesser de respirer pendant que la jolie blonde resserrait brièvement son étreinte.
Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— En quoi Taylor Davis est-elle liée à tes investigations ? a répliqué l'agent Allen en fronçant les sourcils.
— Secret défense.
— Ça tombe bien, moi aussi.
— Parfait, a renchéri Evan sans la moindre trace d'émotion. Je vais directement appeler Duke pour savoir ce qu'il en est. Et le prévenir que tu as foutu ma couverture par terre au passage.
Spectatrice figée, j'ai essayé d'assimiler ses mots, tentant leur donner un autre sens que le seul vraiment évident. Est-il utile de vous parler de la foudroyante douleur qui s'est développée au creux de ma poitrine ? Dois-je vous décrire à quel point le parfum de la trahison s'est à nouveau infiltré dans mes narines ? Comme son amertume a laissé un goût insupportable sur ma langue ? Non. Ne m'en demandez pas trop, merci.
— Et bien ! s'est agacé celui qui m'a arrêté. Je n'aurais jamais cru qu'un jour tu jouerais cette carte !
— Comme quoi tout arrive, a sifflé l'agent fédéral Northwood entre ses dents serrées.
En face de lui, l'homme a croisé ses bras sur son torse, m'a brièvement détaillé des pieds à la tête – je porte toujours cette tenue hospitalière – et a laissé un rictus narquois s'emparer de ses lèvres.
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L'autre côté de la porte
Paranormal« En réalité, nous ne sommes jamais sûrs de ce que nous allons trouver de l'autre côté de la porte, n'est-ce pas ? » Pour Taylor, architecte new-yorkaise, il s'agit d'une affirmation et non d'une question. C'est une certitude aussi évidente que deux...