28 | Kuala Lumpur

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Voilà où j'en suis et ce n'est guère glorieux, honnêtement. Oui. Pour tout vous dire, j'ai la migraine depuis que je suis rentrée du mariage hier soir – ce matin. Je viens péniblement de vérifier l'heure sur mon téléphone portable, puis d'avaler un comprimé avant de retrouver ma couette, gémissant sous le regard indifférent de Wyatt qui s'est empressé de se rouler en boule pour m'ignorer.

Sympa, merci.

J'ai un peu moins d'une heure avant qu'Evan ne me rejoigne pour finir la journée – larver lamentablement – avec moi après avoir raccompagné ses parents – logeant chez lui – à l'aéroport. Leur visite fut brève, mais sachez qu'Oliver Northwood gère une importante société de sécurité privée et ne peut s'absenter longtemps. Quelque part cela m'arrange, car l'homme – imposant – m'a scrutée avec des yeux aiguisés m'ayant fait froid dans le dos bien qu'il soit sympathique. Il n'est guère difficile de comprendre d'où le fils tient sa vivacité d'esprit, donc je ne peux que me féliciter qu'il n'ait pas percé à jour mon secret avant que je ne trouve le courage – la folie – de lui révéler.

Taylor ?

Quoi ?

N'y a-t-il rien te dérangeant, là ?

En dehors du martèlement dans mon crâne, tu veux dire ?

Ouais, à part ça.

Pas vraiment non.

Es-tu sûre ?

Putain, peux-tu en venir au fait plutôt ?!

Non, rien, tant pis.

Genre ! Raconte maintenant !

C'est à propos d'Evan.

Joue la directe, par pitié. Tu me stresses et je suis loin d'être en état.

Ok, ok ! Es-tu sûre que tu veux le recevoir dans cet état à peine vos sentiments avoués ? Comptes-tu lui parler des portes sans même t'être coiffée un minimum ?

Hum. C'est juste.

Voilà ! Inutile de me remercier, c'est normal.

Bordel de dieu. Peut-être as-tu raison, toutefois ta gueule.

Je m'extirpe péniblement de mes draps pour aller me jauger dans le miroir, incapable de retenir une grimace face à ma déplorable apparence.

Définitivement pas glorieux.

À contrecœur, je laisse mes jambes me porter jusqu'à ma douche, appuyant mon dos contre la fraîcheur du mur carrelé en fermant les paupières, l'eau tiède ruisselant sur ma peau, obligée de reconnaître que la sensation est agréable et qu'elle me fait du bien. Après quelques minutes réconfortantes, je me décide quand même à me savonner avant de sortir, optant pour un short en gaze de coton gris accompagné d'un sweat-shirt léger en molleton blanc. Je relève mes cheveux en une queue de cheval haute, appliquant un soupçon de crème hydratante teintée suivie d'une couche de mascara sur mes cils – pour donner le change. Me toisant, j'ajoute une touche de blush rose sur mes joues, ayant définitivement une mine affreuse. Finalement je descends dans ma cuisine, envoyant un message aux jeunes mariés pour leur souhaiter bon voyage. Ils ne seront pas de retour avant un mois, s'envolant pour le Vietnam dans quelques minutes. J'esquisse un sourire heureux en mettant la cafetière en marche – oui, Evan buvant du café j'ai acheté de quoi en faire – et soupire en me préparant un thé. M'installant sur un tabouret de mon îlot central, je pose mes coudes sur le bois, entreprenant de masser mes tempes avec application, consciente que cela ne changera rien. Effectuant de petits cercles avec régularité, je réfléchis surtout à la bonne façon de lui annoncer les choses. Dois-je poser des mots ? Le mettre devant le fait accompli comme je l'ai involontairement fait avec Carly ? Mon esprit fait des plans sur la comète, échafaudant des théories ubuesques au sujet de sa réaction. Il est un homme censé, non ? Et il m'aime, n'est-ce pas ? Alors évidemment qu'il me comprendra et souhaitera me protéger, êtes-vous d'accord ?

L'autre côté de la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant