De l'autre côté de la piste de danse, les yeux d'Evan viennent d'accrocher les miens. Ma coupe de champagne s'entrechoque poliment – mais de mauvaise grâce – avec celle de mon ex fiancé, et le regard celui dont je suis amoureuse m'adresse malgré la distance est interrogateur. Mes lèvres esquissent alors un léger sourire qui lui dit ça va, je gère, inutile de lancer une intervention d'urgence. Il est assis à côté de ses parents, que j'ai rencontré hier pour la première fois. Des gens charmants dont il ne profite pas assez puisqu'ils vivent à Seattle, donc je ne veux pas qu'il perdre une seule minute d'un temps précieux avec eux à cause d'un connard arrogant dont je peux me défaire seule. Il hoche discrètement le menton pour me signifier qu'il a reçu mon message, mais semble décidé à rester vigilant.
Je t'aime.
— Je suis étonné que tu ne te sois pas encore lassée de cet homme, ma chérie, me raille le séduisant brun dans une condescendance nauséabonde.
Même si ça avait été le cas, je ne reviendrais jamais vers toi, mon amour.
Prenant une lente inspiration, je porte ma boisson à ma bouche afin de saisir une excuse pour ne pas répondre impulsivement. Parce que ce qui me vient n'est pas socialement acceptable et il est hors de question que je provoque le moindre esclandre ce soir. Ou comme d'habitude, si vous préférez.
Prends sur toi, Taylor !
Ouais ouais. Merci maman pour cet enseignement qui a effectivement fini par devenir utile.
— A-t-il de la conversation derrière ces muscles, au moins ?
Ne sois pas jaloux, tu es loin d'être aussi impressionnant mais tu n'es pas mal non plus.
— Et puis les roux ce n'est pourtant pas ton genre, conclut-il – je l'espère – en dégoulinant de son trop plein de suffisance.
Par pitié, ta gueule.
— Révise ta copie, Frederic, rétorqué-je malgré moi dans un soupir exaspéré dissimulé sous mon masque d'impassibilité – c'était ça ou j'allais finir ivre –. Evan a les cheveux auburn.
— Tu joues sur les mots, bébé, réplique-t-il d'un ton acide.
Pas tant que ça, non.
— Peu importe ce que tu en penses, il est mon genre à tous les niveaux, précisé-je en m'éloignant après avoir feins de lui sourire sincèrement pour le saluer.
À jamais, s'il te plaît !
Cependant l'avocat ne semble pas en avoir terminé avec moi, hélas. Il me rattrape en quelques enjambées puis accroche mon bras avec une insistance détestable bien que si discrète que – presque – personne ne soupçonnera rien. Je me crispe en croisant à nouveau les iris de l'agent fédéral qui lui, ne rate évidemment rien de la scène. S'étant redressé sur sa chaise, il attend visiblement un signal que je ne compte pas lui donner.
Ça n'en vaut pas la peine, tu le sais aussi bien que moi.
— Tu devrais être ma femme à l'heure qu'il est, gronde le grand brun en s'inclinant vers mon oreille.
— Je dois d'ailleurs te remercier pour le fait que ce ne soit pas le cas, sifflé-je entre mes dents serrées. Maintenant lâche-moi.
À l'inverse de ma demande, l'étau se resserre et il m'entraîne dans ses pas pour m'éloigner de la foule, occupée à admirer les charmants époux dont la danse touche à sa fin sous leurs applaudissements.
Putain mais c'est quoi ton problème ?!
L'ambition pousse à faire des choses insensées, vous ne trouvez pas ? Parce que là, je trouve que Frédéric dépasse clairement les bornes et avoue qu'il me fait presque peur. Je sais qu'il a pour habitude d'obtenir tout ce qu'il veut, mais est-ce une raison pour se comporter ainsi ? Tentant de retenir l'emballement de mon pouls sous le coup du stress, je remarque à peine la silhouette qui se dresse entre nous juste avant que nous passions la porte de la salle de réception.
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L'autre côté de la porte
Paranormal« En réalité, nous ne sommes jamais sûrs de ce que nous allons trouver de l'autre côté de la porte, n'est-ce pas ? » Pour Taylor, architecte new-yorkaise, il s'agit d'une affirmation et non d'une question. C'est une certitude aussi évidente que deux...