Sans attendre la réponse, Evan m'attrape vivement par le coude pour me lever mais je perds aussitôt l'équilibre, assaillie par un vertige plus impitoyable que jamais.
Bordel mais qu'est-ce que j'ai ?!
Expirant brutalement dans un léger gémissement, j'atterris contre son torse pendant que ses bras m'entourent pour me maintenir à la verticale. Pour être honnête, je ne comprends pas quelles raisons l'ont poussé à me faire ça, ni pourquoi mes effets secondaires sont plus forts qu'habituellement, cependant ce n'est clairement pas le moment de l'interroger – je suppose que vous êtes d'accord –. Est-ce parce que l'injection a été avancée de presque deux semaines ? Cela ne m'est pas arrivé. Je suis une patiente assidue, dites-vous, donc n'ai aucun recul pour évaluer cette situation. Car vous l'avez compris, non ? Que cette douleur sur le haut de ma cuisse et mes étourdissements sont liés à mon traitement contre les migraines. J'ai rendez-vous avec le docteur Bratt dans quelques jours, d'ailleurs, et comptais lui dire qu'il est vraiment inconfortable. Perdues dans mes interrogations, je remarque quand même qu'Evan s'est mis en marche pour m'amener vers la sortie, que l'agent Allen semble sur le point de se jeter sur nous tandis qu'Ariana jauge la scène avec un calme olympien, mais surtout que leur supérieur hiérarchique est hésitant.
Pu-tain.
— Vérifier quoi ? soufflé-je dans un murmure traînant, jouant à nouveau la carte de l'ingénue.
Hypocrite !
Tu préfères que je sois exposée ?!
Évidemment que non !
Alors ta gueule !
— Vous ignorez tout de pourquoi vous êtes ici, n'est-ce pas ? me demande Duke.
Non, c'est très clair !
— Tout à fait, affirmé-je avec toute ma fausse conviction rassemblée.
J'espère donc ne plus en avoir besoin, car j'ai officiellement épuisé le stock ! Mon estomac se noue, et c'est le pouls hors de contrôle que je retiens mon souffle, attendant une sentence qui ne se fait pas désirer.
— Pouvez-vous aller nous attendre dans le couloir, mademoiselle Davis ? me commande-t-il avec un tact professionnel certain. J'aimerais faire le point avec mes hommes.
Merde.
Ouais. Ça pue.
Vous le sentez, vous aussi ? Le traquenard dissimulé l'air de rien ? Parce que moi oui ! Certaines choses m'échappent, mais sûrement pas celle-là ! La porte close me séparant de l'endroit où je suis censée me rendre est un indice évident. Une façon aussi discrète qu'efficace de me mettre à l'épreuve sans faire de vagues. En niant le faire vraiment. C'est...
Malin.
Un trait de famille sans doute, Taylor !
Ouais. Génial. Fabuleux. EXTRAORDINAIRE !
Garde ton calme !
COMMENT ?!
Tandis que je déglutis péniblement, ravalant mon accès de panique tout en gardant le contrôle de ma respiration, l'étreinte d'Evan se resserre imperceptiblement autour de ma taille, me faisant instinctivement lever la tête vers lui. Le cœur battant à tout rompre jusque dans mes tempes, je rencontre un regard – parfait – qui m'enveloppe en s'accompagnant d'un sourire confiant.
Bordel. De. Dieu.
— Ça va aller, me dit-il avec une décontraction évidente.
Pardonnez-moi mais... Était-ce une affirmation ou une question ? Le ton employé me fait pencher pour la première hypothèse mais comment peut-il penser une chose pareille ?! Je suis au bord du gouffre ! Prise au piège ! Encore ! Même si ce n'est pas de son fait, cette fois. Enfin je crois...
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L'autre côté de la porte
Paranormalne« En réalité, nous ne sommes jamais sûrs de ce que nous allons trouver de l'autre côté de la porte, n'est-ce pas ? » Pour Taylor, architecte new-yorkaise, il s'agit d'une affirmation et non d'une question. C'est une certitude aussi évidente que deux...